Les voitures d’occasion plus chères et plus difficiles à trouver que jamais
Les consommateurs québécois payent de 4000 à 5000 dollars de plus qu’en 2019


Julien McEvoy
Le prix des voitures d’occasion atteint des sommets au Québec, notamment en raison d’inventaires très bas et de la voracité des Américains aux enchères.
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« Le véhicule usagé a beaucoup de succès actuellement et se vend plus cher qu’avant », indique Robert Poëti, président-directeur général de la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec.
On parle de 4000 $ à 5000 $ de plus qu’en 2019 pour une berline ou un VUS, constate Dominique Durocher, vice-présidente d’Entrepôt Auto Durocher, à Laval.
« C’est plus difficile de trouver des voitures. Le travail est plus ardu qu’il ne l’était », dit-elle. Auto Durocher écoule environ 2500 voitures d’occasion par année.
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Les Américains gourmands
Ses acheteurs doivent entre autres voyager beaucoup plus pour assister aux encans et aux enchères, où se vendent en gros les voitures en fin de location, par exemple.
Et dans ces enchères, on voit de plus en plus d’Américains qui poussent la valeur des flottes à la hausse.
« Je dois me battre contre eux. C’est pire que jamais. Ça n’a aucun sens », lance Martin Proulx, directeur général d’Occasion Beaucage, à Sherbrooke.
Le dollar américain à 1,27 $ CA les favorise grandement.
« Je pourrais vendre 80 % de ma flotte aux États-Unis demain matin », illustre-t-il.
Martin Proulx n’hallucine pas. Au cours des 12 derniers mois, les acheteurs en provenance des États-Unis ont mis la main sur 200 000 voitures d’occasion au Canada, contre 100 000 en temps normal.
« C’est la cerise sur le gâteau », dit Yves Varin, directeur national du service d’alimentation de données chez Canadian Black Book.
Beaucoup moins de voitures neuves
Là-bas comme ici, explique cet expert du secteur automobile, les inventaires de voitures neuves ont fondu l’an dernier : de 50 % pour le Canada.
Les fabricants en livrent tout simplement beaucoup moins.
Canadian Black Book estime ainsi que la valeur des voitures d’occasion vendues aux enchères a augmenté de 50 % en un an.
« Ça monte en flèche depuis janvier 2021, c’est du jamais-vu », dit Yves Varin.
- Écoutez la chronique automobile d'Antoine Joubert au micro de Benoît Dutrizac sur QUB radio:
Des retours payants
Toute cette pression sur le marché de seconde main n’a pas que du mauvais pour le consommateur, surtout celui qui arrive au terme de sa location de voiture.
« Les voitures ne se déprécient plus, elles prennent même de la valeur », s’étonne Martin Proulx, d’Occasion Beaucage.
Il donne l’exemple d’une Kia Forte 2017, 2018 ou 2019 payée 18 000 $ neuve et revendue le même prix ce mois-ci, avec 60 000 kilomètres au compteur.
La rareté des voitures d’occasion pousse aussi les concessionnaires à racheter les fins de location à meilleur prix.
« Ce n’est pas rare de voir un client à qui il reste six mois au contrat se faire offrir un chèque de 3000 $ pour reprendre le véhicule », selon M. Proulx.
Si c’est votre cas, attention, avertit Yves Varin, du Canadian Black Book.
« Quand vous recevez une offre comme ça, c’est que vous pourriez allez chercher un bon prix sur le marché de la revente », assure-t-il.
LES AUGMENTATIONS EN QUELQUES CHIFFRES
29 434 $
Prix moyen d’une voiture d’occasion au Québec, une hausse de 35 % en un an
15 327 $
Prix moyen d’une Honda Civic d’occasion, la voiture la plus recherchée au Québec
Source : chiffres pour décembre 2021 tirés de l’indice de prix d’AutoHebdo