Le pédocriminel Joël Le Scouarnec avoue des «abus sexuels» sur sa petite-fille

Agence France Presse
Un ex-chirurgien pédocriminel, Joël Le Scouarnec, jugé en France pour viols et agressions sexuelles sur 299 patients souvent mineurs lors d'un procès hors norme, a avoué vendredi face à l'un de ses fils des «abus sexuels» sur sa petite-fille.
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«Je reconnais des actes d'abus sexuels sur ma petite-fille», a-t-il déclaré devant son fils aîné, venu témoigner devant la cour criminelle à Vannes (ouest) de la personnalité de l'accusé et du contexte familial, marqué par des incestes et agressions sexuelles multiples, commises ou non par son père.
Après ces révélations, le témoin et sa compagne, mère de l'enfant, ont été pris en charge par des psychologues.
La victime, âgée de 12 ans, étant toujours mineure, les actes sont «non prescrits», a souligné l'avocat général.
Grand gaillard chauve de 44 ans, l'aîné était le dernier des trois fils de l'accusé à être entendu.
Comme ses frères, il évoque une enfance heureuse et un père très pris par son activité médicale mais avec lequel il a un «fort lien et une forme d'admiration».
«On nous a caché énormément de choses», dit le quadragénaire «en colère».
Il se souvient ainsi avoir appris fortuitement, «quelques mois» seulement avant l'arrestation de son père en 2017 pour le viol d'une voisine de six ans, que la perquisition menée en 2004 au domicile du chirurgien concernait des fichiers pédopornographiques qu'il avait téléchargés sur son ordinateur. Et non pas des films de cinéma piratés comme il l'avait toujours cru.
Sa mère, Marie-France, ne lui en avait jamais parlé.
Plusieurs écrits de Joël Le Scouarnec laissent pourtant penser qu'elle avait depuis longtemps connaissance des attirances pédocriminelles de son ex-époux. Mercredi, elle a choqué les victimes en affirmant n'avoir rien vu ni su.
«Des murs»
Lorsqu'il apprend que son père a téléchargé des contenus pédocriminels, le fils aîné a une fille en bas âge. «Ma compagne en a voulu énormément à ma mère de ne pas l'avoir prévenue pour se prémunir et la protéger», confie-t-il.
Lui-même dit ne plus avoir de contact avec sa mère depuis 2017 et la révélation des crimes de son père.
En mai 2017, «j'ai été sidéré qu'il soit en détention, je suis allé le voir en prison pour comprendre», explique l'aîné, qui repartira ce jour-là sans aucune explication. «Il m'a dit que c'était grave et que ça devait arriver un jour.»
L'affaire prenant de l'ampleur dans la presse, il retourne voir son père mais n'obtient «aucune réponse», puis apprend de ses cousines qu'elles ont elles-mêmes subi des violences sexuelles de Joël Le Scouarnec dans leur enfance.
Mais il cesse cette «enquête personnelle» après quelques mois. «Je me heurtais à des murs, ça devenait trop difficile pour moi».
Il sombre dans la dépression, puis l'alcoolisme pendant deux ans après la condamnation en 2020, à Saintes (ouest), de son père à 15 ans de réclusion pour les violences sexuelles commises sur quatre enfants, dont ses deux nièces.
«Ca m'a plongé au fond physiquement et moralement», souligne l'aîné.
Il dit s'être aujourd'hui sorti de son addiction à l'alcool, contrairement à son frère cadet, qui a raconté cette semaine à la cour les violences sexuelles infligées par son grand-père, le père de Joël Le Scouarnec, quand il avait entre cinq et 10 ans.
Gendarme en larmes
Au procès de Saintes, l'avocat général a lu au fils aîné un extrait des carnets où l'accusé notait scrupuleusement les noms de ses victimes et ce qu'il leur infligeait: cet extrait concernait sa fille, âgée alors d'environ deux ans, devant laquelle Joël Le Scouarnec se serait exhibé.
«Ça a créé un grand traumatisme chez moi et beaucoup de colère», lance-t-il, disant ne pas avoir voulu porter plainte sur le moment «pour ne pas exposer» sa fille.
Interrogé vendredi sur cette réaction, il semble se raviser. «Vous pensez que le silence face à ces faits serait protecteur?», lui demande l'avocat général, Stéphane Kellenberger.
«Non, en aucune façon. Mais ça demande énormément de courage». «Quand on ne dénonce personne, les choses continuent», ajoute-t-il.
En raison de problèmes techniques, la cour a renoncé à l'audition par visioconférence d'une enquêtrice de la gendarmerie qui a épluché les carnets de l'horreur de Joël Le Scouarnec. Visiblement très choquée, celle-ci a fondu en larmes en se remémorant sa découverte des 300 000 fichiers pédopornographiques trouvés dans les ordinateurs de l'accusé en 2017.