Le grand théâtre de la monarchie à Ottawa
Guillaume St-Pierre et Raphaël Pirro
OTTAWA | Carrosse, coups de canon, garde d’honneur: le grand théâtre de la monarchie s’est exhibé dans tout son faste et toute sa démesure aujourd’hui à Ottawa, à l’occasion de la visite historique du roi Charles III.
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En matinée, le monarque a paradé devant le parlement à bord d’un landau entouré de 28 chevaux de la Gendarmerie royale du Canada.

Le landau, construit en Australie en 1890, doit parcourir moins d’un kilomètre, de l’édifice de la Banque du Canada jusqu’à celui du Sénat.
C’est dans cet édifice que le roi a lu le discours du Trône.
À son arrivée à l’édifice du Sénat, le roi Charles III a reçu le salut royal de la garde d’honneur de la part de 100 militaires en tenue d’apparat, qui ont présenté leurs armes au son d’une musique.

Tout ce faste a attiré la curiosité autant que l’indifférence des Québécois, qui sont nombreux (un sur deux, selon un sondage Léger–Le Journal) à vouloir se débarrasser de la monarchie, alors que 90% ne se reconnaissent pas dans cette institution.
Sa Majesté n'a toutefois pas porté son accoutrement royal, donc sa couronne et son manteau, lors de son allocution au Sénat.
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Pour impressionner Trump
C'est seulement la troisième fois dans l’histoire canadienne que le monarque se livre à l’exercice.
La reine Elizabeth II a prononcé le discours du trône au Canada en 1957 et en 1977.

Mark Carney a lancé l’invitation hautement symbolique au roi Charles en pleine tempête politique, pour contrer les menaces annexionnistes du président américain, Donald Trump.
Le roi avait d’ailleurs froissé le Canada et M. Carney lui-même, fin février, lorsqu’il avait offert à Trump une visite officielle en Grande-Bretagne qui doit avoir lieu plus tard cette année.
Charles III a mentionné à plusieurs reprises la souveraineté du Canada dans son discours.
Bain de foule
Le séjour éclair du monarque a débuté, hier, par un petit bain de foule dans la capitale fédérale, formé de quelques centaines de partisans et de curieux.
La cérémonie d’accueil bien canadienne, élaborée par le ministère du Patrimoine, s’est ouverte par une troupe de danse traditionnelle mexicaine.
Dans la foule se trouvait Marc-Antoine Rivero-Séguin, un jeune qui brandissait fièrement deux drapeaux rarement vus côte à côte: le fleurdelisé du Québec et l’Union Jack du Royaume-Uni.

«Je l’assume complètement. Je suis fier d’être Québécois, je dirais même que je suis nationaliste, je suis fier de notre culture, je suis francophone, mais je suis aussi fier de la monarchie, de l’héritage britannique qu’on a», indique-t-il.
Ce diplômé en histoire de la guerre se définit à la fois comme un «anglophile» et un «nationaliste québécois».
Après avoir vécu plusieurs années à Londres, Diego Riviera, un Américain passionné par les relations internationales, a posé ses valises à Ottawa il y a deux ans.
«En tant qu’Américain, je trouve que la venue du roi renforce vraiment la position du Canada. C’est intéressant parce que ça montre aux Américains comment ce pays fonctionne, et que le Canada n’est pas seul», dit celui qui arbore une cravate aux motifs de l’Union Jack pour l’occasion.
Et Donald Trump? «Je crois que notre président respecte les symboles de prestige, et rien ne respire plus le prestige symbolique que le roi d’Angleterre», dit-il.
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