Piétonnisation de la rue Sainte-Catherine Ouest: la Ville de Montréal revoit sa décision

Laurence Morin
La Ville de Montréal a revu sa décision concernant son projet controversé de piétonnisation de quatre tronçons de la rue Sainte-Catherine Ouest, afin de répondre aux préoccupations des commerçants et de permettre le maintien de la circulation automobile.
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Pour la phase 3 du projet de réaménagement de la rue Sainte-Catherine Ouest entre les rues Peel et Saint-Marc, la Ville de Montréal a annoncé des ajustements sur les aménagements afin «de maximiser les conditions de succès du projet», a-t-elle indiqué par voie de communiqué, jeudi.
Au fil de discussions avec la Société de développement commercial (SDC) Montréal centre-ville, la Ville a constaté qu’il y avait des «inquiétudes du milieu» quant au déploiement du projet annoncé.
Si ces partenaires économiques ont partagé la vision de la Ville pour un «réaménagement ambitieux», ils sont d’avis que le projet doit «avancer plus progressivement dans la mise en place des aménagements prévus».
Ainsi, ces ajustements permettront de maintenir la circulation automobile sur l’ensemble de la rue, y compris entre les rues Guy et Saint-Marc, et ce, même si la Ville prévoyait initialement piétonniser ce tronçon «de façon permanente dès la fin des travaux», a-t-on précisé.
«Après plusieurs échanges avec Montréal centre-ville, nous avons décidé de revoir les aménagements et de créer un comité de travail qui définira les futurs projets de piétonnisation de façon progressive», a déclaré le responsable du développement économique au comité exécutif de la Ville de Montréal, Luc Rabouin.
La Ville de Montréal a également octroyé un contrat à l’entreprise Roxboro Excavation d’une valeur de plus de 195 millions de dollars, mercredi.
«Ce mandat prévoit la remise à niveau des infrastructures souterraines désuètes, tout en bonifiant l’aménagement de la rue pour la rendre plus conviviale et moderne», a spécifié la Ville.
Les futurs projets de piétonnisation de la rue Sainte-Catherine Ouest seront désormais «testés de façon progressive».
«Une vision ambitieuse pour le réaménagement de la rue Sainte-Catherine Ouest est essentielle, mais elle doit permettre de créer un environnement qui répond aux besoins du milieu. Nous allons travailler avec nos partenaires afin de déployer cette vision de manière progressive et coordonnée», a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Les réactions
Montréal centre-ville a d’ailleurs salué les ajustements annoncés, notant une «ouverture» et «un engagement» de la part de la Ville. «Pour qu’un projet d’une telle ampleur réussisse, il doit se réaliser avec et pour les commerçants et les entreprises. L’ouverture démontrée au cours des dernières semaines, de même que l’engagement à progresser par étapes vont dans la bonne direction», affirme Glenn Castanheira, directeur général de Montréal centre-ville, par voie de communiqué.
La cheffe d’Ensemble Montréal et candidate à la mairie de la métropole, Soraya Martinez Ferrada, a accueilli «favorablement» la décision de la Ville de Montréal de faire marche arrière sur son projet de piétonnisation.
Or, Mme Martinez Ferrada est d’avis que la Ville aurait dû prendre en considération les inquiétudes des commerçants et des citoyens plus tôt. «On ne peut pas écouter les commerçants et citoyens seulement à six mois des élections, a-t-elle réagi par voie de communiqué. C’est pour cette raison que nous nous sommes opposés à ce projet dès le départ, en soulignant l’absence de concertation.»
«Dans un contexte où nos artères commerciales sont fragilisées, il est crucial que les projets d’aménagement soient rigoureux et inclusifs», a-t-elle poursuivi.
Rappelons que ce projet de piétonnisation avait semé la grogne chez de multiples commerçants et citoyens.
Selon la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), 65% de la population montréalaise souhaitait que le projet soit mis sur pause, en décembre dernier.