Patrice Michaud se fait touriste de l’espace

André Péloquin
Rien ne semble à l’épreuve de Patrice Michaud. Après la musique et l’animation de Star Académie, l’artiste se fait maintenant astronaute sur Grand voyage désorganisé, un voyage intérieur sur fond de pop rock aérien, voire spatial (le morceau Golden Record plaira aux nostalgiques de Spiritualized et même de Bowie à ses débuts).
Patrice Michaud

★★★★
Grand voyage désorganisé
En parlant du Golden Record...
Tout comme la NASA qui, en 1977, lançait dans l’espace un disque doré contenant musiques, images et sons traçant un portrait sommaire de la Terre destiné à d’autres civilisations, Michaud propose sa propre capsule du quotidien avec ce LP – où il multiplie les références au fameux legs de Carl Sagan, d’ailleurs – sur fond de saynètes dont il a le secret. On y chante l’amour, l’amitié, vieillir, etc. On demeure donc en terrain (très) connu, mais pourquoi pas ?
Sans toutefois faire dans la facilité, Michaud ose tout de même avec une direction musicale plus relevée.
Accompagné de collaborateurs de talent – dont Alex McMahon à la réalisation et Antoine Gratton sur certains arrangements –, l’homme bionique opte donc pour une trajectoire plus pop rock que folk. L’émouvante ballade La guerre de toi n’aura pas lieu vient en tête, flirtant même avec le r&b, voire le vaporwave.
Sans dénaturer le reste de son œuvre, c’est un changement de cap qui lui va rudement bien.
Mario Pelchat

★★★ 1/2
Comme au premier rendez-vous
L’ultime chanteur de charme souligne son 40e anniversaire de carrière avec une tournée et, évidemment, un disque à l’appui. Plutôt que de célébrer avec des reprises ou des adaptations de ses hits, Mario Pelchat surprend et opte pour de nouvelles pièces originales flirtant avec la pop et le r&b, livrées avec d’autres vétérans, dont Jacques Veneruso (Céline Dion). Les fans du monsieur seront donc ravis.
Nicola Ciccone

★★★
Gratitude
Bien qu’en dents de scie, Gratitude est également l’œuvre de Nicola Ciccone la plus intéressante de sa discographie à ce jour. Littéralement à la croisée des chemins, le grand sensible alterne entre les ballades à l’eau de rose qui l’ont fait connaître auprès du public ainsi que des morceaux plus pop contemporaine inattendus. Ils ont fermé le monde, par exemple, plaira tout particulièrement aux amateurs de Blinding Lights de The Weeknd (oui, oui).
Men Without Hats

★★ 1/2
Again
Ivan Doroschuk tente à nouveau de ramener ses hommes sans chapeaux via ce maxi bizarroïde qui, si on se fie au titre, laisse présager une série d’œuvres du genre. En plus d’y offrir une relecture inexplicable de The Safety Dance – rebaptisée No Friends of Mine pour l’occasion –, le collectif enchaîne les reprises à la sauce euro dance de véritables hymnes, dont Satellite of Love de Lou Reed, voire All The Young Dudes signé Bowie. Il en résulte des adaptations tellement hétérogènes qu’elles en deviennent douteuses. On salue le courage de diverger autant, toutefois.
COUP DE ❤
Fuck Toute

★★★★ 1/2
Coké computer
Non content d’avoir lancé l’album au meilleur titre de l’année, le combo punk – à moins d’un revirement de fin d’année – offre également le LP local le plus percutant de son genre de prédilection. Cinq années depuis son LP homonyme, le projet est toujours aussi sombre – les amateurs de stoner rock ne seront pas en reste –, mais innove avec une plume plus effilée (tout en beurrant épais dans le mal-être). « Trigger warning », toutefois : Coké computer va vous miner le moral sur un moyen temps.