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L'article provient de Le Journal de Québec
Sports

Pont de L’Île-Bizard: une saga de 13 ans qui rattrape l’administration à l’arrivée de la Coupe des Présidents

Le pont devait être livré en 2023 et mis en service complètement au printemps avant la Coupe des Présidents

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Photo portrait de François-David Rouleau

François-David Rouleau

2024-05-30T04:05:00Z
2024-05-30T04:15:00Z
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Il y a belle lurette que l’unique lien entre Montréal et L’Île-Bizard retient l’attention, fait couler l’encre et rager les usagers, en plus de les inquiéter. Constamment remis aux calendes grecques depuis un rapport d’inspection alarmant en 2011, le nouveau pont et sa mise en service va de retard en retard. Et voilà qu’à l’accueil d’un évènement sportif international en septembre, il ne sera évidemment pas prêt à temps.

• À lire aussi: Deux évènements sportifs majeurs à Montréal embourbés dans les chantiers routiers et l’enfer des cônes orange

C’est donc dire que le seul axe routier vers l’île où sera disputée la prestigieuse Coupe des Présidents, au Royal Montréal, dans la dernière semaine de septembre, sera entravé par un gigantesque chantier.

«On n’a vraiment pas l’air fort à Montréal», tonne le maire d’arrondissement de L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, Doug Hurley, qui agit sous la bannière d’Ensemble Montréal, dans l’opposition à la mairesse Valérie Plante.

Photo François-David Rouleau
Photo François-David Rouleau

Son arrondissement est le moins populeux de Montréal. Il représente aussi la plus faible valeur foncière. Nul doute, selon lui, que ces faiblesses ont joué dans les prises de décisions pour le nouveau pont, bien qu’il soit le troisième plus taxé, en moyenne.

Arrivé en poste en décembre dernier et habitant l’île depuis plus de 40 ans, il se dit inquiet de la logistique des transports durant la semaine du tournoi. L’évènement attirera près de 35 000 spectateurs quotidiennement en plus des déplacements réguliers de ses citoyens.

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Les travaux du nouveau pont, dont la facture s’élève à plus de 80 M$, ont débuté au printemps 2022. Il devait être livré à la fin de 2023 et complètement ouvert au début du printemps. Mais la découverte de problèmes dans les fondations dans le lit de la rivière retarde sa construction. Il ne serait prêt qu’en décembre pour une mise en service complète dans un an.

Point de fracture

Des sources ont révélé au Journal qu’avant même le début des travaux sur le pont, à la signature de l’entente avec le Royal Montréal en août 2020, le circuit de la PGA, organisateur de la Coupe des Présidents, s’inquiétait du principal axe routier vers l’île. Sans un pont capable de soutenir l’affluence quotidienne, le PGA Tour n’aurait peut-être pas signé avec le club montréalais.

On a même pu apprendre que le circuit songeait à octroyer l’édition 2027 du tournoi afin de s’assurer que le nouveau pont soit terminé. Mais l’échéancier d’une livraison en 2023 a satisfait le circuit américain.

Aujourd'hui, il doit se débrouiller avec l’énorme chantier. Plutôt qu’une nouvelle structure à quatre voies, deux dans chaque direction, ils devront composer avec une «planification dynamique» sur le pont vétuste actuel.

Plusieurs plans en branle

«C’est malheureux, car un nouveau pont aurait facilité notre logistique de plan de transports et notre travail, indique le directeur général de l’évènement, Ryan Hart, en entrevue avec le Journal.

Conférence de presse pour La Coupe du Président au Centre Bell, à Montréal, Québec, Canada. Le 30 novembre, 2022. Sur cette photo: Ryan Hart MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
Conférence de presse pour La Coupe du Président au Centre Bell, à Montréal, Québec, Canada. Le 30 novembre, 2022. Sur cette photo: Ryan Hart MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI

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«Dès notre arrivée à Montréal, nous avions des plans A, B et C», poursuit-il, alors qu’il espère ne pas plancher sur un plan W. «On touche du bois pour ne pas être frappé par d’autres chantiers dans les quartiers avoisinants. On a déjà tenu des tournois au Royal Montréal avec ce pont. On y arrivera une fois de plus.»

Hart n’est pas au bout de ses peines, car il n’a su qu’au printemps que la gare Lucien-L’Allier serait fermée. Elle représentait le point de départ pour relier la zone des fans du tournoi, située au centre-ville, aux stations de l’ouest de Montréal. Il s’est donc replié sur un plan de navettes.

Stationnements recherchés

Dès l’octroi du tournoi au Royal Montréal, le PGA Tour avait mis l'accent sur sa logistique des transports. Acheminer plus de 30 000 personnes sur une île chaque jour représentait son plus grand défi, même avec un nouveau pont. Maintenant, il s’agit de véritables maux de tête.

Tant les organisateurs que les autorités de la Ville cherchent plus de 12 000 places de stationnement dans un rayon de 25 minutes du pont de L’Île-Bizard. Des autobus transporteraient ensuite les spectateurs au club de golf.

«On espère éviter le désastre à l’entrée et la sortie du pont», lâche une source bien au fait des dossiers chauds de l’organisation, déçue de l’échéancier retardé.

Plus «facile» qu’en 2007, estime la Ville

Pointée du doigt par les citoyens et la mairie d’arrondissement pour la gestion et la lenteur du dossier qu’elle pilote, la Ville de Montréal estime même que le plan de transport sera plus «facile» que celui de l’édition 2007 du tournoi... Utopie?

REUTERS
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«Il y aura la même capacité véhiculaire de 30 000 passages par jour. On ne peut pas excéder cette capacité. On pense que ce sera plus facile avec le système de navettes et les stationnements interactifs», indique le porte-parole administratif de la Ville, Philippe Sabourin.

Philippe Sabourin, porte-parole administratif de la Ville de Montréal.
Philippe Sabourin, porte-parole administratif de la Ville de Montréal. Photo d'archives, Agence QMI

Pourtant, le paysage est truffé de cônes, de murets de ciment et de panneaux de signalisation annonçant les détours. Ce qui n’était pas le cas il y a 17 ans, quand ce fut ardu, comme lors des omniums canadiens de 1997, 2001 et 2014.

Amateur de golf, le maire de l’arrondissement L'Île-Bizard–Sainte-Geneviève, Doug Hurley, sait que les visiteurs seront marqués par les désagréments des transports, mais il espère que sur le parcours, le tournoi sera un succès.

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