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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Policiers de Val-d’Or c. Radio-Canada: charge frontale contre la société d’État

Le procès entre dans son dernier droit avec les plaidoiries finales des avocats

Me Marco Gaggino représente 42 policiers de Val-d'Or qui réclament près de 3 M$ à Radio-Canada pour un reportage de l'émission Enquête diffusé en 2015.
Me Marco Gaggino représente 42 policiers de Val-d'Or qui réclament près de 3 M$ à Radio-Canada pour un reportage de l'émission Enquête diffusé en 2015. Photo Michaël Nguyen
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Photo portrait de Michael Nguyen

Michael Nguyen

2024-05-02T19:30:18Z
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Les policiers de Val-d’Or qui réclament 3 M$ en diffamation à Radio-Canada en lien avec un reportage-choc ont mené une charge frontale contre la société d’État, jeudi, en lui reprochant d’avoir accumulé des rumeurs pour ensuite les présenter comme des faits.

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«[Ne pas corroborer des informations] ce n’est pas mal faire son travail, c’est de ne pas faire son travail», a lancé Me Marco Gaggino, ce jeudi au palais de justice de Montréal.

L’avocat, qui représente 42 policiers de Val-d’Or, livrait ses plaidoiries finales au procès civil qui oppose ses clients à Radio-Canada, en lien avec un reportage de l’émission Enquête diffusé en 2015.

Intitulé Abus de la SQ: des femmes brisent le silence, la journaliste donnait la parole à des femmes autochtones de Val-d’Or, en Abitibi, qui affirmaient avoir été victimes de violences physiques et sexuelles de la part de policiers.

Cette enquête avait causé une onde de choc, contribuant à la création de la commission Viens sur les relations entre les Autochtones et les services publics.

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Pas de vérifications

Or, plaident les policiers, les informations diffusées étaient fausses. Certes, il y avait des rumeurs sur le sujet, mais la journaliste aurait dû tenter de corroborer les informations recueillies.

«Si le reportage avait dit qu’il existait des rumeurs, on n’aurait aucun problème avec ça, mais ne dites pas que ce sont des faits», a plaidé Me Gaggino.

Quant aux prétentions de Radio-Canada voulant que le reportage ait été d’un intérêt public «incontestable», l’avocat a rétorqué que «la fin ne justifie pas les moyens».

«On ne peut pas utiliser l’intérêt public immense pour se dédouaner et écarter les normes journalistiques », a-t-il plaidé.

Plus tôt dans le procès, la journaliste avait affirmé avoir cru les femmes interviewées, car «elles ne disaient pas toutes la même chose» ou encore parce que «ce n’était pas dit sur un ton belliqueux».

La journaliste Josée Dupuis (à gauche) lors de son passage au palais de justice de Montréal ce jeudi 2 mai 2024, dans le procès en diffamation intenté par des policiers de Val-d'Or. PHOTO MICHAËL NGUYEN
La journaliste Josée Dupuis (à gauche) lors de son passage au palais de justice de Montréal ce jeudi 2 mai 2024, dans le procès en diffamation intenté par des policiers de Val-d'Or. PHOTO MICHAËL NGUYEN Photo Michaël Nguyen

Deux visions

Elle avait toutefois reconnu une erreur à propos d’une femme qui avait dit avoir été violée par un policier 20 ans plus tôt. Or, à cette époque, c’était la police municipale qui œuvrait à Val-d’Or.

«Pour moi, il y a eu transgression au principe d’exactitude [en journalisme], ç’a induit le public en erreur», avait témoigné l’expert en journalisme Marc-François Bernier, en reprochant du «sensationnalisme» de la part de Radio-Canada.

Marc-François Bernier, lors de son passage au palais de justice de Montréal le lundi 15 avril 2024.
Marc-François Bernier, lors de son passage au palais de justice de Montréal le lundi 15 avril 2024. Photo Pierre-Paul Poulin / Le Journal de Montréal

Un autre expert, retenu par la société d’État, avait défendu le reportage en louangeant la journaliste pour avoir réussi à créer un contact avec les femmes autochtones.

«C’est un exploit d’avoir réussi à les faire témoigner à visage découvert», avait témoigné l’expert Gilbert Lavoie.

L'expert en journalisme Gilbert Lavoie témoignait ce mercredi 17 avril 2024 au palais de justice de Montréal, dans le cadre du procès civil de policiers de Val-d'Or contre Radio-Canada. PHOTO MICHAËL NGUYEN
L'expert en journalisme Gilbert Lavoie témoignait ce mercredi 17 avril 2024 au palais de justice de Montréal, dans le cadre du procès civil de policiers de Val-d'Or contre Radio-Canada. PHOTO MICHAËL NGUYEN Photo Michaël Nguyen

Le procès civil, qui s’étire depuis trois mois, touche à sa fin. Une fois les plaidoiries des policiers terminées, ce sera au tour de Radio-Canada la semaine prochaine.

Le juge Babak Barin devrait ensuite prendre sa décision en délibéré.

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