Québec songe à doubler la rémunération des grands patrons d’Hydro

Le gouvernement Legault envisage de bonifier substantiellement la rémunération des hauts dirigeants d’Hydro-Québec, ce qui pourrait faire en sorte de doubler leurs émoluments, a appris Le Journal.

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«Les régimes de salaires et de bonification sont constamment revus par l’équipe des ressources humaines, le PDG [Michael Sabia] et le conseil d’administration, afin de recruter et retenir le talent nécessaire à la réalisation de nos ambitieux projets», affirme Philippe Archambault, chef des médias et des affaires gouvernementales chez Hydro.

«Le cycle d’examen de la rémunération globale de la haute direction est en cours depuis quelques années, donc avant l’arrivée de M. Sabia, ajoute-t-il. Il n’existe aucun échéancier prédéterminé pour le compléter.»

Dans moins d’un an

Dans le projet de loi 69 sur la gouvernance des ressources énergétiques, que le superministre Pierre Fitzgibbon a présenté la semaine dernière, il est toutefois écrit qu’Hydro-Québec doit «soumettre à l’approbation du gouvernement» la prochaine version de sa politique de rémunération variable, et ce, «au plus tard le 31 mars 2025».

Les dernières modifications apportées à cette politique remontent à 2016.

Selon les informations recueillies par Le Journal, la nouvelle mouture de la politique pourrait entraîner un doublement de la rémunération des principaux vice-présidents d’Hydro.

Les discussions entre le gouvernement et le géant de l’électricité se déroulent alors que ce dernier est en pourparlers avec ses syndicats pour le renouvellement des conventions collectives.

«Pas surpris»

«Je trouve ça spécial, mais je ne suis pas surpris», commente Gilles Cazade, président du Syndicat des spécialistes et professionnels d’Hydro-Québec.

Depuis son arrivée aux commandes d’Hydro, l’été dernier, Michael Sabia a recruté plusieurs vice-présidents à l’extérieur de la société d’État. Le grand patron des finances, Maxime Aucoin, vient de la Caisse de dépôt, la patronne des ressources humaines, Domenica Maciocia, de Bell et le patron des relations publiques, Graham Fox, de Navigator.

M. Sabia est aussi allé chercher Michel Charron chez Rio Tinto pour lui confier les projets de construction, Joël Thibert chez McKinsey (planification énergétique) et France Wong chez BleuBlancRouge (marketing et image de marque).

«Top guns»

«Je sens qu’il y a un peu la même volonté que dans la fonction publique d’aller chercher des “top guns”, déplore M. Cazade. Je m’interroge très fortement sur le fait que dans la haute direction d’Hydro, il y ait aussi peu d’Hydro-Québécois de carrière.»

Il ajoute: «Si l’objectif [en augmentant la rémunération des grands patrons], c’est d’aller chercher plus de “top guns” du privé qui ne savent pas comment ça fonctionne et qui perdent six mois alors qu’on est dans une période hautement décisive, je ne vois pas la plus-value pour l’entreprise et pour mes collègues.»

Les vice-présidents d’Hydro sont déjà bien payés: l’an dernier, ils ont gagné de 600 000$ à 840 000$ tandis que le PDG touche au-delà de 1 million $.

Rappelons qu’en 2021, le gouvernement a mis en place, chez Investissement Québec, un «régime d’investissement à long terme» qui est entré en vigueur rétroactivement en date de 2019. La mesure a fait passer la rémunération annuelle des vice-présidents de 800 000$ à 1 million $ environ.