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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

R. J. Ellory au sommet de sa forme

Photo fournie par Richard Ecclestone
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Photo portrait de Karine Vilder

Karine Vilder

2024-05-04T04:00:00Z
2024-05-08T22:08:41Z
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Ce n’est pas un hasard si l’on aime autant les romans de l’écrivain britannique R.J. Ellory. Pratiquement tous sont excellents, voire magistraux. Et celui-ci n’échappe pas à la règle.

R. J. Ellory vit depuis toujours à Birmingham, en Angleterre. Et pourtant, c’est encore de ce côté-ci du globe qu’il a choisi de camper l’intrigue de son nouveau roman qui, faut-il le souligner sans plus attendre, est franchement très, très bon.

Avec Au nord de la frontière, on va donc avoir la chance d’aller faire un tour dans l’arrière-pays géorgien, un coin des États-Unis où tout le monde se connaît ou a déjà entendu parler de.

« Le lieu du livre est pour moi très important, explique R. J. Ellory. Il doit être perçu comme partie intégrante de l’histoire. Je veux que le lecteur ait le sentiment de marcher aux côtés des personnages, qu’il puisse voir et ressentir l’atmosphère de ce lieu. Les Appalaches sont une immense chaîne de montagnes où on trouve de petites communautés anciennes qui demeurent inchangées depuis des décennies. Il y a là-bas un sentiment très fort d’appartenance ou de non-appartenance. C’est un vaste espace, mais il peut vite donner l’impression d’être claustrophobe ! Victor Landis, le héros d’Au nord de la frontière, comprend ces gens et leur langue. Il sait comment communiquer avec eux pour trouver ce qu’il a besoin de savoir dans le cadre de son enquête. »

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Ou plutôt de ses enquêtes, parce qu’il va rapidement en avoir plusieurs sur les bras.

Photo fournie par les Éditions Sonatine
Photo fournie par les Éditions Sonatine
Nouvelle famille inattendue

Shérif à Blairsville, une petite ville du comté d’Union, Victor Landis vient d’apprendre que son frère Frank a été tué. La nuit, sur une route déserte, on lui a roulé dessus. Et vu l’acharnement qu’on a mis à vouloir l’aplatir comme une crêpe, la thèse du meurtre ne fait aucun doute.

Ce qui est assez triste, c’est que la disparition de son unique frère ne va pas l’affecter outre mesure. À cause d’une brouille, il avait complètement coupé les ponts avec lui depuis déjà une bonne douzaine d’années. Alors, qu’il soit vivant ou mort ne change pas grand-chose à son quotidien... En revanche, Landis va être estomaqué de découvrir que Frank avait non seulement une ex-femme, mais aussi une fille de 11 ans, Jennifer. C’est qu’en 1992, l’Internet n’existant pas encore, les nouvelles ne voyageaient pas aussi vite qu’aujourd’hui !

« J’ai choisi l’année 1992 pour éviter l’utilisation de toute technologie dans l’enquête, précise R. J. Ellory. L’idée que quelqu’un s’assoit devant un ordinateur pour chercher des infos ne m’intéresse pas. Tout tourne autour des gens. Pour obtenir des réponses à ses questions, Landis n’a pas le choix d’aller les voir, de discuter avec eux, et d’utiliser son intelligence et ses compétences de détective. Je ne veux pas prendre de raccourcis ni lui faciliter la tâche. Il doit travailler jusqu’à ce qu’il trouve la vérité, ce qui signifie qu’il doit prendre sa voiture et conduire d’un bout à l’autre de l’État pour interroger des gens qui ne veulent pas toujours lui parler. »

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Ne surtout pas perdre le nord

Par devoir envers sa nièce, Landis va accepter d’enquêter en douce sur la mort de son frère. Car de deux choses l’une : ou les flics de la région sont particulièrement lents, ou ils ne souhaitent pas vraiment résoudre l’affaire.

Le truc, c’est qu’il n’a pas beaucoup de temps libres. Le corps d’une ado a été retrouvé au bord d’un lac des environs et, là encore, impossible de croire à un accident : sur sa gorge, ses chevilles et ses poignets, on peut clairement voir des traces de ligatures. Et le cauchemar ne fait que commencer puisque bientôt, d’autres cadavres de jeunes filles seront découverts.

« Victor est un solitaire par choix, précise R. J. Ellory. Il a pris des décisions dans sa vie et a conclu qu’il était mieux seul. Il se perd dans son travail. Il n’a ni famille ni amis proches. Il accomplit son devoir de shérif en pensant que c’est sa raison d’être. Ce n’est que lorsque sa “vérité” va commencer à se dérober qu’il se rendra compte qu’il n’est pas solitaire, mais désespérément seul. Ce sont deux choses très différentes. Je voulais créer quelqu’un de déconnecté et de distant, puis le placer dans une situation où il serait forcé de se reconnecter et de s’engager avec les gens. En ce qui concerne le lien qu’il entretient avec sa nièce, c’est peut-être la partie la plus fictive du roman ! Je n’ai pas d’expérience personnelle réelle avec les parents, les grands-parents, les tantes, les oncles, les cousins ou autres, et j’ai donc dû imaginer ce qu’on ressent lorsqu’on est responsable et obligé envers des personnes non pas par choix, mais parce qu’on fait partie de la même lignée. Ça a été un défi pour moi. Mais en tant qu’écrivain, je cherche toujours des moyens de me mettre au défi. »

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