«Pas de tests COVID-19, on veut manger!»: rare manifestation de jeunes Chinois à Pékin
AFP
Criant leur ras-le-bol des restrictions sanitaires, environ 300 à 400 jeunes Chinois manifestaient près de la Liangma, une rivière arrosant Pékin, dimanche soir, à l'issue d'une journée marquée par des rassemblements semblables en divers endroits de la Chine.
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«Pas de tests COVID-19, on veut manger!» scandent notamment les manifestants, certains brandissant des papiers blancs, une allusion à la censure, d'autres allumant des bougies.
Ils ont répondu à des appels lancés sur les réseaux sociaux, arrivant sur les lieux un à un jusqu'à ce qu'on puisse finalement les compter par centaines.

Quelques bouquets de fleurs sont disposés sur l'autel, où a aussi été placée une feuille sur laquelle on lisait: «Pour les victimes qui ont péri dans l'incendie d'Ürümqi le 24 novembre».
Cet incendie, survenu dans la capitale de la province du Xinjiang (nord-ouest), a fait 10 morts jeudi et accentué la grogne populaire qui montait déjà ces derniers mois contre la politique très stricte du «zéro COVID-19» suivie par les autorités.
Les auteurs des nombreuses publications circulant sur les réseaux sociaux ont accusé les mesures prises contre la COVID-19 d'avoir aggravé ce drame, des voitures garées depuis des semaines pour cause de confinement dans l'étroite ruelle menant à l'immeuble en flammes ayant entravé l'arrivée des secours.
Beijing. Now pic.twitter.com/QZdhDyk06O
— Ananth Krishnan (@ananthkrishnan) November 27, 2022
«Nous sommes tous des habitants du Xinjiang!» clament certains manifestants à Pékin, selon une journaliste de l'AFP présente sur les lieux.
«Allez, le peuple chinois! Vive le peuple!» ajoutent-ils.
De petits groupes chantent, d'autres attendent patiemment malgré le froid, filmant le rassemblement avec leurs téléphones portables.

La manifestation, comptant principalement de jeunes Chinois, se déroule dans le calme, mais une douzaine de voitures de police au moins sont visibles dans les rues à proximité.
Certains agents fendent la foule pour filmer les participants le long de la Liangma, qui traverse l'un des quartiers les plus peuplés de Pékin.
Des manifestants entament des discours, tandis que d'autres scandent des slogans: «Liberté de l'art», «Liberté de l'écriture», etc.
De l'autre côté du cours d'eau, une voix se fait soudain entendre: «C'est grâce à vous que Pékin est fier!»
Des automobilistes qui passent près de là klaxonnent pour exprimer leur soutien, solidaires dans la colère face à la mesure de restriction radicale.
Un peu plus tard, le groupe se met à entonner L'Internationale, puis l'hymne chinois.
«N'oubliez pas ceux qui sont morts dans l'accident d'autobus à Guizhou, n'oubliez pas la liberté!» lance un manifestant, évoquant un drame survenu en septembre qui impliquait ce véhicule transportant des habitants vers un centre de quarantaine et qui a fait 27 morts.
«Rappelez-vous la femme enceinte de Xi'an qui est morte, ceux qui n'ont pas eu accès à des traitements médicaux à Shanghai!» crie un deuxième, citant d'autres tragédies liées aux strictes mesures sanitaires en vigueur en Chine depuis près de trois ans.
«Nous n'oublierons pas!» lui répond la foule en chœur.
Peu avant 10h30, la police avait tenté de disperser les manifestants, mais certains résistaient.
