Portrait du lecteur Lyndz Dantiste

Après avoir participé au 23^e Festival du Jamais Lu Montréal, le comédien Lyndz Dantiste s’apprête à jouer dans la comédie musicale Waitress. Entre-temps, il nous permet de découvrir son univers littéraire.

En ce moment, que lisez-vous ?

Je lis Baldwin, Styron et moi, de Mélikah Abdelmoumen. Mélikah avait rassemblé quelques comédiens, dont ma propre personne, pour faire une lecture de ce texte. Comment l’écrivain noir James Baldwin et l’écrivain blanc William Styron se sont-ils permis d’écrire sur l’histoire de l’autre ? Comment le faire sans être happé par la controverse et la question de l’appropriation culturelle ? J’ai eu envie de me replonger là-dedans.

De quel roman souhaitez-vous vraiment parler ?

D’un roman qui m’a marqué dernièrement : Mercure plein la gueule, d’Eve Lemieux. Eve, je l’ai rencontrée parce qu’on a fait le conservatoire ensemble. Ensuite, elle s’est mise à écrire. Dans ce livre, elle nous plonge dans le monde du vedettariat, mais en abordant le côté obscur de ce milieu (drogue, alcool, fêtes, relations toxiques...). Pour une raison que j’ignore, on est accroché à son histoire, on essaie d’avoir de l’empathie pour son personnage principal, une actrice du nom de Marie Mercure. Le sujet est sombre, mais j’ai beaucoup aimé. Et puis j’ai apprécié sa plume.

Un livre vous a-t-il déjà ému jusqu’aux larmes ?

Oui, Frankenstein, de Mary Shelley. Je ne m’attendais absolument pas à ça. Je me suis rendu compte que c’était une histoire d’amour et j’ai eu de l’empathie pour ce personnage qui, malgré son apparence monstrueuse, ne demandait qu’à être aimé. J’ai trouvé ça très triste.

Quels romans ont été pour vous de véritables coups de cœur ?

• Un livre que j’ai vraiment beaucoup apprécié, c’est Clair-obscur, de Nella Larsen. Ça se passe dans les années 1920 et on va suivre l’histoire de deux amies d’enfance afro-américaines qui sont claires de peau. Quand elles se retrouveront des années plus tard, on va découvrir que l’une d’elles a « passé la ligne », c’est-à-dire qu’elle se fait maintenant passer pour une Blanche. Et en plus, elle est mariée à un Blanc raciste qui ne sait rien de ses origines. Les critiques ont été durs envers l’autrice, Nella Larsen, et elle s’est réorientée vers les soins infirmiers. Mais cette femme écrivait tellement bien !

• J’ai aussi eu un coup de cœur pour Le grand cahier, d’Agota Kristof. En fait, j’avais vu la pièce de théâtre montée par Catherine Vidal et ensuite, j’ai voulu lire le roman. Rentrer dans l’univers de ces jumeaux obligés de vivre chez leur grand-mère, c’est quelque chose ! La façon dont ils voient la guerre et le monde est aussi dure que crue.

• Le Parfum, de Patrick Süskind, n’a pas tout de suite été un coup de cœur pour moi. J’ai commencé à le lire et ça ne m’a pas trop intéressé, alors je l’ai laissé tomber. Je l’ai rouvert des années plus tard et là, la magie a opéré. Je pouvais sentir les odeurs ! C’était à la fois un voyage dans l’imaginaire et un voyage pour les sens. Ça m’a bouleversé d’avoir eu cette relation avec un livre.

Tout de suite, que recommanderiez-vous à tout le monde de lire ?

Un manga qui s’appelle Haikyu!, de Haruichi Furudate. Je lis beaucoup de mangas et au départ, c’est mon frère qui me l’a conseillé. On y suit une équipe de volleyball qui se dirige vers les finales. Honnêtement, je ne pensais pas être aussi intrigué et aussi intéressé parce que l’histoire est seulement basée sur le volleyball. Il n’y a pas de magie ni de superhéros. On ne s’attend pas à ça d’un manga. Mais je l’ai trouvé très sensible et très touchant.

Toujours du côté des mangas, quels sont vos principaux coups de cœur ?

Je n’ai pas le choix d’y aller avec la série Naruto, de Masashi Kishimoto. J’ai une relation assez particulière avec ce manga, que je lisais chaque semaine. Vers la fin, il m’a laissé un goût amer. Mais, quelques années plus tard, je me suis retapé toute la série et je suis retombé sous le charme. J’ai apprécié qu’elle parle de l’émancipation de soi, de comment on vit le deuil des gens qui nous ont marqués, de la ténacité de travailler toujours plus fort pour arriver à son but ultime. Toutes les notions d’honneur, d’amitié, de famille sont très touchantes. J’ai aussi beaucoup aimé Kingdom, de Yasuhisa Hara, qui se passe à l’époque où il y avait la guerre des royaumes. Shin veut devenir général de l’unification de la Chine. Mais pour ça, il doit faire la guerre avec les autres royaumes du territoire. On voit comment ces gens-là ont été à l’encontre de certaines idéologies pour unifier cette Chine.

Quelle est votre bédé chouchou ?

La série des Rahan, de Roger Lécureux et André Chéret. Ça, j’ai adoré. J’aimais que ça se passe pendant la préhistoire et j’aimais suivre ce héros aux cheveux de feu qui faisait confiance à son coutelas !