Qui est Mahmoud Khalil, l’étudiant pro-Palestine arrêté et menacé d’expulsion par l’administration Trump?


Sarah-Florence Benjamin
Mahmoud Khalil, un leader du mouvement pro-Palestine, a été arrêté le week-end dernier après que Donald Trump a promis d’expulser les étudiants étrangers agitateurs. Voici tout ce qu’il faut savoir sur le militant et son histoire qui inquiète aux États-Unis et partout dans le monde.
1. Il est étudiant de Columbia
Mahmoud Khalil est un étudiant à la maîtrise en administration publique à la prestigieuse université Columbia. Il a été arrêté par des agents de l’United States Immigration and Customs Enforcement (ICE).
Il a été qualifié de radical par Trump
Sur son réseau Truth Social, le président Donald Trump a déclaré que Mahmoud Khalil était un «étudiant étranger radical pro-Hamas» et que son arrestation était «la première de beaucoup à venir».
2. Sa carte verte «révoquée»
L’étudiant d’origine palestinienne âgé de 29 ans est né dans un camp de réfugiés en Syrie. Il est résident permanent des États-Unis et titulaire d’une carte verte. Il est marié à une citoyenne américaine, qui est enceinte de huit mois.
Lors de son arrestation, les agents auraient annoncé à son avocate que sa carte verte était révoquée par l’administration Trump, tout en refusant de lui faire parvenir une copie d’un mandat d’arrêt valide.
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3. Il n’est accusé d’aucun crime
Selon la loi, seul un juge en immigration a toutefois le pouvoir de révoquer la carte verte. Il peut le faire si le résident permanent a commis un crime ou a été déclaré comme une menace à la sécurité nationale. Même si ces conditions sont remplies, la personne a le droit de contester la décision devant les tribunaux.
Mahmoud Khalil n’a été accusé d’aucun crime. Mercredi, il était toujours détenu dans une prison fédérale de Louisiane, même s’il a été arrêté dans son appartement universitaire de New York.

4. Sa déportation a été bloquée
Sa déportation a été bloquée par un juge fédéral. Ce dernier a ordonné que l’étudiant puisse avoir droit à une audience en bonne et due forme.
Les circonstances de son arrestation ainsi que sa détention en Louisiane devront être examinées en cour.

5. Il milite pour la Palestine
Mahmoud Khalil est une figure connue des manifestations pro-Palestine qui ont eu lieu dans de grandes universités américaines, dont Columbia.
Comme au Canada, des campements étudiants sont apparus sur les campus américains pour protester contre les investissements des universités dans des intérêts israéliens.
Khalil n’a cependant pas été directement impliqué dans les campements, agissant plutôt comme interlocuteur avec l’administration universitaire, négociateur et porte-parole. Il s’est entretenu avec de nombreux médias.
L’université avait tenté de le suspendre — avant de changer d’avis — lorsque des étudiants se sont barricadés dans les locaux de Columbia, a-t-il déclaré dans une entrevue avec la BBC. 280 personnes avaient été arrêtées au terme de cette action.
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6. Il serait visé à cause de son activisme
Son avocate, Amy Greer, affirme que son client est visé pour son activisme politique et ses critiques de l’État d’Israël. «Il a été choisi comme exemple pour étouffer toute dissidence légale, cela va à l’encontre du Premier Amendement. L’objectif du gouvernement est aussi transparent qu’illégal», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
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Dérive autoritaire
Durant sa première semaine dans le bureau ovale, Donald Trump a annoncé son intention de déporter tous les étudiants qui avaient participé à des manifestations pro-Palestine sur les campus universitaires.
Il s’agit là d’un exemple frappant de dérive autoritaire du président américain, affirme Maude Choquette, porte-parole pour Amnistie internationale Canada.
Ces déclarations de Trump viennent brouiller la limite entre le politique et le judiciaire, s’inquiète-t-elle.
«Les déportations appartiennent au pouvoir judiciaire, rappelle la porte-parole. On voit que le politique essaie d’imposer ses décisions.»
De cibler des manifestants par leur statut d’immigration est une attaque sur les droits de la personne, ajoute la porte-parole: «Qu’on soit étudiant, professeur, immigrant, citoyen, on a le droit à la liberté d’expression et d’assemblée.»
Le droit à liberté d’expression est même enchâssé dans le Premier Amendement de la Constitution américaine, évoquée par l’avocate de Mahmoud Khalil.
– Avec les informations de CNN et Al-Jazeera