Des Libanais continuent de faire la fête pendant que des missiles traversent le ciel

Maude Larin-Kieran
Des vidéos de Libanais dansant et faisant la fête pendant que des missiles israéliens traversent le ciel sont devenues virales sur des réseaux sociaux depuis dimanche.
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Sur Tiktok et Instagram, ces images montrent notamment des jeunes fêtards sur une terrasse danser au son des chansons du groupe ABBA en pointant les projectiles lumineux, ou encore un saxophoniste poursuivant son spectacle devant une foule sur une terrasse d’un toit de Beyrouth, comme s’il était indifférent à ce qui se passe dans le ciel.
Depuis les derniers jours, les tensions entre Israël et l’Iran se sont intensifiées avec des frappes israéliennes ciblant des installations nucléaires iraniennes, tandis que l’Iran a riposté avec des attaques de missiles contre des infrastructures israéliennes. Si cette escalade inquiète la communauté internationale, des scènes de Libanais qui font la fête peuvent sembler surréalistes.

La créatrice de contenu Anastasia Pakhomovskaya, suivie par plus de 86 000 personnes sur TikTok, a publié une vidéo où elle danse devant un ciel traversé par des missiles. «Juste un autre week-end au Liban où tu es en première rangée de la troisième guerre mondiale», peut-on lire en légende sous la vidéo.
Le saxophoniste Alain Otatek, qui a continué de jouer malgré les missiles traversant le ciel, a tenu à affirmer qu'il ne prenait pas parti après avoir constaté la popularité de sa vidéo. «J'ai joué de la musique parce que c'est la seule manière que je connaisse de répondre à la situation», a-t-il déclaré à l'émission française Quotidien.

Position stratégique
Même si le Liban est au carrefour de conflits régionaux au Moyen-Orient,cette région du Liban est rarement aux premières loges. «C'est un spectacle quand même assez impressionnant de voir que ça vole. C'est la première fois qu'on a des guerres pareilles dans cette région», affirme Sami Aoun, directeur de l'Observatoire sur le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à la Chaire Raoul-Dandurand.
L'expert précise que ce phénomène était déjà survenu en avril 2024, lors des frappes entre Israël et l'Iran, «mais ça n'arrive pas chaque jour».
«Le Liban et surtout la plaine de la Bekaa, même vers Beyrouth, c'est un point de passage, un corridor qui est utilisé pour frapper à l'intérieur d'Israël, au territoire israélien. Alors c'est pourquoi on les voit passer, explique le spécialiste. Et la plaine de la Bekaa, ça, c'est un corridor aussi qui est utilisé par les Israéliens pour aller frapper en Iran.»
Même si les citoyens sont habitués aux conflits dans cette région, M. Aoun précise que cette fois, cela dépasse les démonstrations de force. «La première fois, on a reproché à l'Iran de faire plus de spectacles que la guerre, mais cette fois-ci, c’est beaucoup plus sérieux», lance-t-il.
Toutefois, ces vidéos ne résument pas le sentiment qui règne chez la population libanaise, met en garde Sami Aoun.
«C'est une joie populaire, mais cela n'est pas partout au Liban, c'est presque dans des coins des communautés un peu partielles, un peu circonscrites.»
«Et parfois, TikTok et ces trucs lui donnent un peu beaucoup d'ampleur», ajoute l'expert.