Ravages du fentanyl au pays: peine exemplaire de 5 ans à Gatineau pour un jeune trafiquant
Une juge a brossé le sombre portrait d'un phénomène qui gangrène le Canada et qui est source de conflits avec Donald Trump


Laurent Lavoie
Un jeune homme condamné pour trafic de fentanyl a été incapable d’obtenir la clémence d’une juge de Gatineau, qui lui a imposé une peine exemplaire de cinq ans de détention pour dénoncer les ravages de ce puissant opioïde.
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Il s’agirait d’«une des premières peines répertoriées au Québec en matière de trafic de fentanyl à cette échelle-là», a souligné au Journal le procureur de la Couronne Me Christopher Bernard.
Lors de sa récente condamnation au palais de justice de Gatineau, Samson Wamwanga espérait s’en tirer avec une sentence dans la collectivité assortie d’une probation de deux ans.
La juge Rosemarie Millar en a décidé autrement, lui infligeant plutôt une longue période d’emprisonnement.

«Le Tribunal est d’avis qu’une peine de sursis enverrait un message de banalisation du trafic de fentanyl», a-t-elle indiqué.
Samson Wamwanga a réalisé ses crimes pendant au moins un mois à Ottawa et Gatineau à l’hiver 2021.
Il a fait la gaffe de vendre sa drogue à un agent double à quatre reprises, pour des sommes allant de 200$ à 1000$. À une occasion, Wamwanga était accompagné d’un mineur.
Portrait troublant
Le criminel de 22 ans s’était targué au policier d’avoir «accès à une très grande quantité de fentanyl».
Ses activités illicites lui ont même permis d’accumuler 31 620$, a révélé une perquisition à sa résidence d’Ottawa.
Près de 50 grammes de cette substance jusqu’à 100 fois plus puissante que la morphine s’y trouvait également.
Il s’agit d’un volume important, a convenu le tribunal, en considérant qu’une dose de moins de deux milligrammes, ce qui est aussi petit qu’un grain de sel, peut être mortelle.
La juge Millar a pris la balle au bond pour brosser le sombre portrait de ce fléau qui gangrène le Canada et qui est actuellement source de conflits avec le président américain Donald Trump.

On estime que 30 843 personnes sont mortes au Canada à cause des opioïdes entre janvier 2016 et mars 2022. Lors des deux premières années de la pandémie, le nombre de morts a augmenté de 91%.
En 2021, 86% des décès accidentels liés à des opioïdes impliquaient le fentanyl et près du tiers des hospitalisations à cet effet impliquaient cette même substance ou des analogues.
Il met la faute sur la pandémie
C’est d’ailleurs durant la crise sanitaire que Samson Wamwanga se serait taillé une place comme «un trafiquant de niveau intermédiaire».
Il était membre d’une équipe de basketball élite, si bien que des bourses pour étudier au Canada et aux États-Unis lui avaient été offertes. Elles ont toutefois été annulées à cause du virus.

Wamwanga a témoigné s’être tourné vers le trafic de fentanyl afin d’aider sa mère, qui ne travaillait pas et qui avait reçu un avis d’éviction. Après avoir amassé au moins 5000$, le jeune homme a quand même poursuivi ses sales besognes.
Selon une agente de probation, l’accusé laisse transparaître «une banalisation des activités de vente de stupéfiants».
En juin 2023, Samson Wamwanga a survécu à une tentative de meurtre lors d’une fusillade.
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