Pas évident de se poser sur un fleuve tranquille, selon un expert


Vincent Desbiens
Plusieurs raisons pourraient expliquer la chute de l’hydravion Citabria Champion qui manque à l’appel depuis 20h, mardi soir, d’après un expert. La météo très clémente, entre autres, n’est pas toujours l’ami des pilotes.
• À lire aussi: Écrasement d’un hydravion: deux personnes disparues près de Neuville
Le soleil était en train de se coucher quand un appel faisant état d’un écrasement au milieu du fleuve Saint-Laurent a été logé au 911. Le ciel était complètement dégagé et le vent ne soufflait pas à la hauteur de Neuville et Saint-Antoine-de-Tilly.
« Le vent, quand il est léger, c’est un allié des pilotes d’hydravion, explique le spécialiste de l’aviation civile Jean Lapointe. C’est très difficile d’apprécier les distances pour amerrir quand le plan d’eau est en huile et reflète comme un miroir. Quand le vent crée des ondulations, ça permet d’avoir des repères. »

Même s’il refuse de s’avancer sur ce qui aurait pu causer la disparition de l’engin, il soutient que la piste d’un ennui moteur n’est pas non plus à écarter.
« Le Bureau de la Sécurité des Transports va mener son enquête pour comprendre ce qui s’est passé. Comme des pièces de l’avion ont été retrouvées sur chaque rive, je crois que l’impact avec la surface a dû être assez important. »
Patrouille improvisée
Daniel Leblanc, un pilote en formation, et son instructeur pratiquaient les décollages et les atterrissages à l’aéroport de Québec, pas très loin d’où se serait produit le drame.
Alors qu’il était en vol, la tour de contrôle de Québec a demandé aux appareils présents dans le secteur d’aller vérifier si un hydravion avait bel et bien piqué du nez dans le Saint-Laurent, après avoir appris la nouvelle de la Sûreté du Québec.
« On a accepté la requête de la tour et on s’est dirigé vers le bord du fleuve. Nous sommes restés là un bon huit minutes pour patrouiller le long de la rive nord, entre Saint-Augustin-de-Desmaures et Neuville. La tour nous a indiqué quelques endroits possibles, mais il n’y avait rien. [...] La tombée de la nuit était en cours et la visibilité moins bonne donc on est revenu à l’aéroport vers 20h10 », raconte-t-il.
Selon l'apprenti, la tour de contrôle a essayé d’entrer en contact avec l’hydravion avant que ce dernier ne termine sa course dans les eaux.
« Je ne sais pas si ces gens-là avaient un plan de vol et donc si la tour de contrôle ou l’aéroport était au courant. Si c’était un problème mécanique, ils ont peut-être eu le temps de communiquer à la tour de Québec ou à l’aéroport de Neuville pour dire qu’ils allaient tenter un amerrissage d'urgence », fait valoir M. Lapointe.
Saison peu mouvementée
D’après l’expert, la saison de vol en cours n’est pas la plus mouvementée en termes d’incidents liés aux hydravions. Il croit toutefois que la conduite de tels engins nécessite une dextérité accrue et plusieurs heures d’entraînement, surtout quand vient le temps d’amerrir.
« Souvent, ce sont des avions qui sont utilisés pour aller dans les régions éloignées. Avec les feux de forêt dans le nord du Québec au début de l’été, il y a eu beaucoup moins de temps de vol que par les années précédentes et donc, moins d’accidents. »