Près de 20 ans après les faits reprochés: Frank Zampino nie sa participation à un quelconque système de collusion
L’ex-numéro 2 de la Ville de Montréal subit son procès en lien avec un stratagème d’obtention de contrats publics dans la métropole

Erika Aubin
Près de 20 ans après les faits, l’ex-numéro deux de la Ville de Montréal accusé d’avoir orchestré un système de collusion pour l’obtention de contrats publics nie toute malversation et assure n’avoir absolument rien à se reprocher.
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«Votre honneur, je n’ai jamais participé à une quelconque forme de collusion ou complot, de quelques manière ou circonstance que ce soit. Je n’ai jamais orchestré de tels complots. Je n’ai jamais participé à un arrangement impliquant des contributions politiques en échange de contrats», a lancé avec fermeté Frank Zampino jeudi.
Il livre enfin sa version des faits à son procès criminel qui a débuté en février, au palais de justice de Montréal. Zampino, âgé de 65 ans, est le premier à se présenter à la barre des témoins pour la défense, lui qui témoigne en anglais. Le ministère public a déjà clos sa preuve.
Selon la Couronne, le stratagème qu’il aurait mis sur pied aurait permis d’octroyer frauduleusement 34 contrats d’une valeur totale de plus de 160M$, entre 2004 et 2009, dans la métropole.
En échange, les firmes devaient offrir une redevance de 3% au parti Union Montréal du maire de l’époque, Gérald Tremblay.
«Les firmes se voyaient à tour de rôle désignées gagnantes, souvent même avant que l’appel d’offres ne soit dévoilé», avait indiqué le procureur de la Couronne, Me Nicolas Ammerlaan, à l’ouverture du procès.
Le dernier mot
Au moment des faits reprochés, Zampino était président du comité exécutif de la Ville de Montréal. C’est lui qui avait «toujours le dernier mot», avait précisé Me Ammerlaan.
Zampino assure pourtant que la première fois qu’il a eu vent d’un système de partage des contrats, c’est lors du témoignage de Michel Lalonde à la commission Charbonneau, en 2013. «Je n’étais pas au courant», a-t-il dit.
Il a aussi été questionné sur sa relation avec Bernard Trépanier, l’argentier du parti qui avait le surnom de «Monsieur 3%». Ce dernier est décédé en 2018.
«Je n’ai jamais fixé de règle concernant les appels d’offres publics. [...] Je n’ai jamais discuté d’un système de contrats avec M. Trépanier ni personne d’autre», a insisté Zampino, qui est maintenant retraité.
Pas d’aveuglement volontaire
Au début de son témoignage, il a longuement expliqué comment il avait entamé sa carrière dans le monde municipal et quelles étaient ses responsabilités comme président du comité exécutif et maire de Saint-Léonard.

Il a aussi détaillé comment il avait fait la rencontre de Gérald Tremblay, qui a finalement quitté la vie politique dans la tourmente en 2012, éclaboussé par une série de scandales et d’allégations. M. Tremblay a d’ailleurs témoigné au procès plus tôt ce mois-ci. L’ancien maire a martelé à plusieurs reprises ne pas avoir fait d’aveuglement volontaire.

Les autres coaccusés, Robert Marcil, ex-directeur des travaux publics de Montréal, Bernard Poulin, ex-président de la firme de génie Groupe SM, Kazimierz Olechnowicz, ex-PDG de la firme CIMA+, et Normand Brousseau, ex-président de la firme Teknika HBA, auront ensuite l’occasion de s’exprimer ou de présenter des témoins, s’ils le désirent.
Ils font face à divers chefs d’accusation de complot, de fraude et d’abus de confiance.
Écoute électronique rejetée
Ce procès se déroule huit ans après le dépôt des accusations.
Ils avaient été arrêtés en 2017, à la suite d’une enquête de l’Unité permanente anticorruption (UPAC).
Deux ans plus tard, la juge Joëlle Roy avait ordonné l’arrêt des procédures en raison de la violation des droits des accusés dans ce dossier.
Une partie de la preuve reposait sur des écoutes électroniques. Or, des centaines d’entre elles impliquaient des avocats et étaient donc protégées, mais les enquêteurs y avaient eu accès.
Le dossier avait été porté en appel, où on a donné partiellement raison à la Couronne et ordonné un nouveau procès. La preuve obtenue par écoute électronique ne pourra toutefois pas y être présentée.
– Avec Valérie Gonthier
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