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L'article provient de 24 heures

«Quand on est arrivé, c’était déjà moisi»: des centaines de musiciens de Montréal, dont Cœur de pirate, inondés

Le bâtiment de Cité 2000
Le bâtiment de Cité 2000 Capture d’écran tirée de GOOGLE MAPS
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Photo portrait de Andrea Lubeck

Andrea Lubeck

2024-09-09T19:40:13Z
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Des centaines de musiciens, dont Cœur de pirate, se retrouvent le bec à l'eau plus de trois semaines après que le bâtiment Cité 2000, qui abrite des studios de répétition, a été inondé. Incapables de trouver un endroit où s’exercer, certains craignent pour leurs spectacles à venir.

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Plus d’un mètre d’eau s’est accumulé dans le sous-sol du bâtiment situé à l’angle des rues Notre-Dame et Papineau, à la suite du bris d’aqueduc qui a provoqué un immense geyser sur le boulevard René-Lévesque le 16 août dernier.

Béatrice Martin, alias Cœur de pirate, y entreposait l’équipement qu’elle utilise en tournée. Consoles, microphones sans fil, instruments, caisses de transport: la majeure partie de l’équipement audio qui s’y trouvait est une perte totale.

Certains des équipements qu’utilise Cœur de pirate pour ses spectacles, endommagés par l’inondation de Cité 2000.
Certains des équipements qu’utilise Cœur de pirate pour ses spectacles, endommagés par l’inondation de Cité 2000. Photo fournie par ÉMILIE FOURNELLE

«Une fois que ça prend l’eau, ce n’est plus fiable. On ne peut pas vraiment envoyer ça à la réparation», indique Émilie Fournelle, productrice déléguée de Bravo musique, la maison de disques dont Béatrice Martin est propriétaire.

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«Ça a pris quelques jours avant qu’on puisse aller mettre les mains là-dedans. Quand on est arrivé, c’était déjà moisi, il y a eu de la mousse qui a eu le temps de se créer», ajoute-t-elle.

La Boîte à musique, une entreprise de location d’équipement de scène, a également essuyé de nombreuses pertes.

«Les pertes sont difficiles à évaluer, mais on se situe probablement entre 500 000$ et 1 million$», confie son président, Steve Marcoux.

Des plans en péril

Depuis l’inondation, le courant est coupé dans la partie du bâtiment où se trouvent les studios de répétition. Seule la section de l’immeuble où U-Haul loue ses camions est alimentée par une génératrice.

Vincent Houde, chanteur et guitariste du groupe montréalais Dopethrone, locataire à Cité 2000, a été étonné de voir que l’immeuble était fermé lorsqu’il s’y est rendu trois jours après le sinistre.

«On savait qu’il s’était passé quelque chose [à Montréal], mais jamais on n’a su que Cité 2000 était touchée», explique le musicien, qui revenait à peine de tournée.

L’espace d’entreposage de la Boîte à musique, dans le sous-sol de Cité 2000
L’espace d’entreposage de la Boîte à musique, dans le sous-sol de Cité 2000 Photo fournie par STEVE MARCOUX

Vincent Houde craint les conséquences de l’inondation, alors que les locaux de répétition se font rares à Montréal.

«Ce n’est pas tout le monde qui a de la place chez eux pour entreposer plein d’équipement. On a beaucoup de pratique à faire, on a des tournées qui s’en viennent. D’autres bands enregistrent... C’est très difficile trouver un local quand t’es un band loud», illustre-t-il.

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Communication «difficile»

Au-delà du matériel perdu, Émilie Fournelle déplore la communication «difficile» avec U-Haul, à qui appartient le bâtiment.

«On reçoit des informations, mais c’est très peu clair. Quand on essaie de les appeler, il n’y a aucun retour. Ce n’est pas le bureau de la Cité 2000 qui répond, c’est une centrale téléphonique de U-Haul et on ne peut pas nous donner plus d’informations. On est conscients qu’ils sont occupés, mais ce n’est pas l’idéal», souligne-t-elle.

«On a reçu des courriels, mais c’est nébuleux. C’est un peu comme si on était dans le brouillard», renchérit Vincent Houde.

Pour améliorer la communication, Steve Marcoux s’est donné la mission d’être la «courroie de transmission» entre U-Haul et les musiciens. Il publie sur la page Facebook de son entreprise les derniers développements.

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«Je ne veux pas lancer des roches à U-Haul. Ce n’est pas facile pour eux la situation. J’ai simplement fait ce que je croyais pertinent pour la communauté de musiciens», explique-t-il.

Au moment d’écrire ces lignes, U-Haul n’avait pas répondu aux questions de 24 heures.

Un «monument historique»

En plus des espaces d’entreposage, Cité 2000 abrite 215 studios pour les musiciens, le plus important lieu de répétition à Montréal.

Perdre ce «monument historique» serait «catastrophique», note le leader de la formation Dopethrone.

«C’est la mère de la musique underground. Si ce n’était pas de la Cité 2000, on n’aurait pas de scène underground», insiste-t-il.

Steve Marcoux, de son côté, se montre optimiste après avoir discuté à plusieurs reprises avec U-Haul. Selon lui, le courant devrait être rétabli d’ici trois semaines.

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