Prière dans les classes d’écoles: «Il est légitime que le ministre dise non»
TVA Nouvelles
Un débat enflamme le Québec, que plusieurs pensaient pourtant résolu pour de bon: d’un côté, le ministre de l’Éducation interdit aux écoles de transformer les classes en salles de prière, et de l’autre, des associations musulmanes s’indignent; voyez l’avis des panélistes de «La Joute» sur la question.
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«Moi, de savoir que le ministre de l’Éducation et l’Assemblée nationale a besoin de voter une motion sur ce qui se passe dans les classes dans les écoles, ça me dépasse. Il me semble qu’on a assez de gestionnaires, de directeurs, de professeurs et de directeurs adjoints pour répondre non à des questions qui n’ont pas lieu d’être et arrêter cette question-là», soupire Yasmine Abdelfadel.
«Ce sont de jeunes adolescents, rappelle la jouteuse. Ils n’ont même pas l’âge de voter parce qu’on considère qu’ils n’ont pas le jugement et la maturité nécessaire pour voter. Ben c’est exactement ça : ils posent des questions et font des demandes déraisonnables.»
Jeudi, des représentants d’associations musulmanes ont fait une sortie musclée afin de dénoncer la décision de Bernard Drainville, ministre de l’Éducation, visant à interdire les locaux de prières dans les écoles.
«Nous disons au ministre que vous ne nous offrez pas la voie du dialogue, mais vous nous poussez à prendre la voie du droit que nous reconnaissent les 2 chartes canadienne et québécoise des droits et libertés, pour lutter contre cette décision», a par exemple mentionné la Table de concertation des organismes musulmans (TCOM).
Pour Mathieu Bock-Côté, la motion proposée par le ministre Drainville était cohérente par rapport à la «pression dans le débat public de ne pas capituler devant des radicaux, qui cherchent à tout prix à imposer la religion à l’école.»
«Je pense que l’opinion publique est très majoritairement hostile à l’idée d’aménager des salles de prières à l’école», mentionne-t-il.
«Et la directive du ministre est nécessaire. La pression qu’il y a sur chaque directeur d’école, elle est réelle. C’est une pression militante, c’est une pression qui relève d’une forme de zèle. Puis si vous n’est pas d’accord, vous êtes probablement homophobe, vous êtes racistes, vous êtes xénophobes, puis on connait la liste des phobies qu’on fait pleuvoir sur la tête du monde dès qu’ils ne sont pas d’accord avec le multiculturalisme», ajoute M. Bock-Côté.
«Là, le ministre donne une consigne, tout simplement il dit c’est ça la règle au Québec. Je constate par ailleurs que certains cherchent à trouver toutes les failles possibles dans la laïcité, dans la loi, dans l’esprit de la laïcité, pour imposer cet espèce de communautarisme religieux militant, et il est légitime que le ministre dise non», affirme-t-il.
La panéliste Émilise Lessard-Therrien nuance pour sa part le débat, en espérant qu’on ne jouera pas dans les écoles à la «police de la prière».
«Je pense que la laïcité de l’État, bien sûr qu’il faut en prendre soin. Fournir des locaux spécifiques pour la prière à l’école, c’est non. Maintenant, est-ce qu’il y a des locaux qui sont déjà multifonctionnels, où les élèves vont faire du yoga, de la méditation. Qui va aller jouer à l’école à la police de la prière? Je pense que dans ce contexte-là, on n’a pas à aller pointer du doigt ce que font les élèves dans ces locaux-là multifonctionnels qui sont accessibles à tout le monde.
«Maintenant, ce que je trouve incohérent dans ce débat-là, c’est que, pour Bernard Drainville, ça ne s’applique qu’aux écoles publiques, mais on ne fait rien avec les écoles confessionnelles, qui sont encore subventionnées par le gouvernement du Québec. Il y a quand même 50 écoles au Québec qui bénéficie jusqu’à 64% de fonds publics», ajoute-t-elle.
Voyez l’avis détaillé des panélistes dans la vidéo ci-dessus.