Local de prières à l’école: «pas question de revenir en arrière»
TVA Nouvelles
La décision d’une école de Laval d’établir un local pour la prière des élèves inquiète l’analyste politique Régine Laurent, qui salue les députés de l’Assemblée nationale pour la motion adoptée mercredi rappelant la laïcité de l’État.
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En entrevue lors du segment «Le billet de Régine» à l'émission Le Bilan, elle dit penser cependant que le Centre de services scolaire de Laval n’avait pas de mauvaises intentions en agissant de la sorte.
«Je pense que le centre de service scolaire de Laval n’a pas voulu mal faire, affirme-t-elle. Mais probablement qu’il n’a pas pris le temps de mesurer tous les impacts.»
Elle croit par contre que c’était la mauvaise décision.
«Le Centre nous dit que certains élèves priaient dans les stationnements et les cages d’escalier, donc il a dit on va leur donner un lieu plus approprié [...] La question qu’on doit se poser c’est est-ce une entorse à l’école laïque? Pour moi la réponse est oui sans équivoque.»
«Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville a raison de craindre que Laval agisse comme une espèce de jurisprudence et que les demandes se multiplient», continue-t-elle.
Pour Mme Laurent, laisser passer une telle situation comporterait plusieurs risques qui feraient «revenir en arrière» le Québec.
«Je suis consciente que bien des jeunes n’ont pas eu connaissance des impacts énormes de la religion catholique dans la vie privée et publique du Québec. Ils ignorent à quel point la religion gérait les vies jusqu’à dans les chambres à coucher et combien d’efforts ont été nécessaires pour gagner au Québec la liberté de parole, la liberté de pensée et pour les femmes, le droit de disposer de leur corps», soutient-elle.
«Donc pour moi il n’est pas question de revenir en arrière et encore moins d’avoir ce genre d’affaire dans nos écoles.»
Elle salue donc la motion adoptée à l’unanimité à l’Assemblée nationale qui rappelle la laïcité de l’État.
«On ne sera pas étonné de voir des groupes religieux amener ça devant les tribunaux, partage Régine Laurent. Et c’est pour ça que je salue la motion qui a été présentée par le parti québécois à l’Assemblée nationale et adoptée à l’unanimité.»
Le centre de services scolaire a confirmé, mercredi, dans un courriel envoyé à TVA Nouvelles, qu’il compte se plier aux demandes du ministre, et donc de fermer son local.
Voyez l’intégralité du «Billet de Régine» dans la vidéo ci-dessus