Ouragan «Helene» à Augusta: «100 fois pire que la tempête du verglas de 1998 au Québec»
La région où se trouve le prestigieux Augusta National Golf Club, hôte du Masters, a été lourdement touchée par la force de la tempête en septembre 2024


François-David Rouleau
AUGUSTA | Dans la voiture de patrouille du policier d’origine québécoise Alain Gagné, à l’aube de la semaine du prestigieux Tournoi des Maîtres, les scènes désastreuses défilent à grande vitesse sur les petites rues et boulevards d’Augusta. En observant les dommages historiques et la crise dans la population, on constate toute l’ampleur de la puissance de l’ouragan Helene qui a violemment frappé le 27 septembre dernier.
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Si le richissime club de golf de Washington Road s’est relevé péniblement, grâce au travail acharné de son armée d’employés qui a miraculeusement livré un parcours encore immaculé pour cette 89e édition, ce n’est pas le cas dans la municipalité de 200 000 habitants. Ces derniers ont énormément souffert depuis six mois et accueillent cette semaine plus de 250 000 visiteurs qui n’ont d’yeux que pour le tournoi à l’écusson jaunâtre.
«Cet ouragan Helene, c’est 100 fois pire que la crise du verglas qu’on a vécue au Québec, lance le deputy Gagné en circulant dans les quartiers dévastés situés à quelques kilomètres à peine de l'Augusta National. C’était 24 heures d’enfer et plusieurs jours pour simplement sortir de la maison.»

Celui qui s'est enrôlé comme policier à Richmond County en 2016 vivait encore au Québec en 1998 quand la tempête a ravagé et plongé la province dans une crise.
Le USA Today a rapporté que 200 000 maisons dans tout l’État avaient subi des dommages. Des rapports préliminaires de l’Université de la Géorgie ont indiqué avant la fin de 2024 que la tempête avait déjà coûté 5,5G$ à l’économie avec les pertes agricoles et forestières. C’est sans compter les milliers de dommages à son réseau électrique signalés par Georgia Power.
Rien d’épargné
Durant près de cinq heures, ponctuées de quelques appels pour aider des collègues, nous avons circulé de long en large de la ville. Dans les quartiers cossus comme défavorisés, le constat est le même, avec ses vents de plus de 160 km/h, Helene a détruit maisons, commerces, églises, etc., en plus de causer la mort de plus de 30 personnes dans la région.

En plus des vents dévastateurs, des tornades ont touché terre en accentuant les dégâts. Quand le mur d’Helene a frappé Augusta, la tempête oscillait entre un ouragan de catégorie 1 et 2. C’était l'une des très rares fois, de mémoire d’homme, que la ville était touchée par un tel ouragan.
Six mois plus tard, bien que majoritairement dégagées, de nombreuses voies de circulation sont encore jonchées de débris, d’arbres tronçonnés, de branches et de matériaux. Les vestiges des énormes souches permettent de comprendre que des arbres centenaires ont disparu du paysage.

La majorité des fils électriques ont été remontés après avoir pendouillé ou traîné au sol durant des semaines.
Tristesse sans nom
«C’est d’une immense tristesse, lance Brenda», une femme dans la soixantaine, installée à jardiner sur son coin de trottoir. Elle regarde le terrain voisin, rasé.

«Il y avait au moins 50 gros arbres sur ce terrain. Plusieurs sont tombés sur la maison à cause des vents. Si bien, que les propriétaires ont dû la démolir et tout arracher.»

Elle s’estime chanceuse que sa demeure n’ait subi que des dommages mineurs, alors que de nombreuses maisons sont recouvertes de bâches bleues de protection.
Moins «chanceuse» que Brenda, Carmela, une assistance gérante de dépanneur, a dû abandonner sa maison avec sa petite famille alors que trois arbres l’ont détruite, en plus de sa voiture.

«C’est une perte totale, indique-t-elle en soupirant. C’était effrayant.»


Des débris à la tonne
«Il y a deux semaines, on voyait encore beaucoup de tas d’arbres et de matériaux le long des rues», décrit le policier Gagné. La municipalité a dû accélérer la collecte tout juste avant le programme de 10 jours du Masters.
À la mi-janvier, les autorités municipales rapportaient transporter 19 000 mètres de débris par jour dans ses sites de débris. Depuis octobre, du matin au soir, les convoyeurs ont déchiqueté ces débris en les transformant en plus de 67,5 millions de pieds cubes (2 millions de mètres cubes).


La tâche est encore loin d’être terminée. Lors de notre passage, d’immenses montagnes de débris et de paillis occupaient totalement la superficie de deux terrains de football, un terrain de soccer et deux terrains de football d’une école. Elles étaient trois à quatre fois plus hautes, certifie Gagné.
À la mi-mars, quelques semaines avant le Masters, la commission des forêts de la Géorgie a rapporté que plus de 2000 arbres avaient été endommagés sur les voies publiques et que 1300 autres avaient été coupés, selon un reportage du Augusta Chronicle.
Si le paysage du magnifique club de golf Augusta National a changé à jamais, celui d’Augusta aussi avec ses hauts pins majestueux et ses énormes chênes en moins. La vie des gens riches a été chamboulée. Celle des gens défavorisés, complètement bouleversée.
Quand les lumières s’éteindront sur le Masters, le marathon pour rebâtir reprendra car il est encore loin d’être terminé pour retrouver une vie plus normale.
Helene ne sera jamais oubliée dans les parages.












