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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Blocage des nouvelles: Québecor, Cogeco et La Presse cessent leurs placements publicitaires sur Meta

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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2023-07-05T10:02:35Z
2023-07-05T11:50:31Z
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Fini la publicité sur Facebook et Instagram pour Québecor, Cogeco et La Presse. Près d’une semaine après le blocage des nouvelles journalistiques sur les plateformes de Meta, des groupes médiatiques québécois ont montré leurs griffes en attaquant les géants du web là où ça fait mal mercredi.

«Tout geste de Meta visant à se soustraire à la loi canadienne, à bloquer les nouvelles journalistiques ou à défavoriser de quelque façon que ce soit, par algorithme ou autre, l’accès au contenu des médias canadiens sur ses plateformes ne peut être toléré», a prévenu Pierre Karl Péladeau, PDG de Québecor, propriétaire du Journal de Montréal et du Journal de Québec.

Puisque Meta, qui est propriétaire de Facebook, Instagram et WhatsApp, refuse «de s’engager à négocier», Québecor retire dès maintenant tous les investissements publicitaires de ses unités d’affaire et filiales, et ce, «jusqu’à nouvel ordre».

«Québecor encourage également les entreprises, les gouvernements et les institutions à exprimer à Meta leur désaccord face à cet affront total envers les politiques publiques et les médias d’information en faisant des choix de placements publicitaires conséquents», a-t-il poursuivi.

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Cogeco et La Presse emboîtent le pas

Peu de temps après, Cogeco a fait savoir qu’elle emboîterait le pas, retirant à son tour ses investissements publicitaires sur les plateformes Meta et invitant les différents paliers du gouvernement à faire de même. 

«Dans le cas du gouvernement fédéral, c’est 11 millions annuellement qui sont investis sur les plateformes de Meta alors que seulement 10 millions de ces mêmes budgets sont investis auprès de l’ensemble de tous les radiodiffuseurs canadiens», a martelé l’entreprise médiatique par communiqué. 

«Il est temps de réajuster le tir et de faire preuve de cohérence en augmentant les dépenses publicitaires dans les médias canadiens plutôt que de favoriser les géants du web», a-t-elle ajouté.

«Nos investissements marketing sur les réseaux sociaux étaient mineurs depuis plusieurs mois déjà, mais oui, nous avons aussi décidé pour le moment de ne plus investir chez Meta», a par la suite confirmé Florence Turpault-Desroches, vice-présidente communications de La Presse lorsqu'interrogée par Le Journal.

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  •  Écoutez l'entrevue d'Alexandre Dubé avec Jean-Hugues Roy, professeur à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal via QUB radio : 

«La situation va empirer», craint Radio-Canada

De son côté, la directrice générale de l’information de Radio-Canada, Luce Julien, a elle aussi dénoncé les agissements de ces géants.

«Google et Meta ne créent pas de nouvelles. Ils se nourrissent et s’enrichissent grâce aux contenus produits par d’autres, servis à leurs utilisateurs par leurs puissants et opaques algorithmes», a-t-elle rappelé.

«Si Meta et Google maintiennent leur décision, la situation va empirer de façon extrêmement inquiétante», a-t-elle ajouté. Malgré cela, Radio-Canada refuse de faire comme les autres médias pour l'instant.

«Les gouvernements devraient arrêter de mettre leurs publicités sur ces plateformes. Pas juste le fédéral, le provincial et le municipal», estime également Kevin Desjardins, président de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR).

«Vraie nature de Google et Facebook»

Jeudi dernier, Meta a bloqué tout le contenu journalistique canadien de ses plateformes en réaction à l’adoption de la Loi sur les nouvelles en ligne, visant à les forcer à partager une part des revenus obtenus avec le contenu journalistique.

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Meta avait aussi mis fin à ses ententes avec La Presse Canadienne, les Coops de l’information, Le Devoir, le Toronto Star et le Globe and Mail. Google avait annoncé son intention de cesser de diffuser les liens vers les contenus d’actualité au Canada, au moment de l’entrée en vigueur de la loi.

«Le public a ainsi découvert la vraie nature de Google et de Meta: ils imposent sans partage. La direction de Québecor a le mérite d’être cohérente», a réagi au Journal Philippe Gendreau, auteur de GAFAM, le monstre à cinq têtes, qui vient de paraître aux éditions Écosociété.

À la mi-juin, Le Journal avait raconté l’histoire de ce professeur qui dénonçait les agissements des géants du web dans le dossier.

«Si Google et Meta n’ont pas d’ouverture pour reconnaître qu’ils exploitent le travail de professionnels de l’info, les médias et institutions québécois n’ont pas intérêt à financer ces insatiables corporations américaines», a renchéri l’intellectuel mercredi après la levée de boucliers des grands groupes d'ici.

Meta se défend

Jointe par Le Journal, Meta a rétorqué que la loi est en une imparfaite «qui fait fi du fonctionnement de nos plateformes, des préférences de leurs utilisateurs et de la valeur que nous accordons aux éditeurs de presse». 

«Meta ne collecte pas de manière proactive des liens vers des contenus d'actualité pour les afficher sur nos plateformes; au contraire, les éditeurs choisissent activement de publier sur Facebook et Instagram parce qu'il est avantageux pour eux de le faire», a indiqué un porte-parole par la bouche d'un cabinet de relations publiques.

«Malheureusement, le processus réglementaire n'est pas en mesure d'apporter des modifications aux caractéristiques fondamentales du projet de loi qui ont toujours posé problème et pour nous y conformer, nous prévoyons donc mettre fin à la disponibilité des nouvelles au Canada dans les semaines à venir», a-t-on conclu.

–Avec la collaboration de l’Agence QMI

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