Réglementation pour des véhicules zéro émission: Poëti invite le ministre Charette à la prudence


Marc-André Gagnon
Certains constructeurs risquent de bouder le Québec si le gouvernement quadruple les pénalités prévues pour les forcer à vendre davantage de véhicules zéro émission, craint le pdg de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), Robert Poëti.
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Comme rapporté dans nos pages lundi, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, veut renforcer la réglementation mise en place en 2018 afin d’inciter les constructeurs automobiles à offrir un plus grand nombre de véhicules propres aux consommateurs.
Le ministre propose notamment de resserrer l’encadrement de la norme VZE, qui oblige les constructeurs à accumuler un nombre minimal de crédits correspondant au nombre de véhicules verts vendus pendant l’année. La pénalité pour chaque crédit manquant passerait ainsi de 5000$ à 20 000$.
«Augmenter un peu la pression, c’est une chose. Mais la multiplier par quatre, il y a un risque qui s’installe, parce que les constructeurs ne voudront pas perdre de l’argent», a réagi M. Poëti.
Pas assez vite pour Équiterre
Le pdg de la CCAQ rappelle que le Québec, à raison de 400 000 véhicules neufs et de 200 000 voitures usagées vendus par année, représente «une goutte d’eau» par rapport au marché mondial. «Et on l’a déjà vu [dans le passé]: il y a eu des constructeurs qui ont quitté le Québec», a-t-il observé.
L’ex-ministre libéral, qui représente aujourd’hui 98% des concessionnaires automobiles du Québec, lance donc un appel à la prudence.
À l’opposé, l’experte en transport chez Équiterre, Andréanne Brazeau, juge que le gouvernement caquiste n’en fait pas assez. «Dans les faits, les pénalités vont être moindres», estime Mme Brazeau, puisque chaque véhicule zéro émission vendu donnera droit à un crédit au lieu de quatre, comme c’est le cas actuellement.
Équiterre milite pour que l’interdiction de la vente de véhicules à essence, prévue en 2035, soit devancée à 2030.
L’organisme sans but lucratif réclame également l’imposition de redevances «pour décourager l’achat de véhicules énergivores», comme les camionnettes, qui sont une grande source d’émissions de gaz à effet de serre.