La bataille de la filière batterie n’est pas encore perdue
Olivier Bourque
Même si l’Ontario vient d’attirer le plus grand investissement de son histoire dans le secteur automobile avec l’implantation d’une méga-usine de batteries, le Québec n’a pas perdu la course pour autant, estime le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.
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« On a 5 à 7 milliards $ d’investissement, ce qui est connu aujourd’hui, moi je pense que c’est un très grand succès. Vous pouvez avoir l’impression qu’on a perdu contre l’Ontario, au contraire, on a gagné contre l’Ontario », a-t-il martelé, fier, lors d’un point de presse, à Mirabel.
Le Québec partait de loin
Selon lui, le Québec partait de loin dans la filière automobile. Le dernier fabricant, General Motors, a quitté la province au début des années 2000 et le secteur n’a jamais été relancé depuis.
Lors des dernières semaines, le géant allemand BASF et la coentreprise entre GM et Posco, un investissement total de 500 millions pour ce dernier projet, ont annoncé leur implantation à Bécancour. À eux deux, ils produiront des anodes et cathodes, élément essentiel dans la composition d’une batterie.
Mais la compétition est vive dans la filière. La semaine passée, le géant coréen LG et son partenaire Stellantis ont annoncé l’implantation d’une usine en Ontario, un investissement total de 5 milliards $ et la création de 2500 emplois.
Malgré tout, M. Fitzgibbon croit que le Québec est bien placé, car il devient un maillon essentiel dans le développement des véhicules électriques. « Faire des voitures au Québec, ça n’arrivera pas, faut être réaliste. Donc est parti de l’autre bord [de la chaîne] », explique-t-il.
L’extraction du minerai a donc lieu ici au Québec, mais aussi les premières étapes vers la fabrication de la batterie.
« C’est la première filière au Québec depuis des générations. On prend le minerai et on crée de la valeur. Se rendre du lithium, graphite, nickel jusqu’à l’anode-cathode [...] si on arrête là, qu’on produit ça pour l’Amérique du Nord pour d’autres celluliers, c’est un succès extraordinaire », dit-il.
Le ministre n’exclut toutefois pas que d’autres gros joueurs puissent venir s’implanter au Québec, mais croit qu’il faut se spécialiser sans s’éparpiller.
« Faut focaliser sur les choses où on peut être bon, si on veut tout faire, faire des avions, faire des voitures, faire des bateaux, a un moment donné, il faut en faire moins et les faire comme il faut », lance-t-il.