Reconnu coupable, l'homme qui voulait éviter des canards porte sa cause en appel
Valérie Gonthier | Journal de Montréal
L’automobiliste condamné pour avoir tué un motocycliste de 19 ans en voulant éviter des canards porte sa cause en appel.
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Éric Rondeau a subi en janvier dernier son procès pour conduite dangereuse causant la mort. Le 22 juillet 2019, il circulait sur la route 345 à Sainte-Élisabeth, dans Lanaudière, lorsqu’il a aperçu devant lui une famille de canards.
Au volant de son Ford F-150, il a tenté de contourner les oiseaux. Il se trouvait alors à l’approche d’une courbe.
Il avait activé ses clignotants d’urgence, puis avait bifurqué dans la voie inverse à basse vitesse pour faire sa manœuvre de contournement.

Au même moment, Félix-Antoine Gagné, monté sur sa moto Yamaha, a surgi dans sa voie obstruée. Le jeune homme n’a eu aucune chance. La scène avait été filmée en entier, puis présentée au jury lors du procès.
L’accusé avait tenté de convaincre le jury qu’il s’était retrouvé dans cette voie « par erreur ».
Il disait vouloir que frôler la ligne médiane pour éviter d’être percuté à l’arrière, puisque son véhicule tirait une remorque à ponton.
Le jury a plutôt penché pour la théorie de la poursuite, selon laquelle la manœuvre de Rondeau était dangereuse. D’après Me Alexandre Dubois, l’accusé a fait une « grave erreur de jugement », « en prenant une chance » de poser ce geste à cet endroit.
La défense, représentée par Me Richard Dubé, conteste ce verdict de culpabilité. Dans un avis d’appel déposé plus tôt cette semaine, il indique que le juge a erré en droit lors de ses directives au jury concernant l’intention de commettre un crime.
Selon lui, le jury devait prendre en considération l’état d’esprit véritable de l’accusé pour déterminer si la preuve permettait de douter raisonnablement qu’une personne raisonnable, placée dans la même situation que l’accusé, aurait été consciente du risque d’un tel comportement.
Le juge aurait aussi erré en droit concernant le lien causal juridique et moral entre la conduite du véhicule et la mort, ajoute Me Dubé.
Pour condamner Éric Rondeau, la Couronne devait en effet prouver qu’il conduisait de façon dangereuse pour le public et que sa conduite a contribué de façon appréciable à la mort de la jeune victime.
Les observations sur la peine auront lieu le 18 avril prochain, au palais de justice de Joliette.
Après le verdict, Me Dubé avait indiqué au juge Marc-André Blanchard qu’il comptait explorer la possibilité de suggérer un sursis pour Rondeau, ce qui lui éviterait la prison.
La Couronne a déjà annoncé qu’elle suggèrerait une peine de huit mois de détention, assortie à un interdit de conduire de cinq ans.