Petit guide de la mode écoresponsable
En cette semaine du jour de la Terre et en ces temps où la météo se fait l’écho de la crise climatique, rappelons-nous que chaque geste compte.
Élise Fiola
Le retour de la température douce donne certes envie de renouveler sa garde-robe, mais, en cette semaine du Jour de la Terre et en ces temps où la météo n’a de cesse de se faire l’écho de la crise climatique, il n’est pas vain de rappeler que chaque geste compte.
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Dans le monde de la mode, de plus en plus de marques et d’entreprises lancent des collections et des produits écoresponsables. Bombardé d’appellations telles que «durable», «écoresponsable», «conçu localement», le consommateur s’y perd aisément. Au Québec, les entreprises ne sont pas tenues par la loi de prouver la véritable durabilité de leurs produits lorsqu’elles utilisent des termes comme «vert», «responsable» ou «durable» sur leurs étiquettes, explique Marianne-Coquelicot Mercier, conseillère en économie circulaire dans l’industrie québécoise du textile. Il revient donc au consommateur de vérifier si le produit est réellement «responsable», chose plus facile à dire qu’à faire. Mme Mercier suggère de se fier à différents critères.
On recherche notamment les certifications et les labels reconnus dans le milieu. Parmi ces derniers figurent le Global Organic Textile Standard (pour les textiles biologiques), le Global Recycled Standard (en matière de contenus recyclés), les labels Bluesign et OEKO-TEX (portant tous deux sur l’utilisation de produits chimiques).
Autrement, on analyse la composition des tissus. Notons que les fibres textiles se divisent en deux catégories et que toutes deux ont des impacts non négligeables sur l’environnement. Les matières naturelles, telles que le coton, le chanvre, la soie et la laine, sont issues de ressources agricoles ou animales. Les matières synthétiques et artificielles, elles, sont créées par l’humain et extraites du pétrole ou de la cellulose des plantes.
Bien qu’on puisse croire que les fibres naturelles sont plus douces pour la planète, Marianne-Coquelicot Mercier rappelle que l’empreinte environnementale d’un vêtement découle d’une panoplie de facteurs, de la récolte des matières premières jusqu’à sa fin de vie, en passant par sa confection, sa distribution et sa mise en marché. Cela dit, sa composition demeure un facteur important. Le coton, par exemple, cultivé intensivement, exige l’usage de pesticides et une grande quantité d’eau. «Le lin et le chanvre sont de meilleurs choix, car leur culture demande moins d’irrigation, d’engrais et de pesticides, et qu’ils poussent dans des climats tempérés», souligne-t-elle.
Mme Mercier rappelle qu’il faut ensuite peser le pour et le contre. «Par exemple, on démonise souvent le polyester, une fibre synthétique à base de plastique, mais elle a des avantages, comme sa grande durabilité.» Selon elle, l’acrylique est l’une des fibres les plus néfastes sur le plan environnemental.
Cinq habitudes pour mieux consommer

- On s’informe: En étant plus conscientisé, on peut prendre de meilleures décisions quant à notre consommation et n’acheter que des pièces qui correspondent à nos valeurs. On veut approfondir nos connaissances? On se procure le livre Pour une garde-robe responsable, de Léonie Daignault-Leclerc, fondatrice de la marque québécoise Gaia & Dubos. Cette petite bible regorge de conseils guidant les lecteurs vers une consommation réfléchie et responsable.
- On établit ses priorités: Un examen de conscience est nécessaire pour définir nos valeurs et établir les priorités qui orienteront nos choix vestimentaires. Où se positionne-t-on quant aux conditions de travail des employés, à l’utilisation de fibres animales et à la protection de l’environnement? Quelles sont les caractéristiques essentielles qu’on recherche dans un vêtement? Grâce à ces réflexions, on pourra plus facilement faire rimer consommation et convictions.
- On opère un changement progressif: Léonie Daignault-Leclerc, titulaire d’une maîtrise en arts de la mode, avec une spécialisation en mode responsable, rappelle que, comme leur longévité a un impact direct sur l’empreinte environnementale, réparer nos vêtements permet de prolonger leur durée de vie. Elle recommande aussi le lavage à l’eau froide avec un détergent écologique, suivi d’un séchage à l’air libre.
- On mise sur quelques pièces maîtresses: Moins consommer ne veut pas dire cesser de s’exprimer par le style. Il est vrai que l’achat de vêtements classiques est gagnant parce qu’ils dureront longtemps. Cependant, une garde-robe écoresponsable peut être tout aussi excentrique et colorée qu’un magasin de mode éphémère. La clé est d’opter pour un petit nombre de morceaux qui sont polyvalents et qui nous font plaisir. Plusieurs entreprises proposent des modèles au goût du jour, intégrant des pratiques de suprarecyclage, c’est-à-dire donnant une nouvelle vie à des matériaux existants pour créer des vêtements tendance.
- On se tourne vers le seconde main: Une solution accessible pour tous les budgets est l’achat en friperie ou les échanges entre amis. Bien que cette façon de faire complexifie parfois la recherche du morceau qui répond parfaitement à nos besoins, elle prolonge de manière écoresponsable la durée de vie des vêtements.
De quoi faut-il se méfier?

On veut faire mieux pour la planète. Comme consommateur, certaines déclarations peuvent nous rassurer. Mais attention, elles cachent parfois des réalités peu reluisantes.
- 100 % fabriqué au Québec: Opter pour des vêtements fabriqués au Québec nous assure d’une confection locale, ce qui réduit les émissions de GES liées au transport et offre une certaine garantie en matière de conditions de travail. Cependant, la plupart des impacts environnementaux des vêtements se manifestent avant la fabrication de ceux-ci. Bien que ce soit une option plus éthique, il faut noter que ce n’est pas non plus le gage d’une empreinte environnementale réduite.
- Fabriqué à partir de bouteilles d’eau recyclées: «Bien que les bouteilles en plastique puissent être recyclées plusieurs fois, les transformer en vêtements interrompt ce cycle, car les tissus eux-mêmes ne sont pas recyclables pour l’instant», souligne Marianne-Coquelicot Mercier.
- Biodégradable: Certaines marques s’aventurent désormais dans la confection de vêtements biodégradables, encore rares sur le marché. Mais Marianne-Coquelicot Mercier y met un bémol. À priori, le lin et le chanvre sont biodégradables, car ce sont des plantes, note-t-elle. Cependant, leur biodégradation dépend du contexte dans lequel ils sont placés. À moins d’enfouir soi-même son vêtement dans sa cour, rien ne garantit que sa fin respectera l’environnement, selon l’experte.
- Le bambou: Cette plante est souvent présentée comme une option écologique parce qu’elle croît rapidement et que sa culture demande très peu d’engrais et de pesticides. Toutefois, son utilisation peut être traître. Dans son cas, c’est dans la transformation de la fibre que le processus peut devenir extrêmement néfaste pour la planète, puisque les entreprises ont souvent recours à plusieurs produits chimiques polluants.