Déjà 2 millions de réfugiés: la folie pour quitter l'Ukraine
On assiste à la crise de réfugiés la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale
Roxane Trudel
Les Ukrainiens terrorisés ont fui par centaines de milliers leur pays hier, gonflant à 2 millions les réfugiés alors que l’Europe prévoit en recevoir plus de 5 millions.
• À lire aussi: [EN DIRECT] 12e jour de guerre en Ukraine: voici tous les développements
• À lire aussi: Irlande : un camion fonce sur le portail de l’ambassade russe, un homme arrêté
Le nombre s’établissait mardi matin précisément à 2 011 312 personnes et la Pologne en a reçu plus de la moitié.
Parmi eux se trouve une famille de quatre personnes qui ont paqueté leurs sacs en 15 minutes pour quitter la ville de Kharkiv. Ils ont abandonné certains de leurs animaux derrière eux, après que quatre explosions aient secoué l’immeuble résidentiel voisin du leur.
« On a commencé à avoir peur de chaque son, a confié hier au New York Times (NYT) la mère de famille de 42 ans, Yuliia, dont le conjoint retournera au front. On veut juste que ce cauchemar cesse. »
Elle fait partie des 1,7 million d’Ukrainiens qui ont abandonné leur maison pour chercher refuge depuis le début de l’invasion russe, il y a une douzaine de jours.
Il s’agit déjà de « la crise de réfugiés la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale », a indiqué le Haut Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi. L’Europe peut s’attendre à recevoir cinq millions d’exilés si le bombardement se poursuit, a quant à lui estimé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
À Irpin, environ 10 000 réfugiés ont tenté de fuir la guerre en quelques jours en empruntant une planche de bois comme pont de fortune.
Situation humanitaire grave
Ce n’est pas pour rien que les Ukrainiens fuient en masse. La situation humanitaire s’aggrave de jour en jour. Treize personnes ont encore perdu la vie hier après une frappe sur une boulangerie industrielle à Makariv, à l’ouest de Kyïv.
- Écoutez l'entrevue du spécialiste de la politique américaine, Donald Cuccioletta, avec Benoit Dutrizac sur QUB Radio:
Plus de 1500 bâtiments résidentiels ainsi que 202 écoles et 34 hôpitaux ont été détruits sous les obus, ont estimé hier les autorités ukrainiennes. Près de 1000 villes n’ont plus d’eau courante, d’électricité et de chauffage, rapportait également le NYT. Dans plusieurs d’entre elles, la nourriture et les médicaments commencent à se faire rares, selon des témoignages.
Pas de vraie solution
« Je ne pouvais plus vivre en Ukraine dans les abris. Tous les jours, j’avais peur de la mort », souligne Albina Koshariukp, 25 ans, qui songe à refaire sa vie en Crète.
Le président français Emmanuel Macron a déclaré hier qu’il ne pensait pas qu’une « vraie solution » puisse être négociée pour mettre fin au conflit « dans les jours et semaines qui viennent ».
Les autorités et l’ONU s’attendent ainsi à ce que le flot de ressortissants s’intensifie, notamment en cas d’ouverture de corridors humanitaires qui doivent permettre, en théorie, aux civils piégés de sortir.
Mais pour cela, il faut que la Russie respecte le cessez-le-feu cette fois, a déploré hier soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Il accuse l’armée russe d’avoir fait échouer à plusieurs reprises l’évacuation des civils. Dimanche, une frappe militaire russe sur un point d’évacuation a tué une famille avec deux enfants et d’autres civils qui tentaient de fuir Irpin, selon CNN.
« Ils ont même miné la route qui a été convenue pour transporter de la nourriture et des médicaments pour les personnes et les enfants de Marioupol. Ils ont détruit des bus qui doivent évacuer les gens », a-t-il indiqué.
ça va aboutir cette fois ?
Après une troisième série de pourparlers, Moscou a annoncé hier soir la mise en place de cessez-le-feu locaux, pour permettre à des civils d’évacuer dès aujourd’hui. Une première proposition, hier matin, avait été rejetée par l’Ukraine, puisque quatre des six couloirs prévus par la Russie menaient vers son propre pays ou son allié, la Biélorussie.
Jusqu’à présent, 876 ressortissants ukrainiens sont arrivés au Canada en une semaine, a indiqué l’Agence des services frontaliers du Canada à TVA Nouvelles.
– Avec l’AFP