Possible candidat à la chefferie du PCC: l’héritage de Jean Charest durement critiqué à Québec


Patrick Bellerose
Candidat pressenti à la chefferie du Parti conservateur du Canada, l’ex-premier ministre Jean Charest n’a pas laissé de bons souvenirs à Québec : ses adversaires ont eu des mots durs, mardi, tandis que la cheffe libérale a défendu son bilan du bout des lèvres.
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Le ministre Éric Caire n’a pas mâché ses mots lorsqu’invité à évaluer le bilan de celui qui a dirigé les destinées du Québec de 2003 à 2012.
Jean Charest n’a pas été un bon premier ministre, a-t-il tranché sans ambages. «Je regarde l’état dans lequel se retrouve le Québec : le réseau de la santé, le réseau de l’éducation, les services aux aînés, les finances publiques... vous en voulez combien des mauvaises raisons? Et en plus, on sait qu’au niveau de l’éthique, ça n’a pas été un modèle du genre», a déclaré le ministre.
Pour autant, Éric Caire assure ne pas avoir de conseils à donner aux troupes conservatrices. «Les Conservateurs feront ce qu’ils veulent, ça ce n’est pas mon problème», a-t-il lancé.

L’ex-procureure en chef de la commission Charbonneau, Sonia Lebel, a pour sa part invité les Québécois à replonger dans leurs souvenirs. «Je pense que les gens ont écouté la commission Charbonneau, ils se feront leur propre opinion», a déclaré celle qui est désormais présidente du Conseil du trésor.
Une corruption «normalisée»
Plus tôt en matinée, péquistes et solidaires ont mené la charge en s’attaquant tant à l’héritage politique de M. Charest qu’aux allégations de malversations qui ont entouré son gouvernement. D’ailleurs, l’ex-premier ministre est toujours visé par l’enquête Mâchurer, de l’UPAC.
Le chef du Parti québécois s’est désolé qu’aucune condamnation n’ait suivi sur la scène provinciale après la commission Charbonneau. «On a, d'une certaine manière, normalisé la corruption en la banalisant», a déploré Paul St-Pierre Plamondon.

«L'impunité, dans une démocratie, c'est la pire chose. S'il n'y a pas de conséquence puis il n'y a pas de punition lorsqu'on corrompt le ministère des Transports puis on fait de la politique en finançant son parti en échange de contrats gonflés... s'il n'y a pas de punition pour ça puis on peut retourner en politique après, au Canada, bien, ça parle du Canada. C'est triste, qu'on n'ait pas eu de responsable pour des choses aussi graves», a-t-il ajouté dans une envolée indignée.
Ce matin, on m'a demandé ce que je pensais d'un potentiel retour de Jean Charest en politique. Voici ma réponse :#PolQc pic.twitter.com/Dw3bKCzt4N
— Paul St-Pierre Plamondon (@PaulPlamondon) February 15, 2022
Le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, a quant à lui déclaré que «les très, très, très lourds soupçons de corruption qui continuent à entourer Jean Charest devraient faire réfléchir les gens qui envisagent de voter pour lui».
On m'a demandé ce que je pensais du potentiel retour de Jean Charest en politique 👇 pic.twitter.com/XSzz2pDjQ9
— Gabriel Nadeau-Dubois (@GNadeauDubois) February 15, 2022
«L'héritage de Jean Charest au Québec, c'est une démocratie affaiblie par la corruption, c'est un territoire ravagé en matière d'environnement, c'est un retard historique dans notre lutte contre les changements climatiques et c'est des services publics en ruines», a-t-il ajouté, tout en soulignant que M. Charest est libre de se présenter à la chefferie conservatrice.
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Anglade évite de se mouiller
De son côté, la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, a refusé de s’immiscer dans la course à la chefferie du PCC. «Je ne vais pas intervenir dans une éventuelle course au leadership au niveau fédéral», a-t-elle déclaré.
Pressée de questions sur l’héritage de M. Charest après ses neuf ans à la tête du Québec, Mme Anglade a offert un seul exemple.

«Si je pense au premier conseil des ministres paritaire, c'est un exemple de choses auxquelles il a contribué. Mais encore une fois, on n'est pas là pour évaluer le bilan de Jean Charest...», a-t-elle affirmé.
La cheffe libérale a toutefois souligné qu’une personne sous enquête criminelle ne serait pas la bienvenue comme candidat libéral aux prochaines élections provinciales. «Écoutez, moi, je ne pense pas que ce soit souhaitable pour notre formation politique d'aller dans cette direction-là», a-t-elle souligné.