Pourquoi est-il permis de mépriser les «Blancs»?


Mathieu Bock-Côté
Interviewée par Stéphan Bureau, Léa Clermont-Dion, la militante et documentariste féministe bien connue, s’est permis un commentaire quelque peu désobligeant sur Rawdon, sa ville de naissance, en disant que la ville avait un côté «sauvage», inculte, et même «white trash pittoresque».
Bureau l’a invitée à préciser son propos en lui faisant remarquer qu’il était quelque peu méprisant.
Sans surprise, elle s’est victimisée en faisant porter la responsabilité à ses concitoyens, qui n’auraient pas été gentils avec elle.
- Ne manquez pas La rencontre de l'heure Bock-Côté - Martineau, tous les jours 10h, en direct ou en balado sur QUB radio :
Racisme
Et quand Bureau lui a demandé si elle oserait parler avec une semblable condescendance de n’importe quel autre groupe, ou si elle oserait parler du «black trash», elle s’est braquée en disant que ça ne marcherait pas. Ah bon? Pourquoi?
Soyons honnêtes : si quelqu’un parlait de Montréal-Nord de la même manière que Léa Clermont-Dion parlait de Rawdon, il serait accusé de racisme antinoir. Pourquoi personne n’a cru voir de son propos une forme de racisme antiblanc? Peut-être est-ce parce qu’un certain racisme antiblanc inconscient est bien vu chez les mondains, d’autant qu’il refuse de porter ce nom?
Cette séquence m’a fasciné tellement elle est révélatrice.
D’abord et avant tout, on peut croire que sans Stéphan Bureau dans le rôle de l’intervieweur, elle n’aurait jamais eu lieu. Bureau a su troubler le déroulement de la pensée de Clermont-Dion en en soulignant les contradictions, sans agressivité ni complaisance.
Car il faut se le dire : la très grande majorité de ceux qui composent notre paysage médiatique partagent les préjugés de Léa Clermont-Dion et s’imaginent qu’on peut tourner en ridicule le Québec rural et régional sans se faire accuser de propos haineux.
De ceux qu’on appelle les Blancs, on peut tout dire, on peut les maudire, les ridiculiser, les humilier : cela est considéré comme juste et bon.
Mais la moindre parole critique ou sceptique à l’endroit des minorités peut vous valoir le bannissement médiatique immédiat et la peine de mort sociale. C’est ce qu’on pourrait appeler la logique du deux poids, deux mesures.
Je précise que Léa Clermont-Dion s’est amendée à la suite des questions de Stéphan Bureau, ce qui est tout à son honneur. Peut-être a-t-elle pris conscience de ses préjugés et de ses biais implicites contre les Blancs? Peut-être prend-elle conscience de son privilège progressiste qui lui permet de dire de tels propos stigmatisants sans en payer le prix?
Mais tout cela devrait nous amener à réfléchir plus largement sur cette logique du deux poids, deux mesures que j’évoquais plus haut.
- Ne manquez pas La rencontre de l'heure Bock-Côté - Martineau, tous les jours 10h, en direct ou en balado sur QUB radio :
Minorités
Pourquoi celui qui critique l’islam se fait-il accuser d’islamophobie, alors que celui qui critique le catholicisme n’est jamais accusé de cathophobie?
Comment se fait-il que si une personne issue d’une «minorité» se fait refuser un poste à cause de sa couleur de peau, on dénonce avec raison le racisme, mais si un Blanc se fait refuser un emploi à cause de la couleur de sa peau (souvent au nom de la supposée «discrimination positive»), on refuse de parler de racisme?
Je pourrais multiplier ce genre d’exemples.
Hélas.