Québec mise sur le recyclage de batteries
Le gouvernement investit 22,5M$ dans une usine de broyage qui pourra récupérer jusqu’à 95% des composants

Francis Halin
Le gouvernement Legault poursuit la route de la filière des batteries en misant 22,5 millions $ dans une première usine québécoise de broyage de batteries de véhicules électriques.
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« Elle pourra récupérer jusqu’à 95 % des composants de batteries, qui pourront ensuite être réutilisés par les fabricants », a détaillé aujourd'hui en point de presse le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, chez Recyclage Lithion, à Anjou.

Grâce à cet appui, le maintien du siège social, de la propriété intellectuelle et de l’approvisionnement local est assuré, a affirmé le ministre Fitzgibbon aux côtés du ministre de l’Environnement, Benoit Charrette, et Bicha Ngo, première vice-présidente exécutive d’Investissement Québec (IQ).
Pour le gouvernement Legault, cette annonce tombe pile parce que de gros joueurs s’intéressent de plus en plus au Québec, qui nourrit l’ambition pour la filière.
Deux usines prévues
Ainsi, après l’exploitation et la transformation de minéraux (BASF et GM, POSCO) et la fabrication de véhicules commerciaux (Lion, Taiga, BRP), Québec ouvre le nouveau chapitre du recyclage de batteries.
D’abord, une première usine (2023) traitera jusqu’à 7500 tonnes de batteries par année, soit l’équivalent du nombre nécessaire pour 25 000 véhicules électriques. Recyclage Lithion y investira plus de 80 millions $ dans les deux prochaines années.
Par la suite, une deuxième usine d’une valeur de 300 millions $ est prévue en 2025. Quelque 160 emplois devraient être créés.
Au total, les 22,5 millions de Québec comprennent une participation de 15 millions $ en capital-actions (20 %) et des subventions de 7,5 millions $.

Aujourd'hui, le président de Recyclage Lithion, Benoit Couture, ne cachait pas sa joie de voir enfin son projet se concrétiser. Pour l’occasion, il avait disposé des pots de poudre de minéraux et des batteries pour les présenter au public.

Passant d’une table à l’autre, il a montré que les batteries de véhicules qu’on lui apportait pouvaient être recyclées grâce à sa technologie innovatrice.
Quand Le Journal lui a demandé si l’on pourrait un jour espérer se passer des mines pour miser seulement sur ce type de recyclage de batterie, Benoit Couture a répondu qu’à court terme cette avenue n’était pas envisageable.
« On pourrait peut-être avoir l’utopie que, très loin dans le temps, non, on n’aura plus besoin des mines, mais je ne tablerais pas là-dessus », a-t-il dit.

Nombreux partenaires
À son usine, Recyclage Lithion a déjà réussi à recycler quelques batteries des Kona électriques du fabricant coréen Hyundai, qui est l’un de ses partenaires.
Fondaction et IMM Investment, qui ont des liens d’affaires avec les fabricants de cathodes et de cellules LG, Samsung et POSCO, sont aussi du projet.
Rappelons que le Québec a 133 000 véhicules électriques sur ses routes et que ce chiffre devrait exploser à 1,5 million en 2030, a rappelé, aujourd'hui, Benoit Charette, ministre de l’Environnement, et de la Lutte contre les changements climatiques.
« Il faut déjà concevoir quoi faire avec ces batteries-là », a-t-il illustré.
« On ne peut pas penser uniquement à électrifier nos transports sans avoir à gérer ce que ça va générer comme matières résiduelles », a-t-il conclu.
♦ Le gouvernement québécois s’est doté d’une cible de réduction des GES de 37,5 % sous le niveau de 1990 d’ici 2030, ce qui est ambitieux, selon le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.
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