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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Philippe Bond: l’indifférence des services policiers

Photo d'archives, Agence QMI
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Photo portrait de Yasmine Abdelfadel

Yasmine Abdelfadel

2022-07-21T16:00:00Z
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Les révélations troublantes diffusées par La Presse à propos du comportement de Philippe Bond ont l’effet d’une bombe. Encore une fois.

Huit femmes, plusieurs à visage découvert, témoignent des agressions sexuelles commises à leur égard. Le modus operandi semble être le même, peu importe les villes et les contextes.

Sans rien enlever aux affreux gestes présumément posés par l’humoriste, ce qui m’a personnellement le plus choquée, dans les propos rapportés, c’est l’indifférence des services policiers vers qui certaines victimes ont décidé de se tourner. En effet, plusieurs rapportent que leur récit n’a pas été pris au sérieux, que des policiers semblaient plus préoccupés par la carrière de l’humoriste-agresseur que par le crime potentiel qui leur était rapporté.

Quand j’imagine le courage que cela prend à une victime pour porter plainte auprès de la police pour une agression sexuelle, à plus forte raison lorsque les accusations impliquent une personnalité publique, je suis outrée qu’elle ne puisse pas trouver en les services de police l’oreille attentive qu’elle mérite.

Comment peut-on demander aux victimes d’agression sexuelle de dénoncer lorsqu’elles ne sont pas prises au sérieux? Comment peut-on leur dire qu’on les croit, qu’on les soutient, lorsqu’elles sont nombreuses à faire face à des portes fermées?

Et malheureusement, ce n’est pas la première fois que l’on entend que les victimes ont essayé de porter plainte, ont tenté de dénoncer et de se faire justice, mais que leur tentative a avorté au poste de police.

Que l’on se comprenne bien, on ne demande pas aux policiers de se transformer en avocats de la victime et d’arrêter le possible agresseur sans vérifications ou enquête. Nous vivons, après tout, dans une société de droit qui repose sur la présomption d’innocence. Nous ne leur demandons que de s’intéresser à ce qui leur est rapporté, de pousser la réflexion, de poser des questions. Ça serait le minimum requis. Un minimum qui pourrait avoir pour effet de dissuader les agresseurs de continuer, leur rappeler que leurs gestes peuvent avoir des conséquences, fussent-elles uniquement réputationnelles.

Je ne peux m’empêcher de me demander si Philippe Bond aurait pu présumément continuer d'avoir de tels gestes si la première dénonciation aux policiers avait été retenue, ne serait-ce que le temps de lui poser quelques questions. Combien de victimes auraient été évitées?

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