Quand une demande en mariage mène... à la séparation
Élise Fiola
«Veux-tu m'épouser?» C'est la phrase tant espérée pour certains... ou le début de la fin pour d'autres.
Il y a dans la demande en mariage quelque chose de féerique. On imagine le genou posé au sol, les yeux brillants, la bague étincelante. Un moment suspendu, souvent mis en scène, parfois filmé et destiné à être raconté et partagé avec nos proches. Mais derrière ce décor se cache parfois une réalité plus complexe: pour certains couples, la demande ne scelle pas un avenir heureux mais ouvre plutôt une brèche dans la relation.
Ç’a été le cas pour Mélanie (nom fictif), qui a accepté une demande en mariage alors qu’elle sentait au fond d’elle qu’il y avait quelque chose qui clochait...
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Quand Mélanie est partie seule en Europe pour vivre l’expérience d’une vie, elle sentait déjà, inconsciemment, que son couple battait de l’aile, mais elle ne s'inquiétait pas trop pour l’avenir de celui-ci.
«Il est venu me rejoindre à Paris, parce qu’il avait un lien particulier avec cette ville — ville que je n’aime pas d’ailleurs, raconte Mélanie. Il m’a fait faire le tour des lieux qui lui étaient chers et s’est arrêté dans un parc pour me demander ma main.» Ironiquement, elle a senti que la demande était unilatérale, que son conjoint était très centré sur lui-même dans ce moment partagé à deux. Cette demande ne parlait que de lui, de ses souvenirs, de son attachement à un lieu, de son histoire.
«La bague ne me ressemblait même pas, se remémore Mélanie. C’est comme si chaque détail avait été pensé pour lui uniquement.» Mais, sur le coup, elle a dit oui, parce qu’ils étaient dans un contexte de voyage dans lequel il n’y avait pas vraiment d’issue, parce que le moment était public et que c’était gênant de refuser, parce qu’elle n’était pas encore prête à rompre. «Je buvais du champagne, je souriais, mais au fond de moi je savais que ça n’arriverait jamais.»
Mélanie n’est pas seule à avoir prononcé ce fameux oui malgré les doutes. Pour certains, il est difficile de décevoir, alors que d’autres croient sincèrement que l’amour réglera tout, estime Judith L’Espérance, psychologue spécialiste en rupture et créatrice d’un outil d’accompagnement pour les personnes qui traversent une séparation. Le rêve d’un mariage est parfois plus fort que les signaux d’alerte. Sans compter qu’il y a parfois de la pression venant de la famille, ou encore des traditions culturelles qui viennent s’ajouter à l’équation.
Le oui peut alors être sincère sur le coup... mais basé sur un idéal plus que sur la réalité. Et une fois que l’euphorie du moment s’estompe, la lucidité reprend tranquillement le dessus. Car au-delà de la demande, c’est surtout ce qu’elle révèle sur la relation qui compte.
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Creuser une faille
Pour de nombreux couples, la période des fiançailles agit comme un déclencheur. Ce qui était jusque-là vécu dans une certaine fluidité bascule dans le concret face à un projet imminent. «Ce changement de statut révèle souvent des tensions jusque-là contenues, explique la psychologue. On ne peut plus ignorer ce qui dérange, on ne peut plus se dire que ça ira.» La personne qui tolère un partenaire constamment absorbé par son travail commence à croire qu’il ne changera pas. Le trait d’humour un peu sec, la différence de valeurs, la façon de gérer l’argent: tout prend soudain plus de poids dans la décision, alors que le couple se retrouve devant cette nouvelle étape importante. Les fiançailles peuvent donc donner l’impression d’amplifier les problèmes existants. Car à l’approche du mariage, on n’imagine plus seulement un moment, mais une vie entière avec l’autre. Et si certaines différences pouvaient être mises de côté auparavant, elles deviennent parfois insupportables dans un contexte d’engagement à long terme.
Cette pression, Mélanie l’a pour sa part particulièrement ressentie à son retour au pays, alors que sa belle-famille et son fiancé insistaient pour que le mariage se déroule dans l’année à venir. Sa belle-mère lui envoyait plusieurs photos d’inspirations; son fiancé, élevé dans un milieu plus traditionnel que le sien, demandait à ce que leur union se fasse devant Dieu.
Maintenant placée face aux attentes de chacun, Mélanie n’a pas eu d’autre choix que de se questionner sur ce qu’elle voulait réellement... Et dans des cas comme le sien, plus l’échéance se rapproche, plus le doute grandit. «Est-ce que je peux vraiment vivre avec cette personne?», «Est-ce que ses choix, ses valeurs, son rythme de vie me conviennent?» Autant de questions qui, sans réponses, créent des tensions difficiles à apaiser.
Un pansement rarement efficace
Tout comme certains croient, à tort, qu’une colocation ou un enfant peut “sauver” leur couple, certaines demandes peuvent cacher des enjeux beaucoup plus insidieux: un besoin de se faire rassurer, de figer une relation vacillante dans un projet. Mais le mariage n’efface pas les doutes et oblige plutôt à penser sur le long terme. Ces engagements rapides sont parfois moins des élans du cœur que des actes de fuite ou des manifestations de panique.
La manière dont la demande elle-même se déroule peut également faire tout basculer. Quand l’un espère une déclaration en toute intimité et que l’autre orchestre une vidéo virale, l’écart entre les attentes saute aux yeux. Ce qui devait être un moment d’unité révèle au contraire des divergences de vision du romantisme ou des priorités.
«Les attentes jouent un rôle décisif. L’un attend une réponse spontanée, l’autre une réponse réfléchie. L’un veut fêter, l’autre veut se recueillir», soulève Judith L’Espérance. Une réaction tiède, une émotion forcée, une mise en scène ratée — ces signaux n’installent pas le doute, mais appuient une accumulation d’éléments qui viennent confirmer un ressenti latent: «Et si nous ne rêvions pas du même futur?»
Ainsi, quelles que soient les raisons qui poussent une personne à briser ses fiançailles, il ne faut pas voir la séparation comme un échec, croit la psychologue. Un couple qui se sépare après des fiançailles n’a pas échoué à s’aimer. Il a réussi à se dire la vérité avant de s’enfermer dans une promesse qu’il ne pouvait pas tenir.
Après un an et demi de fiançailles, Mélanie a donc rendu la bague, sans regret. Et tout ce qui a suivi est venu confirmer ce qu’elle croyait: il n’était simplement pas la bonne personne.
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Comment savoir si l’on est prêt?
Avant de poser la fameuse question — ou d’y répondre —, il est essentiel de se poser les bonnes. Et pour ce faire, il est crucial de s’extraire du romantisme collectif qui entoure les fiançailles pour explorer ce que cet engagement signifie réellement pour chacun, note Judith l’Espérance. Pourquoi se marier? Pour qui le faisons-nous? Est-ce que j’aime cette personne telle qu’elle est, ou telle que j’espère qu’elle deviendra? Sommes-nous capables de gérer ensemble les désaccords, les baisses de désir, les déceptions? Partageons-nous une vision commune de la vie, de la famille, du quotidien?
Et surtout, qu’est-ce qui me dérange chez l’autre aujourd’hui? Car ce sont ces mêmes éléments qui, dans les années à venir, prendront probablement plus d’ampleur, pas moins.
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