Pourquoi une nouvelle guerre pourrait-elle éclater entre l’Inde et le Pakistan?

Agence QMI
Des soldats indiens et pakistanais échangent, depuis plusieurs nuits, des tirs à la frontière séparant leurs deux pays dans la région du Cachemire, après l'attentat qui a fait 26 morts dans la partie indienne de ce territoire contesté.
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Ces deux frères ennemis, un surnom qui revient de plus en plus actuel, ont déjà combattu à plusieurs reprises dans ce territoire qu’ils revendiquent tous les deux. On vous explique pourquoi un nouveau conflit militaire pourrait éclater entre les deux puissances nucléaires d’Asie du Sud.
Casus belli
L'Inde impute la responsabilité de cette attaque survenue dans la partie du Cachemire qu’elle contrôle au Pakistan. Et seuls ces soupçons semblent être un casus belli (motif de guerre) suffisant aux yeux de New Delhi. Son voisin a néanmoins nié toute implication.

La police indienne a identifié trois suspects de l’attaque, un citoyen indien et deux ressortissants pakistanais. Selon les informations des autorités de New Delhi rapportées par BFMTV, les trois individus sont des membres du Front de la résistance (TRF), une formation issue du groupe jihadiste pakistanais Lashkar-e-Taiba (LeT). Ce groupe est d’ailleurs soupçonné par l’Inde d’être à l’origine d’une attaque ayant fait 166 morts à Bombay en 2008.
«Déstabiliser l'Inde est un vieux projet pakistanais», a expliqué au média français Gilles Boquérat, chercheur associé à la Fondation de recherche stratégique (FRS) et spécialiste de l'Asie du Sud.
Le Pakistan a, de son côté, réclamé une «enquête neutre» pour trouver les responsables de l’attentat du 22 avril. Rappelons que cette attaque dans le Cachemire est la plus meurtrière visant des civils du territoire contesté depuis plus de vingt ans.

«Le Pakistan nie parce que l'Inde n'apporte pas de preuves concrètes, mais cela fait peu de doutes, car ça ne serait pas la première fois» qu'Islamabad serait impliqué, a souligné le spécialiste en entrevue.
Islamabad a également dit mercredi anticiper une frappe militaire indienne de représailles dans les deux jours, et s'est dit prêt à répliquer.
Le ministre pakistanais de l'Information, Attaullah Tarar, a averti que «toute agression entraînera une riposte décisive», ajoutant que «l'Inde sera pleinement responsable de toute conséquence grave dans la région». De son côté, selon son entourage, le premier ministre indien, Narendra Modi, a donné carte blanche à l'armée, mardi, pour organiser la «riposte indienne à l'attaque».

Une hostilité de longue date
Les deux rivaux partagent plus de 2 900 km de frontière terrestre.
Depuis le cessez-le-feu qui a conclu leur première guerre en 1949, leurs troupes se font notamment face le long des 770 km de la «ligne de contrôle» (LoC) qui coupe le Cachemire en deux, des sommets enneigés de la chaîne de l'Himalaya jusqu'aux plaines fertiles du Penjab.

Les deux voisins revendiquent la souveraineté de l'ensemble de ce territoire à majorité musulmane depuis la partition sanglante qui a suivi leur indépendance en 1947.
La partie indienne du Cachemire est le théâtre d'une insurrection séparatiste engagée en 1989. Elle a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, rebelles, soldats indiens et civils.

Les deux pays s'accusent mutuellement de soutenir des groupes armés de l'autre côté de leur frontière.
Deux armées prêtes à combattre
L'Inde - le pays le plus peuplé du monde, avec 1,4 milliard d'habitants - et le Pakistan - 240 millions d'habitants - disposent tous deux de l'arme nucléaire et de puissantes forces armées.
Celles du Pakistan sont largement équipées de matériel chinois, ainsi que de drones turcs.
Première importatrice d'armes de la planète, selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, l'Inde s'est longtemps fournie auprès de la Russie, mais s'est diversifiée en se tournant vers les États-Unis, la France et Israël.

Les deux pays ont augmenté leurs capacités militaires depuis le dernier incident armé d'envergure qui les a opposés en 2019, après une attaque-suicide contre un convoi de soldats indiens.
Voici l'état de leurs forces, selon les statistiques de l'Institut international pour les études stratégiques (IISS) basé à Londres:
Pakistan
Effectifs militaires: 660 000
Police et paramilitaires: 291 000
Budget de la défense: 10 milliards de dollars (2025)
Capacités nucléaires: le Pakistan dispose de missiles nucléaires sol-sol et air-sol, de portée courte ou intermédiaire. Il souhaite s'équiper en sous-marins susceptibles de lancer des têtes nucléaires.
Avions: 812
Hélicoptères: 322
Véhicules blindés: 6 137
Pièces d'artillerie: 4 619
Inde
Effectifs militaires: 1 475 000
Police et paramilitaires: 1 616 000
Budget de la défense: 81 milliards de dollars (2025)
Capacités nucléaires: pour l'essentiel des missiles sol-sol, de portée intermédiaire. Des missiles de longue portée sont en cours de test. L'existence de missiles air-sol à têtes nucléaires n'a pas été confirmée. L'Inde développe en outre des forces sous-marines susceptibles de lancer des têtes nucléaires.
Avions: 1 437
Hélicoptères: 995
Véhicules blindés: 7 074
Pièces d'artillerie: 11 225