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L'article provient de TVA Sports
Sports

Quand un don devient une malédiction: le calvaire de deux espoirs d’élite de la LNH

Photo tirée du COMPTE INSTAGRAM DE MCQUEEN
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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2025-01-22T05:00:00Z
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Cayden Lindstrom n’a pas joué un seul match depuis que les Blue Jackets de Columbus l’ont repêché au quatrième rang, l’été dernier. Un autre bœuf de l’Ouest et espoir très en vue, Roger McQueen, est sur la touche depuis le 11 octobre, impuissant et incapable de mousser son jeu durant son année de repêchage.

Ces deux joueurs ont en commun qu’ils ont eu une poussée de croissance fulgurante au cours de leur adolescence et qu’ils ont été ennuyés par des blessures au dos au cours de leur jeune carrière. Qu’on ait droit à un tel copier-coller, coup sur coup, en l’espace de deux ans, soulève certains questionnements dans le développement de ces athlètes anormaux.

C’est là le calvaire de deux jeunes girafes. Dans la nature, les bébés girafes traînent la réputation notoire d’être très maladroits.

Un joueur de hockey à l’adolescence frappé par une poussée de croissance aussi soudaine que considérable, c’est une sorte de jeune girafe. Ligaments, os, muscles: tous ces morceaux n’évoluent pas forcément à la même vitesse, surtout quand le corps se transforme à un rythme hallucinant. C’est pourquoi les jeunes géants sont aussi peu élégants sur une patinoire.

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Quand McQueen est arrivé dans la WHL à 16 ans, ce n’était pas chic.

«Tu voyais qu’il essayait de rattraper sa poussée de croissance, a raconté au téléphone l’entraîneur-chef de McQueen, Marty Murray, qui est aussi directeur général chez les Wheat Kings de Brandon. C’était flagrant qu’il devait devenir plus fort. C’était comme si tous ses membres essayaient tant bien que mal de jouer la même symphonie.»

Le joueur de centre des Wheat Kings est pressenti, à l’instar de Lindstrom l’an dernier, comme un espoir top 5 de sa cuvée. Il a raté des matchs la saison dernière en raison d’une protrusion discale et il se retrouve à nouveau à l’écart cette année, en attente d’un test d’imagerie à résonance magnétique qui sera déterminant à la fin du mois de janvier.

En 2018-2019, McQueen mesurait 5pi7po. En l’espace de trois ans, il a atteint les 6pi4po et depuis son arrivée à Brandon dans la WHL, il continue de grandir.

Facteur de risque

L’été dernier, McQueen a voulu prendre les choses en main pour prévenir d’autres blessures, mettant l’accent sur des exercices de flexibilité et de renforcement du bas du dos. Il faut croire que cela n’a pas été suffisant.

Ce que la littérature scientifique nous indique, c’est que la poussée de croissance représente un facteur de risque pour les blessures dans le bas du dos chez les jeunes athlètes. Et c’est possiblement ce qui mine actuellement le développement de McQueen et de Lindstrom.

Prenez cette recherche publiée par la très réputée revue scientifique The Lancet en 2014.

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«Nous concluons que le développement de malformations au niveau de la colonne lombaire durant la poussée de croissance d’un adolescent est associé à des blessures importantes dans le bas du dos», peut-on lire dans ce papier signé par cinq chercheurs de l’Université d’Helsinki, en Finlande.

Cette autre étude qui est parue en 2012 dans le journal Sports Medicine abonde dans le même sens.

«Les facteurs qui prédisposent le jeune athlète aux blessures au dos incluent la poussée de croissance, l’augmentation soudaine en intensité ou fréquence de l’entraînement, une technique incorrecte, des équipements inadéquats et une inégalité dans la longueur des jambes. Une force insuffisante des muscles spinaux et abdominaux, un manque de flexibilité dans la colonne lombaire ainsi que dans les ischiojambiers et muscles fléchisseurs des hanches peuvent contribuer à une douleur chronique dans le bas du dos», y apprend-on.

Calendrier taxant

Ce qui est moins clair, c’est comment prévenir ce genre de blessures chez les jeunes géants les plus prometteurs se développant dans le junior majeur au Canada.

Les calendriers de la LHJMQ, de l’OHL et de la WHL comprennent une soixantaine de matchs, sans compter les tournois internationaux auxquels prennent part les meilleurs espoirs.

Est-ce une trop grosse bouchée pour des adolescents comme McQueen et Lindstrom, qui ont dû apprivoiser rapidement leur nouveau corps? Ou est-ce simplement un mal nécessaire, un passage obligé avant que le problème ne se résorbe comme par magie une fois que le géant aura atteint sa pleine maturité physique? 

La question se pose. Et la réponse intéresse sans doute les Blue Jackets de Columbus, sachant que leur joyau pourrait manquer une saison complète de développement. Aux dernières nouvelles, aucune date n’a été encerclée pour le retour au jeu de Lindstrom.

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La réponse intéresse sans doute, également, les recruteurs et les équipes qui songeront à repêcher McQueen, un talent rare, l’été prochain.

Lumière au bout du tunnel

Le DG des Wheat Kings, Marty Murray, préfère voir le verre à moitié plein: McQueen est à des années-lumière de la jeune girafe maladroite qu’il était à 16 ans et il a bon espoir que ses problèmes à l’infirmerie seront bientôt chose du passé.

«En comparaison avec ce que je voyais il y a deux ans, c’est le jour et la nuit. Il a beaucoup plus de puissance dans les jambes et ça se remarquait sur la patinoire», a-t-il noté.

Murray voit la lumière au bout du tunnel. McQueen n’est pas loin du jour où il aura maîtrisé pleinement sa grande charpente.

«Il est dans le dernier droit, estime son entraîneur. Il est en train de devenir un homme. Il doit encore prendre de la masse dans le haut du corps, mais il fait des pas de géant en ce qui a trait au coup de patin depuis son arrivée.»

Si c’est bel et bien le cas, une équipe sera plus à l’aise à l’idée de le choisir dans les cinq premiers rangs du repêchage.

«McQueen va être plaisant à regarder, et ce, pendant un bon bout de temps...»

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