Plusieurs gardiens de but en arrachent depuis le début des séries éliminatoires de la LNH


Jonathan Bernier
Le temps où les gardiens de but régnaient sur la LNH semble révolu. Leur tenue depuis le début des séries en est un bon indice. Six des 11 hommes masqués qui ont vu de l’action au cours de la deuxième ronde affichent, depuis le début du tournoi, un taux d’efficacité inférieur à ,900.
• À lire aussi: Les gardiens sont devenus des cibles depuis le début des séries éliminatoires de la LNH
Six sur 11, c’est 54,55% des gardiens. C’est exactement le même ratio que celui des éliminatoires de l’an passé. Selon les chiffres fournis par le bureau des statistiques de la LNH, ça ne s’était pas vu depuis 1993, époque coïncidant avec la fin des gardiens en carton des années 1980.

Comment expliquer ce revirement de situation après une domination de trois décennies? Pascal Leclaire a sa petite idée là-dessus.
«Je suis certain que la profondeur des équipes a un lien avec ça. Autrefois, un gars de quatrième trio, ça ne marquait pas de buts, a rappelé l’ancien gardien de la LNH devenu analyste à TVA Sports. Aujourd’hui, ils sont capables de patiner et de faire des jeux. Maintenant, tout le monde peut avoir un impact offensivement.»
Les défenseurs sèment le chaos
«Tout le monde», ça implique les défenseurs. Plus que jamais, ils se portent en attaque.
«C’est rendu que les défenseurs foncent au filet. Ça fait cinq gars à surveiller au lieu de trois, a fait remarquer Mathieu Chouinard, également analyste à TVA Sports. Ça crée du chaos, de la confusion. Des joueurs perdent leur couverture, donc tu ne sais jamais ce qui va arriver.»
Même quand ils ne se joignent pas à l’attaque, les arrières ont peaufiné leur façon de mettre le gardien adverse à l’épreuve.
«Avant, quand la rondelle remontait à la ligne bleue, le défenseur décochait un lancer frappé sans bouger. Maintenant, il se déplace sur la ligne, améliore son angle et tire vers le filet», a indiqué Chouinard.
Ajoutez à cela le fait que les défenseurs ont beaucoup moins de liberté qu’autrefois près de leur gardien et vous vous retrouvez avec le festival de la cohue dans l’enclave.
«C’est terminé le temps où les gars pouvaient jouer du Sher-Wood. Lorsque c’était toléré, ça permettait au gardien de voir arriver les lancers de loin, a indiqué Leclaire, choix de premier tour des Blue Jackets en 2001. Aujourd’hui, les écrans sont doubles: tu as l’attaquant et ton défenseur dans le champ de vision.»
Un blâme aux gardiens
Donc, plus de bâtons, plus de paires de patins et plus de corps sur lesquels la rondelle peut ricocher.
«Regarde les Jets. Ils ont accordé moins de 30 tirs dans chacun de leurs matchs. Pourtant, ils ont accordé un paquet de buts. Pourquoi? À cause des écrans et des déviations dans l’enclave, a analysé Chouinard. Quand [Connor] Hellebuyck l’a compris, il s’est mis à jouer moins profondément. Mais il était trop tard.»

Ce qui nous amène à la responsabilité des gardiens dans cette baisse d’efficacité. Oui, les habiletés des joueurs n’ont jamais été aussi élevées, mais ceux qui défendent le filet ont une partie du blâme à porter.
«Sur les tirs voilés, ils se contentent de jouer les probabilités. Ils se fient trop à leur corps en espérant se faire frapper par la rondelle au lieu de travailler pour essayer de la repérer et trouver des solutions pour l’arrêter, a reproché Leclaire. C’est la raison pour laquelle ils se font souvent battre de loin.»
Et c’est, en partie, ce qui explique pourquoi il s’est marqué 6,1 buts par match au cours des deux premiers tours des présentes séries, une moyenne atteinte pour la troisième fois en quatre ans.
Mais qui ne s’était vue qu’une fois en 27 ans (en 1995) de 1994 à 2021.