Plus de 3,5 M$ volés dans des fraudes par textos: «Il y a un manque de maturité dans le système bancaire»
Ces chiffres représentent une fraction de l’argent volé, car plusieurs victimes n’avisent pas le Centre antifraude du Canada


Francis Halin
Les Québécois ont perdu un bon 3,5 M$ par des fraudes par texto en l’espace d’un peu plus de cinq ans, révèlent des données du Centre antifraude du Canada (CAFC) obtenues par Le Journal.
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«Il y a un manque de maturité dans le système bancaire. On est encore pris avec des plateformes qui datent d’une autre époque», dénonce en entrevue au Journal Éric Parent, expert en cybersécurité, PDG de Eva technologies.
«Pourquoi peut-on encore ajouter des bénéficiaires facilement dans les institutions financières, alors que des sites comme Amazon sont beaucoup plus robustes?», se demande-t-il à voix haute.

D’après lui, les Québécois doivent relever d’un cran le niveau de vigilance parce que les fraudeurs ont du flair quand vient le temps de trouver de nouvelles raisons pour leur soutirer de l’argent.
«Toute raison est bonne pour voler. Au lieu d’envoyer un message à l’aveuglette, on cible des événements d’actualité», observe Éric Parent.
Entre janvier et mars dernier, plus de 186 128,53$ ont été volés au Québec dans des fraudes par texto, en trois mois seulement, ce qui n’augure rien de bon cette année, selon des données du Centre antifraude du Canada (CAFC).
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Argent volé par texto au Québec
2023 : 1 680 240,29$
2022 : 1 205 143,63$
2021 : 399 475,67$
2020 : 67 590,02$
2019 : 83 158,04$
2018 : 91 854,77$
(Source : Centre antifraude du Canada)
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Escrocs partout
Chez Interac, on confirme que les usurpations d’identité sont plus répandues que jamais.
«Les escrocs sont connus pour se faire passer pour des amis, de la famille et des entreprises bien connues dans le but de voler de l’argent ou des informations personnelles», illustre sa porte-parole Fiona Bang.
«Si une personne reçoit un transfert inattendu, elle devrait contacter l’expéditeur pour vérifier qu’il est légitime», ajoute-t-elle.
Ces dernières semaines, Le Journal a été inondé de lecteurs qui disaient avoir reçu des textos de factures à payer du pont de l’A25. Or, vérification faite, l’entreprise n’utilise tout simplement pas les textos comme moyens de paiement.

«Ces tentatives d’hameçonnage auraient débuté en décembre 2023. Nous avons agi rapidement afin d’informer nos clients, les mettre en garde via un message d’alerte sur notre site web», indique sa porte-parole Sylvie Godin.
«Ce n’est que par pure coïncidence que certains de nos clients sont ainsi sollicités. Conséquemment, il nous est impossible d’évaluer l’ampleur de cette tentative de fraude», conclut-elle.