Des photos de l’avion Enola Gay supprimées à cause du mot... «gay»
Sarah-Florence Benjamin
Des clichés de l’Enola Gay, l’avion bombardier qui a largué la bombe atomique sur Hiroshima font partie des dizaines de milliers d’images signalées par le département de la Défense américaine en lien aux politiques de «diversité, équité et inclusion» (DEI).
Le département de la Défense américaine a rassemblé dans une base de données les images et les publications sur les réseaux sociaux qui contreviennent à la politique «anti-DEI» de l’administration Trump.
Selon l’Associated Press, au moins 26 000 images ont été signalées pour être possiblement retirées.
C’est 100 000 images et publications qui pourraient être supprimées au total, selon un agent gouvernemental anonyme interrogé par l’Associated Press.
Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth a demandé que tout le contenu «DEI» soit supprimé des pages et sites de l’armée d’ici le 12 mars.
Confusion
La majorité des images visées qui mettent en scène des femmes ou des personnes de minorités visibles ou qui mentionnent un mois ou une journée de commémoration, comme le Mois de l’histoire des Noirs.
D’autres images semblent avoir été signalées parce qu’elles comprennent un mot ciblé comme «Gay».
C’est le cas de photos de l’Enola Gay, l’avion qui a lâché la bombe atomique sur Hiroshima en 1945, pendant la Deuxième Guerre mondiale.
Même chose pour des photos d’ingénieurs militaires californiens, car l’un d’entre eux porte le nom de famille Gay.
L’Associated Press a même remarqué la présence de photos de biologistes dans la base de données, car leur description indiquait que les scientifiques de l’armée recueillaient des informations sur les poissons: leur taille, leur poids, leur origine et leur genre.
L’Air Force américaine s’est attirée les critiques de la Maison-Blanche après avoir retiré des vidéos de formation à l’intention des nouvelles recrues. Les vidéos mettent en scène les Tuskegee Airmen, les premiers pilotes noirs du pays.
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Certaines photos demeurent
Ce ne sont pas toutes les photos signalées dans la base de données qui ont été retirées des pages de la Défense américaine. Il est encore difficile de savoir pourquoi certaines images ont disparu alors que d’autres, non.
Des publications sans lien évident avec les politiques Diversité, équité et inclusion semblent aussi avoir été supprimées.
La raison d’être de la base de données en tant que telle, en plus de répertorier les publications jugées indésirables par la Maison-Blanche, est de se conformer aux lois sur l’archivage.
Dans les faits, les employés de l’armée américaine qui ont la permission de retirer des images de leurs sites ou de leurs réseaux sociaux sont assez rares. Chez les Marines, c’est seulement un employé civil qui s’en charge, selon l’Associated Press.
Il est peu probable que toutes les branches de l’armée remplissent la demande de l’administration Trump dans les délais prescrits.