[PHOTOS] «C’est sauvage!»: 140 000$ d’amendes pour les «fausses motos» et «faux scooters»
Des Québécois ont perdu des centaines de dollars en achetant ces véhicules désormais interdits et invendables

Francis Pilon
Les policiers s’attendent à une augmentation de «faux scooters» et de «fausses motos» avec l’arrivée du beau temps, malgré les centaines d’amendes distribuées aux conducteurs qui circulent toujours avec ces appareils bannis depuis l’été dernier.
• À lire aussi: Rapides et dangereux: voici la liste des pires chauffards du Québec
«Il est évident que l’arrivée du printemps engendre une recrudescence de la présence de ce type de véhicules», explique Mélanie Bergeron, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Québec a pourtant prohibé le 31 juillet dernier tous les véhicules à deux ou trois roues, qui ont l’apparence d’un scooter ou d’une moto, sur les chemins publics. Les conducteurs de ces engins circulaient sans plaque d’immatriculation et même sans permis valide. Pire encore, plusieurs de ces véhicules n’étaient pas certifiés en matière de sécurité routière au Canada.
Depuis l’interdiction, le SPVM a confirmé au Journal avoir remis au moins 140 000$ en amendes à ces chauffeurs de «fausse moto» ou de «faux scooter» à Montréal.
«Le montant total d’un constat pour cette infraction est de 520$. Deux cent soixante-dix constats ont été remis au cours de la période du 30 juillet 2024 au 28 avril 2025», précise Mme Bergeron.

Des incorrigibles pris sur le fait
Selon nos observations, les fausses motocyclettes ou les faux scooters roulent encore dans le grand Montréal. La plupart de ces conducteurs téméraires conduisent des cyclomoteurs électriques sans plaque d’immatriculation et font, notamment, de la livraison de repas.

«C’est plus rapide qu’en vélo ou en voiture. [...] Si je reste sur la piste cyclable, les policiers ne m’arrêtent pas», confie un livreur de DoorDash, croisé sur la rue Bellechasse récemment. Au volant de son scooter impossible à plaquer, il a refusé de s’identifier.

Une mobilisation a d’ailleurs eu lieu en avril dernier, à Montréal, avec plusieurs engins électriques qui seraient désormais illégaux sur les routes du Québec. Ce groupe, nommé «MTL E-RIDE», a même diffusé une vidéo où il circule sans problème avec de fausses motos devant des policiers au centre-ville.
Voyez la manifestation d'avril 2025, à Montréal, avec plusieurs scooters et motos qui seraient désormais illégaux:
«Cependant, les agents sur le terrain nous indiquent remarquer une diminution notable de ces véhicules sur nos routes de façon générale», mentionne le SPVM.
Pris avec un véhicule invendable
Depuis l’entrée en vigueur de cette règle, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) indique pour sa part avoir reçu 500 commentaires et 68 plaintes.
«Les principaux commentaires reçus ont été émis par les propriétaires de véhicules visés par l’arrêté. Ceux-ci visaient à sensibiliser davantage aux effets de l’interdiction de circuler prévue», indique Geneviève Perron, porte-parole de la Société.

Marc Monfet, de Laval, fait partie des mécontents. Il tente de vendre son scooter électrique sur des sites de petites annonces, comme plusieurs Québécois. Il prévient toutefois les acheteurs potentiels que l’engin est illégal sur les chemins publics.
«Ce n’est pas vendable depuis des mois! Je me dis qu’il pourrait être utilisé sur un terrain de camping ou une ferme. On m’a dit qu’il n’était pas immatriculable à la SAAQ. [...] C’est sauvage, j’ai perdu des centaines de dollars. C’est beaucoup pour quelqu’un sur l’aide sociale comme moi», tonne M. Monfet.

Il affirme également qu’il ne peut pas faire du vélo en raison de problèmes de santé. «J’ai perdu ma liberté de me promener ou juste de pouvoir faire librement mon épicerie», soupire le Québécois de 53 ans.
Motifs pour lesquels Québec a interdit ces faux scooters et fausses motocyclettes:
- Leur non-conformité aux normes de sécurité des véhicules automobiles du Canada
- Leur risque envers les usagers vulnérables circulant sur les trottoirs et les voies cyclables, en raison de leur poids et leur vitesse
- Par équité envers les autres conducteurs ayant un véritable permis et des assurances
- Pour être cohérent avec la loi interdisant la vente de ces véhicules à l’état neuf au Québec
Source: Société de l'assurance automobile du Québec
Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?
Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.