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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Jeux du Québec: quand Rivière-du-Loup a damé le pion à Sainte-Foy

Les deux villes étaient ex aequo dans la course qui allait couronner la première ville hôtesse des Jeux

Gilles Dubé, membre du comité organisateur des premiers Jeux du Québec en 1971, et Serge Chouinard, premier porteur de flambeau, étaient très heureux de se rencontrer sur le site de la 56e finale à 48 heures du début de l’événement à Rivière-du-Loup.
Gilles Dubé, membre du comité organisateur des premiers Jeux du Québec en 1971, et Serge Chouinard, premier porteur de flambeau, étaient très heureux de se rencontrer sur le site de la 56e finale à 48 heures du début de l’événement à Rivière-du-Loup. Photo Louis Deschênes
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Photo portrait de Louis Deschênes

Louis Deschênes

2023-03-03T05:00:00Z
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Rivière-du-Loup | Les jeux de coulisses, un buffet, avec des sandwichs pas de croûte, offert aux journalistes et la beauté des hôtesses ont grandement aidé Rivière-du-Loup dans l’obtention des premiers Jeux du Québec. À l’époque, tous les moyens étaient bons pour mousser une candidature. 

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La course folle qui a mené au dévoilement de la ville hôtesse est digne d’un épisode des Belles histoires des pays d’en haut

À l’été 1970, les villes de Sainte-Foy et de Rivière-du-Loup sont pratiquement au coude-à-coude dans cette lutte sans merci, quand les dirigeants de Sainte-Foy décident d’ouvrir la machine. 

Auteur d’un livre d’histoire sur le sujet et membre de l’équipe de candidatures pour Rivière-du-Loup à cette époque, Gilles Dubé était un intervenant de première ligne. 

« Sainte-Foy avait organisé une importante conférence de presse. Une cinquantaine de journalistes étaient présents, dont plusieurs de Montréal. Ils sont allés les chercher en avion », se souvient le septuagénaire en riant. 

La presse sera très élogieuse pour la candidature de Sainte-Foy, qui peut miser sur les nouvelles installations du PEPS de l’Université Laval, considérées comme le nec plus ultra au Canada. 

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La piscine du cégep de Rivière-du-Loup a été construite au coût de 500 000 $ quelques mois seulement avant la présentation des Jeux du Québec.
La piscine du cégep de Rivière-du-Loup a été construite au coût de 500 000 $ quelques mois seulement avant la présentation des Jeux du Québec. Photo d'archives fournie par la Société d’histoire de Rivière-du-Loup

Le miracle 

Les mois passent et, même si une autre ville, Verdun, de même que la région de Saguenay–Lac-Saint-Jean déposent leur candidature, Sainte-Foy semble seule dans la course avec une longueur d’avance sur Rivière-du-Loup. 

C’est alors qu’un grand bâtisseur du sport à Rivière-du-Loup, l’abbé Ronald Landry – qui est comparé au curé Antoine Labelle joué par Antoine Bertrand dans Les pays d’en haut –, s’en mêle. 

« Il m’a appelé, il m’a dit : “Gilles, qu’est-ce que vous allez faire pour Sainte-Foy ? Parce qu’eux autres, ils ont mis le paquet avec le gros lunch aux journalistes, l’avion nolisé, ils vont gagner. Ça prend un coup d’éclat, faut faire quelque chose” », raconte Gilles Dubé. 

Ce dernier part avec les conseils de l’abbé Landry en tête et en discute avec le maire de Rivière-du-Loup, le Dr Yves Godbout. 

« Le maire me dit : “Ça coûte trop cher de faire venir les journalistes à Rivière-du-Loup, on s’en va à Montréal.” » 

Importante délégation

Le 8 décembre 1970, une délégation de Rivière-du-Loup prend la route pour Montréal et tient une importante conférence de presse à l’hôtel Le Reine Élizabeth, l’établissement rendu célèbre, notamment, par la visite de John Lennon un an plus tôt. 

« La conférence était prévue pour 17 h, il est 17 h et il n’y a pas un chat. Dix minutes plus tard, deux journalistes arrivent et, finalement, il y en avait une quinzaine », affirme M. Dubé.  

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Les médias feront bonne presse à Rivière-du-Loup et, trois jours plus tard, le ministre Guy St-Pierre – qui venait de remplacer Jean-Paul L’Allier comme responsable du dossier des Jeux du Québec dans le gouvernement de Robert Bourassa – confirmait le choix de Rivière-du-Loup.  

Serge Chouinard se souviendra toute sa vie du 14 août 1971. Ce jour-là, le jeune athlète louperivois de 15 ans qui était inscrit à la compétition de saut en longueur a porté le flambeau. 

Tout un honneur

En présence du premier ministre Robert Bourassa et de l’ambassadeur de Grèce au Canada Bernard Théodoropoulos, il a fait un tour de piste sous la pluie battante, ce que les médias de l’époque qualifiaient de la course olympique pour allumer la vasque. 

Serge Chouinard qui était alors un des seuls athlètes de Rivière-du-Loup à participer aux Jeux du Québec a eu l’honneur de porter et d’allumer la flamme comme le veut la tradition aux Jeux olympiques.
Serge Chouinard qui était alors un des seuls athlètes de Rivière-du-Loup à participer aux Jeux du Québec a eu l’honneur de porter et d’allumer la flamme comme le veut la tradition aux Jeux olympiques. Photo d'archives fournie par la Société d’histoire de Rivière-du-Loup

« C’est un grand moment. Quand tu dis que tu es le premier à faire ce geste symbolique. J’avais peur de tomber et la vasque n’allumait pas. Quand j’ai vu la flamme, j’étais tellement fier », indique M. Chouinard. 

Il raconte également que parmi ses plus beaux souvenirs, il avait fait quelques tours de piste derrière le journaliste Richard Garneau, qui faisait sa course matinale durant les Jeux de 1971. 

« Je n’étais pas seul et nos yeux brillaient, c’était un événement et très impressionnant de voir les gens de la presse. » 

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