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L'article provient de TVA Nouvelles
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Procès d'un chirurgien pédocriminel en France: l'accusé revendique ses deux visages

AFP
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2025-03-04T12:27:24Z
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Le médecin Joël Le Scouarnec, accusé de violences sexuelles sur 299 patients souvent mineurs, a martelé mardi, lors de son procès en France, être à la fois «le bon chirurgien et le pervers qui n'avait aucun état d'âme», désirant montrer la «juxtaposition» de ses deux visages. 

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«Mon activité pédophile était une chose et mon activité professionnelle en était une autre, et cette activité pédophile n'a pas eu de retentissement sur mon activité professionnelle», affirme-t-il, debout devant la cour criminelle à Vannes, dans l'ouest de la France.

«Pour certaines personnes, c'est incompréhensible (...) Comment peut-on être chirurgien et aussi en même temps commettre des actes d'agression sur certains de ses patients?» résume-t-il avant de répondre: «ce sont deux choses qui se juxtaposent».

Mais «j'ai aussi été ce chirurgien qui a profité de son statut pour abuser d'enfants»; et regarder des images pédopornographiques à la pause-déjeuner dans son bureau a pu avoir des «conséquences néfastes» sur sa pratique, consent-il d'une voix toujours égale.

«Ils ont pensé que j'étais quelqu'un de bien et j'étais celui qui les a trahis», reconnaît l'accusé en évoquant ses anciens collègues de la quinzaine d'hôpitaux de l'ouest de la France où il a violé ou agressé sexuellement des patients de 1989 à 2014.

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Lundi, Joël Le Scouarnec avait déjà affirmé être à la fois un bon père et un «pédophile». S'il avoue avoir «fantasmé» sur ses trois fils, il ne reconnaît aucun geste incestueux à leur égard - contrairement à trois nièces victimes.

«Responsable»

«Je suis entièrement responsable de ce que j'ai fait», réaffirme le médecin après avoir promis la veille d'«assumer» ses actes. «Si j'ai commis un viol, je dirai: "J'ai commis un viol".»

Mais pour les victimes - qui suivent l'audience en salle de retransmission en raison de leur grand nombre - difficile de «faire confiance à sa sincérité», a confié lundi soir l'une d'elles, Marie, à l'AFP.

Mardi après-midi, l'accusé sera interrogé plus précisément sur ses carnets, des centaines de pages où il a décrit méticuleusement pendant des décennies les violences sexuelles commises sur les enfants de son entourage et ses patients.

Ces journaux intimes, saisis en 2017 après son interpellation, ont permis aux enquêteurs de retrouver la trace de quelque 300 victimes de viols ou agressions sexuelles.

Des écrits qualifiés lundi par leur auteur de «sordides», «crus», «vulgaires». «Oralement, je ne me suis jamais exprimé ainsi, avilissant pour les personnes concernées, avilissant pour moi aussi», a-t-il assuré.

Lors de ses gardes à vue sur ses écrits faisant état de viols de fillettes dans ses carnets, le médecin a assuré «qu'il s'agissait soit d'une exagération de sa part, soit d'un fantasme», a indiqué lundi le directeur de l'enquête, Sylvain Boissinot.

Si l'accusé a déjà reconnu une partie des viols, lorsqu'il s'agissait de toucher rectal sur des garçons, il ne reconnaît en effet pas les viols avec pénétration vaginale sur les filles et n'avoue que des agressions sexuelles sur celles-ci, a rappelé le gendarme.

«Mémoire sélective»

L'accusé «est quelqu'un qui a avancé, qui a mis des mots sur ses actes, qui a une position qui a fortement évolué», a affirmé lundi son avocat, Me Thibaut Kurzawa.

«J'ai fait tellement de mal que j'ai du mal à le supporter», a dit lundi Joël Le Scouarnec.

«Mon souhait (est) d'avoir devant moi quelqu'un qui exprime sa souffrance et qui me fait prendre conscience des souffrances qu'il a subies», lance-t-il mardi, se référant à ses victimes, âgées en moyenne de 11 ans au moment des faits.

Lundi, la cour a interrogé l'accusé sur un éventuel traumatisme dans son enfance. Mais Joël Le Scouarnec affirme n'avoir «rien trouvé» dans son «passé» qui pourrait «expliquer (son) comportement» pédocriminel.

Confronté mardi encore à ses «trous de mémoire» alors que ses proches l'ont tous décrit comme doté d'une «mémoire d'éléphant», le médecin a invoqué une «mémoire sélective».

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