«Personne ne serait dupe» en cas de «bombe sale» en Ukraine
AFP
«Personne ne serait dupe» si Moscou faisait escalader le conflit en Ukraine en prenant prétexte de l'emploi par Kyïv d'une «bombe sale» évoqué par le gouvernement russe, ont affirmé lundi Paris, Londres et Washington.
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Dans une déclaration conjointe, les trois ministres des Affaires étrangères «rejettent les allégations, à l'évidence fausses, de la Russie selon lesquelles l'Ukraine se prépare à utiliser une bombe sale sur son propre territoire. Personne ne serait dupe d'une tentative d'utiliser cette allégation comme prétexte à une escalade».
Dans des entretiens téléphoniques avec plusieurs de ses homologues, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, s'est entretenu dimanche avec ses homologues américain, français, britannique et turc du conflit en Ukraine.
Au cours de ces échanges d'une intensité inédite en un seul jour pour M. Choïgou depuis le début de l'offensive russe en Ukraine le 24 février, il a fait part à la plupart de ses interlocuteurs de «ses préoccupations liées à d'éventuelles provocations de la part de l'Ukraine avec recours à une "bombe sale"», selon son ministère.
Les Ukrainiens et les Occidentaux y voient la menace des préparatifs d'une attaque sous faux drapeau, suspectant la Russie d'être prête à faire exploser elle-même une «bombe sale» pour justifier une escalade militaire, par exemple en employant une arme nucléaire tactique en représailles.
La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna a également «parlé cette nuit au ministre ukrainien des Affaires étrangères des allégations de la Russie, à l'évidence fausses», a-t-elle tweeté.
«Nous restons déterminés à poursuivre notre soutien aux efforts de l'Ukraine pour défendre son territoire aussi longtemps qu'il le faudra», ont ajouté les trois capitales dans leur déclaration conjointe.

La Russie affirme que l’Ukraine est entrée «dans la phase finale» pour la fabrication de sa «bombe sale»
La Russie a affirmé lundi que l’Ukraine était entrée «dans la phase finale» de la fabrication de sa «bombe sale», une affirmation que Moscou brandit depuis dimanche et qui est fermement rejetée par Kyïv et ses alliés occidentaux.
«Selon les informations dont nous disposons, deux organisations ukrainiennes ont des instructions spécifiques pour fabriquer la soi-disant "bombe sale". Leur travail est entré dans la phase finale», a déclaré dans un communiqué le lieutenant-général Igor Kirillov, en charge au sein de l’armée russe des substances radioactives, des produits chimiques et biologiques.
Selon lui, «le but de cette provocation est d’accuser la Russie d’utiliser des armes de destruction massive en Ukraine et de lancer ainsi une puissante campagne antirusse dans le monde», a-t-il accusé, estimant que Kiev voulait notamment «intimider la population locale et augmenter le flux de réfugiés à travers l’Europe».
«La détonation d’un engin explosif radioactif entraîner(ait) inévitablement la contamination de la zone sur une superficie pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres carrés», a-t-il mis en garde.
M. Kirillov a également accusé le Royaume-Uni d’entretenir «des contacts» avec Kyïv «sur la question de l’obtention éventuelle des technologies (nécessaires) à la production d’armes nucléaires» par l’Ukraine.
Les allégations de Moscou à l’encontre de Kyïv selon lesquelles l’Ukraine souhaiterait recourir à une «bombe sale» sont «fausses», ont fustigé lundi dans une déclaration conjointe Paris, Londres et Washington.
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Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a de son côté indiqué avoir échangé avec le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Rafael Grossi, à ce sujet et avoir «officiellement invité l’AIEA à envoyer d’urgence des experts dans des installations pacifiques en Ukraine», ces structures où la Russie «prétend trompeusement» que l’Ukraine y développe une «bombe sale».
M. Grossi «a accepté. Contrairement à la Russie, l’Ukraine a toujours été et reste transparente. Nous n’avons rien à cacher», a-t-il affirmé.
Le président Volodymyr Zelensky avait demandé pour sa part dimanche soir une réponse «aussi dure que possible» de la part de ses alliés occidentaux.
Dimanche, le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou avait fait part à ses homologues américain, français, britannique et turc de «ses préoccupations liées à d’éventuelles provocations de la part de l’Ukraine avec le recours à une +bombe sale+».
Les Ukrainiens et les Occidentaux y voient la menace des préparatifs d’une attaque menée sous un faux drapeau, suspectant la Russie d’être prête à faire exploser elle-même une «bombe sale» pour justifier une escalade militaire, par exemple en employant une arme nucléaire tactique en représailles.
Une bombe radiologique ou «bombe sale» est constituée d’explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés en poussière au moment de l’explosion.