Qu’est-ce qu’on mange à la cafétéria de la meilleure école privée du Québec?


Anne-Sophie Poiré
Le Collège Jean-de-Brébeuf, à Montréal, est souvent cité pour les nombreuses célébrités et personnalités politiques qui y ont reçu une éducation. Est-ce que l’offre alimentaire à la cafétéria aurait quelque chose à y voir? On a voulu savoir ce que les élèves de cet établissement d’enseignement, qui se classe au premier rang des écoles secondaires de la province, pouvaient bien manger à l’heure du lunch.
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Au menu ce midi: potage Crécy, salade de chou, bœuf bourguignon, jus de pomme et petit gâteau à la vanille recouvert de crème fouettée, de pépites de chocolat et d’éclats de bonbons multicolores.

La soupe aux carottes manque d’assaisonnements, mais sa texture épaisse et crémeuse avec quelques morceaux entiers rattrape la faute.
Des bouchées généreuses de bœuf et de champignons dans une sauce lisse au bon goût de viande composent le repas principal, accompagnées d’orge et de petits légumes variés. Encore une fois, le plat manque de sel. Le mélange croquant et acidulé de chou rouge et vert, de kale et de carotte bien assaisonnés, cette fois, confère malgré tout un bel équilibre à l’assiette.
Des salières et poivrières sont disponibles à la caisse de la cafétéria pour ajuster l’assaisonnement, mentionne le Collège Jean-de-Brébeuf. L’idée est de garder un certain contrôle sur la quantité de sel utilisée dans les recettes.
Le gâteau, très sucré, «fait le travail» pour clore le repas. Sans plus.
Je tiens à préciser que je n’avais plus de place pour le dessert. À vrai dire, j’ai laissé une bonne quantité de nourriture dans mon cabaret. Mais si je me ramène au secondaire, en pleine croissance, alors que j’étais dans un programme de sports-études, j’aurais tout avalé jusqu’à la dernière miette.

Ma note: 7,8/10.
Gros repas, petit prix
Un repas complet comprenant soupe, salade, plat principal, breuvage et dessert coûte 7,43$ aux élèves du Collège Jean-de-Brébeuf. La portion est copieuse et ils ont du choix: quatre options, dont une végétarienne, sont proposées chaque jour.
C’est Chartwells, le plus important fournisseur de services alimentaires éducatif au pays, qui nourrit depuis six ans les élèves. Un nouveau contrat de sept ans avec le traiteur vient tout juste d’être signé.

À titre comparatif, l’addition pour un repas similaire à l’école secondaire publique Jeanne-Mance, située sur Le Plateau-Mont-Royal, monte à 8$.
Le Collège Jean-de-Brébeuf ne subventionne pas le coût du repas, indique le directeur des communications de l’établissement, Jonathan Gagné. Les 7,43$ payés par les étudiants couvrent donc l’ensemble des aliments, de la production et de la main-d’œuvre.
Comment est-ce possible de manger autant à si peu de frais?
La cafétéria du collège est en activité presque toute l’année. On y sert des plats matin, midi et soir, excepté les fins de semaine, où on pousse les étudiants en résidence à rentrer à la maison.

«On sait d’avance qu’on sert environ 900 dîners et 100 soupers par jour. Ça fait beaucoup de repas. C’est entre autres pour cette raison qu’on est capable d’offrir des prix abordables», explique le directeur de la vie étudiante et communautaire du Collège Jean-de-Brébeuf, Alain Turcotte.
Un plan repas vendu à 1273$ pour tous les lunchs de l’année permet également de mieux prévoir la quantité, et donc d’éviter les pertes.
Le directeur ajoute que peu d’élèves sortent de l’école pour manger, notamment en raison des activités sportives qui se déroulent sur l’heure du midi. Comme ils doivent dîner rapidement, plusieurs optent pour la cafétéria.
Une politique alimentaire rigoureuse
Chartwells a dû ajuster ses recettes selon la politique alimentaire du collège, plus sévère que celle exigée par Québec dans les établissements d’enseignement, assure M. Turcotte.
Un contrôle strict du sel est appliqué sur l’ensemble du plateau-repas. Plus de la moitié des ingrédients utilisés sont d’origine québécoise. Un certain pourcentage des plats doit être fait maison, sans aliments industriels. Une diététiste vérifie les recettes une fois par mois. La viande servie est «100% muscle» et ne contient donc pas d’intrants comme de la saumure ou des additifs.
La friture est également bannie du menu, à quelques exceptions près. «Il faut que reste le fun», rappelle M. Turcotte.
Même les frites de la poutine servie ponctuellement pendant l’année sont cuites au four et couvertes d’une sauce cuisinée avec un fond de viande maison, comme tous les bouillons utilisés, d’ailleurs.
«La politique alimentaire du collège date d’avant celle du gouvernement [déployée en 2017] par souci de santé de nos élèves, souligne le directeur. Le contrôle du sel était une priorité.»
Un chef exécutif est présent de jour comme de soir pour assurer la qualité de la nourriture.
«Les jeunes n’ont pas le droit de demander une assiette sans légume, illustre-t-il. À la fin de l’année scolaire, on constate que les assiettes reviennent avec moins de restants qui vont au composte de toute façon. Ils apprennent à aimer ça, et ils ont faim.»
Et la politique de saine alimentation semble fonctionner, selon lui.
Il y a une dizaine d’années, au café Cactus du Cégep, la malbouffe, à laquelle les élèves de secondaire 1 à 4 n’ont pas accès, représentait 50% des ventes, dit-il. Aujourd’hui, elle atteint à peine les 10%.