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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Le «nouveau» Publisac soulève la colère des postiers

Les syndiqués de Postes Canada n’apprécient pas l’astuce de TC pour livrer les dépliants publicitaires

Alain Robitaille, président du STTP Section locale de Montréal, tenant dans ses mains un Publisac.
Alain Robitaille, président du STTP Section locale de Montréal, tenant dans ses mains un Publisac. Capture d'écran, YouTube STTP
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Photo portrait de David Descôteaux

David Descôteaux

2022-10-11T21:03:08Z
2022-10-12T01:50:08Z
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Le «nouveau» Publisac que souhaite faire livrer TC Transcontinental par Postes Canada soulève la colère des postiers au front qui sont mal outillés pour faire ce travail.

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Pas question de livrer le Publisac dans les conditions dictées par Postes Canada, dit le syndicat des postes. Celui-ci déposera un grief lundi prochain, s’il doit envoyer ses employés «au front» alors que ceux-ci sont mal outillés pour faire le travail.

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L’astuce de TC Transcontinental, qui vise à utiliser Postes Canada pour contourner la réglementation et continuer à livrer son Publisac à Montréal, ne passera pas comme une lettre à la poste si on se fie au syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). 

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«Lundi prochain, la livraison va débuter dans les installations de Snowdon et Chabanel. Ces deux bureaux de poste vont être les “guinea pigs” de l’expérience ! On ne voudrait pas qu’il y ait d’événements malheureux et c’est pourquoi on demande le report afin que tout soit mis en place avant de commencer», dit Yannick Scott, porte-parole du STTP.

Surcharge de travail et danger 

Le nouveau Publisac est différent de l’ancien «sac en plastique». Il peut peser jusqu’à 200 grammes, mesure 11 pouces sur 12 pouces et renferme jusqu’à 8 circulaires d’épiceries ou de pharmacies.

Avec ce poids et ces dimensions, le sac d’un facteur pourra contenir un maximum de 79 circulaires, sans même une seule lettre. Donc, l’employé devra faire plusieurs allers-retours à son camion pour se ravitailler. 

«Malheureusement, certains poussent toujours au-delà de la limite de poids suggérée et vont surcharger leur sac pour faire moins d’allers-retours, explique Yannick Scott. En ce moment, il fait beau, mais cet hiver avec les rues de Montréal enneigées, les trottoirs mal déneigés ou le verglas, ils vont mettre leur sécurité en jeu.»

La productivité risque elle aussi d’en prendre un coup. La livraison du courrier prendra inévitablement plus de temps, et occasionnera beaucoup d’heures supplémentaires à payer pour Postes Canada.

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Boîtes à relais

En conséquence, le syndicat exige de Postes Canada qu’elle identifie des endroits pour y déposer des quantités de circulaires (par exemple dans des édifices à logement ou dans certains commerces), afin de permettre aux facteurs et factrices d’effectuer les livraisons en continu. 

Dans les endroits où c’est impossible, Postes Canada devra installer plus de boîtes de relais (ces boîtes vertes ou grises en métal qui ont graduellement disparu au fil du temps). Le syndicat veut aussi augmenter le nombre d’heures de travail des facteurs-assistants dans les installations, et surtout, reporter la date d’introduction du 17 octobre. 

«La position de l’employeur est non seulement méprisante, mais va à l’encontre de votre santé et sécurité. Au lieu de mettre le maximum, il y va à petits pas et est en train de mettre en place une catastrophe annoncée», affirmait jeudi dernier Alain Robitaille, président de la section Montréal du STTP, dans une vidéo destinée aux facteurs et factrices. 

Postes Canada répond qu’en tant que fournisseur national de services postaux, « la société et son personnel sont tenus de livrer tout le courrier qui est correctement préparé et payé, y compris le publipostage. Cela s’inscrit dans notre mandat de longue date et fait en sorte que nous ne choisissons pas quel courrier est livré », explique le porte-parole Phil Rogers. 

Contacté par Le Journal, TC Transcontinental dit n’avoir aucun commentaire à formuler sur le sujet. 

Interdit à Mirabel

En avril, la Ville de Montréal a annoncé que le Publisac ne pourra être distribué qu’à ceux qui en feront la demande, à partir de mai 2023. Mais puisqu’elle est une société de la Couronne, Postes Canada n’est pas assujettie à la réglementation municipale et se trouve donc en droit de livrer le Publisac de TC Transcontinental. 

Plusieurs municipalités souhaitent toutefois suivre la direction prise par la Ville de Montréal, dont Laval, mais attendent de voir comment
la situation évoluera. 

La Ville de Mirabel est devenue en octobre 2019 la première ville du Québec à interdire la distribution automatique du Publisac, qui est dorénavant distribué uniquement aux citoyens qui en font la demande.  

Postes Canada dans le rouge

Postes Canada cherche par tous les moyens à augmenter ses revenus, d’où son intérêt pour distribuer le Publisac. 

La société d’État a enregistré une perte avant impôt de 160 millions de dollars au deuxième trimestre de 2022, alors que les volumes de colis ont diminué par rapport aux niveaux élevés de l’année précédente. 

Postes Canada avait perdu avant impôt 151 millions de dollars au même trimestre de l’exercice précédent.

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