Pont Pierre-Laporte: le remplacement des suspentes accéléré
Marc-André Gagnon | Journal de Québec
Jugeant « inacceptable » de ne pas avoir été informé plus tôt de l’existence d’un rapport inquiétant sur l’état des suspentes du pont Pierre-Laporte, le ministre des Transports, François Bonnardel, a ordonné que leur remplacement soit accéléré.
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Selon un rapport d’experts transmis le 21 avril dernier à des gestionnaires du ministère des Transports et dont le contenu a été révélé hier par Radio-Canada, l’usure des câbles verticaux qui soutiennent la structure du pont serait telle qu’il faudrait en remplacer la totalité, le plus tôt possible.
Sur les 160 suspentes que compte le pont Pierre-Laporte, dont le 50e anniversaire a été souligné il y a deux ans, une quinzaine ont déjà été remplacée depuis 2015, dont deux en décembre dernier.
Selon le rapport obtenu par l’émission Enquête, qui n’a pas été rendu public par le MTQ, les tests de traction effectués en laboratoire sur l’un des derniers câbles remplacés auraient démontré qu’il lui restait moins de la moitié de sa résistance d’origine, du jamais vu.
« Je trouve inacceptable le fait que je n’ai pas été informé plus tôt de ce rapport, a réagi François Bonnardel, dans une déclaration écrite. (...) Je trouve inadmissible que l’information ne soit pas remontée jusqu’au cabinet avant hier. »
Accélérer la cadence
Même si le pont demeure « sécuritaire en ce moment », le ministre a ordonné que le plan de remplacement de l’ensemble des suspentes, qui avait été planifié sur un échéancier de 15 ans, soit accéléré.
M. Bonnardel a tenu à se faire rassurant quant à la sécurité de l’infrastructure, empruntée quotidiennement par 125 000 véhicules, dont 9 % de véhicules lourds : « si nous avions le moindre doute, nous n’hésiterions pas à le fermer le temps de faire les travaux », a-t-il signalé.
« Dès cet été, nous allons consolider une quarantaine de suspentes, qui se dégradent plus rapidement à cause de la corrosion », a souligné le ministre.
Vérification faite sur le Système électronique d'appel d'offres du gouvernement (SEAO), un contrat de 14,5 millions $ a été octroyé le 26 mai dernier, à l’entreprise Stellaire Construction, afin d’exécuter ces « travaux prioritaires ».
Depuis cinq ans, plus de 95 M$ ont été dépensés pour l'inspection de la structure et diverses expertises, a rapporté le MTQ, dans un communiqué.
Conflit de travail
Ces nouvelles révélations sur la dégradation avancée du pont Pierre-Laporte, construit en 1970, surviennent alors que les ingénieurs du gouvernement mènent une grève de façon discontinue depuis le 22 avril dernier.
Début mai, l'Association professionnelle des ingénieurs du gouvernement du Québec (APIGQ) s’était inquiétée publiquement de l’intégrité structurelle du pont de Québec et du pont Pierre-Laporte, un geste aussitôt dénoncé par les ministres François Bonnardel et Sonia LeBel, qui chapeaute les négociations.
« Est-ce irresponsable de rendre publique la vérité, ou est-ce responsable de la cacher », a soulevé le président de l’APGIQ, Marc-André Martin.
En entrevue avec TVA Nouvelles, le président du syndicat s’est défendu d’être à l’origine de la fuite du rapport. « On ne sait pas c'est qui, qui a coulé le rapport », a dit M. Martin, qui juge son contenu « très inquiétant ».
À l’instar du ministre, il considère malgré tout que le pont « est sécuritaire ». « Sinon, des voies seraient déjà fermées », a indiqué M. Martin.
Important pour l'économie
L’ex-ministre des Transports libéral, Sam Hamad, trouve lui aussi « inacceptable » que M. Bonnardel n’ait pas été mis au courant du contenu du rapport plus tôt, vu l'importance que revêt ce dossier, entre autres sur le plan économique, pour la grande région de Québec.
« Je ne comprends pas ce qui s'est passé. (...) Il y a quelqu'un qui a manqué dans la chaine d'information », a commenté M. Hamad, qui soupçonne un lien entre ces révélations et le conflit de travail qui oppose le gouvernement et ses ingénieurs.
« Ça sort dans un moment de négos, donc on a tendance à y croire », a-t-il laissé tomber, sur les ondes de LCN.
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