Qatar 2022: plus de substance dans les déclarations des Croates que celles des Brésiliens


Dave Lévesque
DOHA, Qatar | Aussi bien le dire avant qu’on commence, on n’apprend jamais grand-chose dans une conférence de presse de l’équipe du Brésil. On est souvent plus dans l’anecdote et les potins.
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Vous voulez un exemple ? Un journaliste a fait remarquer au sélectionneur Tite qu’il y avait un chat au centre d’entraînement de l’équipe la veille. Il lui a demandé si le félin deviendrait la nouvelle mascotte de la Seleção.
D’ordinaire stoïque, Tite s’est emporté de façon dramatique en pointant le responsable des communications de l’équipe.
« Vous devriez lui demander, c’est lui qui essayait de chasser le chat pendant qu’on répondait aux questions. »
C’est à peu de chose près la profondeur des questions qui ont été posées à Tite et Danilo, qui était assis à sa gauche.
Plus tard
Alors pour le contenu, on a dû se tourner vers la Croatie qui avait délégué le sélectionneur Zlatko Delic et le milieu Luka Modric qui n’a plus besoin de présentation.
Les Croates savent ce que c’est que d’être en quart de finale puisqu’ils ont été finalistes contre la France il y a quatre ans. Mais ce match contre le Brésil, ils auraient attendu plus longtemps avant de le jouer.
« Ça sera notre partie la plus exigeante, a reconnu Delic. Je ne peux pas la comparer à notre match contre la France lors de la dernière Coupe du monde et j’aurais préféré qu’un match aussi difficile arrive plus tard dans la compétition. »
Modric ne s’enfonce pas la tête dans le sable, il sait que son équipe est négligée malgré son statut de finaliste il y a quatre ans.
« Bien sûr que le Brésil est favori, c’est entendu. Mais l’histoire a aussi démontré que les favoris peuvent perdre alors nous ne nous préoccupons pas des statistiques. »

Renouveau
C’est déjà un exploit d’atteindre la finale de la Coupe du monde pour une petite nation de moins de quatre millions d’habitants comme la Croatie. Voilà qu’elle est de retour en quarts de finale malgré un changement de garde.
« Nous avons 18 nouveaux joueurs qui n’étaient pas à la Coupe du monde il y a quatre ans. En 2018, nous avions des joueurs qui étaient ensemble depuis dix ans », a fait remarquer Zlatko Delic.
« Nous avons besoin de temps pour bâtir une forme d’unité alors d’être encore là, c’est génial. Notre nouvelle équipe nationale doit encore faire ses preuves et la Coupe du monde est un très bon endroit pour le faire. »
Luka Modric comprend le contexte et apprécie certainement le parcours de l’équipe, surtout qu’à 37 ans bien sonnés, il en est peut-être à son dernier tour de piste.
« Nous avons déjà réalisé quelque chose bien en atteignant les quarts de finale, mais nous en voulons plus, nous ne devons pas juste être satisfaits d’être là. »

Célébrations dérangeantes
Le sélectionneur brésilien, Tite, a été critiqué pour avoir célébré les buts de son équipe avec ses joueurs contre le Japon. On l’a vu danser sur la ligne de côté et ç’a dérangé.
« C’est notre façon de célébrer quand nous marquons un but, ce n’est pas un manque de respect et nous allons continuer de faire les choses à notre manière », a-t-il insisté en ajoutant que c’était une façon de créer un lien avec ses jeunes joueurs.
« Je crois que c’est une connexion que j’ai avec la génération plus jeune. J’ai 61 ans et j’ai travaillé avec des joueurs de 20 ou 21 qui pourraient être mes petits-enfants. Si je dois danser pour entrer en relation avec eux, je vais continuer à danser. »
Zlatko Delic a été poli dans sa façon de commenter les gestes de son adversaire, mais le sous-entendu était clair.
« Ils ont leur propre façon de célébrer, ils démontrent leur caractère et leurs traditions. Est-ce que c’est un manque de respect envers l’adversaire ? Je ne peux pas le dire, mais je n’aimerais pas voir mes joueurs fêter de cette façon. »
Polyvalence
Petit détail intéressant dans le jeu du Brésil, on n’a pas encore vu la même formation deux fois au cours des quatre premiers matchs de l’équipe.
« Peu importe la formation, tout le monde travaille de la même manière à l’entraînement et le mérite revient au personnel technique parce que quand un joueur entre sur le terrain, il sait exactement ce qu’il doit faire », a précisé Danilo.
Celui-ci est un bon exemple de cette polyvalence puisque c’est un peu le couteau suisse de Tite qui l’utilise tantôt comme défenseur latéral et tantôt comme milieu de terrain.
Et l’adjoint de Tite, Cléber, a indiqué que son équipe saura débloquer le milieu de la Croatie, l’un des meilleurs au monde.
« On a des milieux hautement techniques. Quand nous imposons notre rythme, ce n’est pas que dans le jeu de passe, c’est aussi dans notre façon de marquer l’adversaire. »