Pourquoi le meurtre de Brian Thompson, le PDG d’UnitedHealthcare assassiné à New York, réjouit tant de monde

Andrea Lubeck
Mercredi dernier, le PDG de l’assureur maladie UnitedHealthcare (UHC), Brian Thompson, a été tiré à bout portant en plein centre-ville de New York. Sur les réseaux sociaux, plusieurs personnes se réjouissent de sa mort tragique. Comment expliquer une telle acrimonie?
• À lire aussi: Qui est Luigi Mangione, l’homme arrêté en lien avec l’homicide du PDG d’UnitedHealthcare
• À lire aussi: Un homme arrêté en lien avec le meurtre du PDG assassiné à New York
• À lire aussi: PDG assassiné: le suspect, Luigi Mangione, fait face à 5 chefs d’accusation criminels
L’événement est l’un des rares qui rassemblent autant d’Américains, constate-t-on à la lecture des publications faites sur les réseaux sociaux. La colère collective envers le système de santé transcende même les divisions politiques. Cette affaire continue à fasciner la planète, alors que les autorités ont annoncé avoir arrêté Luigi Mangione, 26 ans, lundi après-midi, considéré comme suspect.
«J’espère que le tireur du PDG de UHC ne sera jamais identifié et qu’il deviendra un héros du folklore américain pendant des centaines d’années», écrit une personne sur X.
I hope the UHC CEO shooter is never identified and goes on to become a hero of American folklore for hundreds of years
— muppet corpse (@Angiepants) December 4, 2024
«“Brian Thompson était tout de même un humain et avait une femme et des enfants!” Oui, tout comme les personnes à qui il a refusé une couverture et qui sont mortes», commente une autre.
“Brian Thompson was still human and had a wife and kids!”
— Sailor Moon 🎄 (@stealyoredbull) December 4, 2024
Yea, so were the people he denied coverage to that died. pic.twitter.com/BZ6PRtBZZ0
«Aujourd’hui, nous pleurons la mort du PDG de UnitedHealthcare, Brian Thompson, abattu... Attendez, je suis désolé. Aujourd’hui, nous pleurons la mort des 68 000 Américains qui meurent inutilement chaque année pour que des dirigeants de compagnies d’assurance comme Brian Thompson puissent devenir multimillionnaires», ironise un utilisateur.
Today, we mourn the death of United Healthcare CEO Brian Thompson, gunned down.... wait, I'm sorry - today we mourn the deaths of the 68,000 Americans who needlessly die each year so that insurance company execs like Brian Thompson can become multimillionaires.
— Prof Zenkus (@anthonyzenkus) December 4, 2024
«Rien de tel qu’une exécution publique pour rassembler le pays à l’occasion du temps des Fêtes», commente une autre.
Nothing like a public execution to bring the country together for the holidays. #UnitedHealthcare #BrianThompson
— Saundra Edgell (@saundra_edgell) December 6, 2024
Manhunts are great for the economy pic.twitter.com/ThmfZmxF5k
La diffusion d’images captées par une caméra de surveillance par la police de New York de celui qui est soupçonné d’être le tireur a même suscité des commentaires aguichés.
«Concours de sosie du tireur du PDG de UnitedHealthcare dans ma chambre à 8pm ce soir», écrit une femme sur X.
UnitedHealthcare CEO gunman lookalike contest in my room 8pm tonight https://t.co/5fgYRAxePs
— hafsy (@honestlyhafsa) December 5, 2024
Une industrie lucrative
En 2023, UnitedHealthcare, le plus gros fournisseur privé d’assurance maladie aux États-Unis comptant 50 millions de clients, a engrangé 16,4 milliards $US en bénéfices. La rémunération de son patron s’est élevée à plus de 10 millions $US.
La même année, l’entreprise a refusé le tiers des réclamations qui lui ont été soumises, soit le double par rapport à la moyenne nationale de 16%, selon les analystes de ValuePenguin. UnitedHealthcare figure ainsi parmi les assureurs qui ont le plus fort taux de refus au pays.
L’une des pratiques de l’assureur qui cause le plus de frustrations: l'utilisation de l’intelligence artificielle dans l’analyse des réclamations. Cette pratique fait même l’objet de poursuites.
L’assureur saurait que son logiciel a un taux d’erreur de 90%, selon les familles de deux bénéficiaires décédés d’UHC à l’origine de l’action en justice déposée en novembre 2023.
Des soins auraient donc été refusés à tort, «outrepassant les décisions de leurs médecins traitants quant aux soins médicalement nécessaires», peut-on lire dans la poursuite.
— Avec des informations de l’AFP et de CBS