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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Front commun au Québec et à Ottawa contre Meta

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Raphaël Pirro | Agence QMI

2023-07-05T16:08:42Z
2023-07-05T20:40:04Z
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Le gouvernement fédéral, le gouvernement du Québec ainsi que Montréal, Québec, Longueuil, la SAQ et des médias québécois suspendent l'achat de publicités sur Facebook et Instagram en guise de riposte aux menaces de Meta de bloquer le contenu journalistique canadien. Un geste qui a surtout «une valeur symbolique», juge un expert.

• À lire aussi - Blocage des nouvelles: Québecor et Cogeco cessent leurs placements publicitaires sur Meta

«On va tenir tête contre les géants du web, contre leur bullying, parce qu’on sait que la démocratie est en jeu», a lancé Justin Trudeau mercredi.  

Accompagné d’élus du Bloc québécois et du NPD, le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, a soutenu que ces plateformes «bénéficient du statu quo», un statu quo «qui ne peut plus durer». 

Dans les cinq dernières années, Ottawa a dépensé plus de 50 M$ en publicité sur Facebook et Instagram, pour une moyenne d’un peu plus de 11 M$ par année. L’argent serait éventuellement réinvesti dans les médias d’une autre manière, a assuré le ministre. 

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Ce dernier n’a pas fermé la porte à faire de même avec Google, l’autre entreprise visée par la Loi sur les nouvelles en ligne, mais reconnait que l’entreprise a des motifs qui semblent plus «légitimes» que ceux de Meta. 

«Google, au moment où on se parle, poursuit les discussions avec le gouvernement du Canada», a déclaré le ministre Rodriguez. «Meta, de son côté», a mis en branle une «campagne très agressive» pour faire valoir son point et refuse de poursuivre les négociations. 

Un front commun au Québec

L’initiative d’Ottawa a provoqué une déferlante dans la société québécoise qui n’a pas eu d’écho similaire au Canada anglais. 

Après avoir déclaré qu’il n’était «pas à l’étape de boycotter» en début d’après-midi, le premier ministre François Legault a emboité le pas à Ottawa «en solidarité avec les médias». «Aucune entreprise n’est au-dessus des lois», a affirmé M. Legault sur Twitter. Québec avait versé deux millions $ à Meta en 2021-2022. 

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 Dans l’heure qui a suivi, le maire de la Ville de Québec Bruno Marchand, la mairesse de Montréal Valérie Plante et la mairesse de Longueuil Catherine Fournier se sont mis de la partie. 

«Le refus de Meta de partager l’information journalistique est très préoccupant. L’accès à des informations vérifiées et de qualité est essentiel», a souligné Valérie Plante sur le média social. 

Vers 17h, la SAQ est devenue la première société d’État québécoise à dire qu’elle cesserait toute publicité sur les plateformes de Meta. Loto-Québec dit vouloir «revoir» ses placements publicitaires chez Meta, qui sont déjà «marginaux» par rapport aux placements chez les médias québécois. 

La Ville de Longueuil a pris la même décision en après-midi. La mairesse Catherine Fournier a indiqué qu’il s’agissait d’un choix pris «en guise de solidarité envers nos médias d’information qui constituent l’un des piliers d’une société démocratique comme la nôtre».

Le gouvernement de Doug Ford, en Ontario, a confirmé son intention de continuer d’acheter de l’espace publicitaire à Meta. 

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Des médias au front

Ce sont deux joueurs importants du secteur médiatique québécois, Québecor et Cogeco, qui ont lancé le bal en matinée avec la suspension de l’achat de publicités sur les plateformes de Meta. La Presse a rejoint leurs rangs un peu plus tard. Aucun média du Canada anglais n’a fait de même. 

Le bloquiste Martin Champoux a encouragé Ottawa à «faire un pas de plus» en encourageant les entreprises canadiennes en suspendant aussi l’achat de publicités sur Facebook et Instagram. 

Québec souhaite que ses sociétés d’État coupent l’achat de publicités à Meta, mais ne peut les en forcer. 

Un geste surtout «symbolique»

Selon l’expert en médias numériques de l’UQAM Jean-Hugues Roy, cette levée de boucliers «ne fera pas un pli sur le chiffre d'affaires de Facebook au Canada, mais ça a une valeur symbolique». 

«Ça va en prendre d'autres, des entreprises, des gros annonceurs privés ou gouvernementaux comme la Californie, pour que ça ait vraiment un impact», a-t-il dit. 

Un exemple : bon an mal an, la Ville de Québec paie environ 40 000$ de publicités à Meta. Bruno Marchand s’est dit conscient que cette somme «n’est pas énorme», mais il a dit vouloir poser ce geste, appuyé par les oppositions à la mairie. 

M. Roy juge qu’il s’agit d’une «bonne stratégie à court terme», mais qu’à long terme cela «priverait les gens qu'on ne rejoint que là d'informations importantes». 

- Avec la collaboration de Patrick Bellerose, Taïeb Moalla, Audrey Sanikopoulos, Anne-Caroline Desplanques

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