Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Éducation

Élèves en difficulté: pour en finir avec les classes «excessives et inacceptables»

Un conciliateur propose des pistes de solutions pour éviter que les groupes ne débordent d’élèves en difficulté

Un comité paritaire été créé afin de trouver des solutions à la composition des classes, compliqués par l’intégration des élèves à besoins particuliers dans les groupes réguliers.
Un comité paritaire été créé afin de trouver des solutions à la composition des classes, compliqués par l’intégration des élèves à besoins particuliers dans les groupes réguliers. Photo d’archives
Partager
Photo portrait de Daphnée  Dion-Viens

Daphnée Dion-Viens

2023-02-20T05:00:00Z
Partager

Afin d’alléger le quotidien des professeurs aux prises avec des groupes qui débordent d’élèves en difficulté, un conciliateur propose au ministre Drainville des pistes de solutions pour éviter des situations jugées «excessives et inacceptables».

• À lire aussi: «Abdel veut aller à l’école»: un enfant trisomique manifeste pour son droit à l’éducation

Les problèmes entourant la composition des classes, liés à l’intégration des élèves en difficulté dans les groupes réguliers, sont au cœur des revendications des enseignants depuis déjà plusieurs années. 

En janvier dernier, Le Journal rapportait que des professeurs étaient à bout de souffle, dans des classes où au moins la moitié des élèves ont couramment des difficultés d’apprentissage ou de comportement. 

Lors de la dernière négociation avec la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) en 2020, un comité paritaire composé de représentants de la FSE et des centres de services scolaires a été créé afin d’identifier des solutions.  

L’initiative a été pilotée par le conciliateur Jean-Guy Ménard, qui a récemment remis son rapport au ministre de l’Éducation, Bernard Drainville. 

Dans ce document, dont Le Journal a obtenu une copie, M. Ménard admet d’entrée de jeu qu'il n’a pas encore réussi à dénouer l’impasse entre les deux parties.   

Il propose néanmoins des pistes de solution pour corriger cette problématique qu’il juge «éminemment préoccupante», puisque la composition de certains groupes demeure «excessive et inacceptable» en raison des dommages causés à tous ceux qui en subissent les contrecoups en classe. 

Publicité

«J'ai le sentiment que des enseignantes et des enseignants ont autant besoin d'aide que le modèle d'intégration en place a besoin d'air, et ce, d'une manière plus particulière au niveau [du] primaire», peut-on lire. 

S’attaquer au problème en amont

M. Ménard suggère de mettre en place, au début juin, un exercice menant à la composition des classes pour l’année suivante qui réunira tout le personnel de l’école, y compris les enseignants et les professionnels, afin d’éviter de créer des groupes composés d’un trop grand nombre d’élèves à besoins particuliers. 

Pour y arriver, plusieurs critères devraient être pris en compte (voyez plus bas). 

En cas de désaccord, un comité paritaire serait mis en place dans chaque centre de services afin de se pencher sur les compositions de classe jugées problématiques par les enseignants et d’identifier des solutions (ajout de ressources, co-enseignement, création d’un groupe supplémentaire, etc.). 

Le conciliateur propose par ailleurs d’augmenter le financement consacré au soutien à la composition de la classe dans la dernière convention collective et d’alléger la tâche des professeurs, pour qu’ils puissent passer plus de temps à enseigner plutôt qu’à surveiller les récréations ou à faire des tâches administratives. 

Ce rapport a été très bien reçu par la FSE, qui y voit un «petit bijou». Pour l’instant, les balises entourant la composition des groupes relèvent d’un «pur calcul mathématique» et «on veut mettre de l’humanité dans le calcul», indique sa présidente, Josée Scalabrini, qui juge ces propositions très intéressantes dans le contexte des négociations qui se déroulent actuellement avec le gouvernement. 

Publicité

À la Fédération des centres de services scolaires, on s’est contenté d’indiquer que le contenu de ce rapport serait abordé dans le cadre du processus de négociation en cours. 

«Nous pensons qu’il est avisé de laisser les représentants des parties nationales faire leur travail et convenir ensemble de solutions satisfaisantes [...] afin de favoriser la réussite éducative de tous les élèves, tout en soutenant le personnel scolaire», a affirmé son président-directeur général adjoint, Dominique Robert, dans une déclaration écrite.  

Au cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, on indique que «toutes les pistes de solutions sont évidemment les bienvenues». 

«Les enjeux comme la composition de la classe font l’objet des négociations. Nous invitons à nouveau les syndicats à venir en discuter aux tables de négociations et aux forums», a indiqué son attachée de presse, Florence Plourde.


GROUPES «À DÉFIS PARTICULIERS»

Des indicateurs à prendre en compte pour éviter les groupes «à défis particuliers» selon le rapport Ménard : 

  • Le nombre et la complexité des mesures dans les plans d’intervention  
  • Le nombre d’élèves en modification  
  • Les groupes à plus d’une année d’étude (multiniveaux)  
  • Les élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation 
  • Les élèves en non-redoublement  
  • Les élèves allophones sans classe d’accueil  

Actuellement, seulement trois catégories d’élèves sont prises en compte pour la création des groupes dans la convention collective des enseignants* :

  • Les élèves ayant un problème grave de comportement 
  • Les élèves ayant un problème du spectre de l’autisme 
  • Les élèves ayant un problème psychopathologique 

*Ces jeunes comptent pour au moins deux élèves dans le calcul.

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité