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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Québec accusé de ne pas avoir étudié assez les risques liés à sa filière batterie

Joël Lemay / Agence QMI
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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2023-11-16T05:00:00Z
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Malgré la valse des milliards de dollars de fonds publics dans la filière batterie, Investissement Québec (IQ) n’a aucun document significatif à fournir en deux ans sur les divers risques liés à cette stratégie chère au gouvernement Legault, ce que dénoncent des experts.

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«On met tous nos œufs dans le même panier. Si dans cinq et huit ans les batteries sont dépassées, qu’est-ce que l’on va faire de nos usines, qui nous auront coûté des milliards?», se demande Luc Bernier, professeur à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa.

«Le gouvernement doit être plus transparent et plus exigeant en matière d’évaluation des risques. Ça n’a aucun bon sens», s’étonne Saidatou Dicko, professeure de sciences comptables à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), experte en gouvernance.

Saidatou Dicko, experte en gouvernance
Saidatou Dicko, experte en gouvernance Photo tirée du site web de l’UQAM

Beaucoup de résistance à Québec

Le 15 juin 2022, Le Journal a demandé à ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE), en demande d’accès à l’information, les documents des deux dernières années portant sur les risques liés à la filière batterie.

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Le MEIE a refusé de les fournir parce qu’ils contiennent «essentiellement de renseignements relatifs à une recommandation ministérielle produite pour le Conseil exécutif ou correspondant à des ébauches ou des brouillons».

Le ministère de l’Économie a aussi demandé au Journal de s’adresser à Investissement Québec (IQ), qui a refusé à son tour de les transmettre.

Le Journal a contesté cette décision en août 2022. Un an plus tard, un avis de règlement a été déposé.

Dans une déclaration sous serment, Danielle Vivier, directrice de l’accès à l’information d’IQ, a indiqué qu’il n’y a qu’un seul document portant sur les risques liés à la filière batterie pour cette période de deux ans. 

Étude caviardée fournie par IQ

Il s’agit d’une étude de 78 pages de Hatch, portant sur l’approvisionnement en nickel, avec plusieurs pages caviardées. Celle-ci souligne notamment l’importance de sécuriser cette matière première dans la filière batterie, avec un géant comme Vale par exemple.

Étude caviardée fournie par IQ
Étude caviardée fournie par IQ

Ces derniers jours, Le Journal a questionné IQ, le MEIE et le cabinet du ministre de l'Économie pour savoir combien d'études ont été produites au total sur les risques liés à la filière batterie. La réponse est venue du cabinet qui a indiqué qu'une seule étude avait été produite à ce jour.

Le cabinet se défend

Lorsque Le Journal a demandé au cabinet du ministre s'il est important de connaître les risques liés à la filière batterie au moment où l'État québécois y injecte des milliards de dollars provenant des poches des contribuables, ce dernier a répondu que ce travail se faisait déjà.

«Bien sûr. Nous évaluons les risques de façon continue. Nos équipes au MEIE et IQ sont aux aguets», a assuré son porte-parole Mathieu St-Amand. 

«La vérification diligente qui est menée de façon systématique lors de chaque intervention financière dans le secteur de la batterie, est rigoureuse, et tient compte de tous les risques inhérents à l’intervention, qu’ils soient financiers, sociaux ou de gouvernance. Nous sommes à la bonne place», a-t-il conclu.

-Avec la collaboration de Sylvain Larocque

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