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L'article provient de TVA Nouvelles
Politique

Ottawa devance son interdiction de l’importation d’armes de poing

kovaleff - stock.adobe.com
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Raphaël Pirro

2022-08-05T14:58:48Z
2022-08-05T23:12:04Z
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La multiplication des crimes par arme à feu à Montréal et ailleurs au pays force le gouvernement fédéral à interdire temporairement l’importation d’armes de poing à autorisation restreinte dès le 19 août, en attendant que le projet de loi C-21 soit adopté au Parlement.

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Cette interdiction est temporaire dans la mesure où ce projet de loi, destiné à geler le marché des armes de poing, n’a pas encore été adopté au Parlement d’Ottawa.

En entrevue avec l’Agence QMI, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a déclaré qu’elle travaillait sur le dossier depuis quelques semaines déjà.

«Moi, la question du contrôle des armes à feu, c’est quelque chose qui me préoccupe énormément, et en plus, comme députée de Ahuntsic-Cartierville, c’est nouveau le phénomène de fusillades chez nous. Il y en a plus qu’avant», dit-elle.

Le plus récent meurtre dans cet arrondissement du nord de Montréal est survenu il y a à peine quelques jours, alors qu’un homme de 48 ans, Mohamed Salah Benhaj, a été la cible d’un tireur fou qui a fait trois victimes en moins de 24 heures plus tôt cette semaine.

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À partir du 19 août, les propriétaires devront se doter d’un permis auprès du gouvernement fédéral pour pourvoir importer ces armes. Les permis d’importation relèvent d’Affaires mondiales Canada.

«Moi, j’ai ce pouvoir-là de dire non à tous les permis. Alors je vais refuser les permis et donc, dans les circonstances, ça fait en sorte qu’on a une interdiction de l’importation», déclare Mme Joly au bout du fil. 

Cette annonce fait suite à un investissement de près de 42 M$ du fédéral annoncé la veille afin d’aider des projets pour sensibiliser contre la violence armée dans les municipalités et les communautés autochtones. 

PolySeSouvient et Montréal se réjouissent

«C'est un important pas, mais des événements comme ceux survenus chez nous cette semaine nous rappellent qu'il faut accélérer le pas et qu'on doit faire plus, car cela pourrait se produire n'importe où au pays», a réagi par courriel le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

Le porte-parole du Bloc québécois en matière de Sécurité publique, Rhéal Fortin, a «salué» l’annonce, «qui vient pallier l’erreur du gouvernement».

«Il aurait dû, au dépôt du projet de loi C-21 en mai, bloquer la vente des armes de poing comme nous le demandions parce que nous avons assisté à une explosion des ventes des armes de poing depuis», a-t-il déclaré. 

Pour l’organisme PolySeSouvient, «il s’agit d’une mesure importante et novatrice qui ralentira incontestablement l’expansion du marché canadien des armes de poing». 

Cette nouvelle interdiction ne freinera pas du jour au lendemain la circulation des armes de poing dans la population, comme le souligne Nathalie Provost, de PolySeSouvient. 

Depuis le dépôt du projet de loi C-21 au mois de mai dernier, une réelle ruée vers les armes de poing a été remarquée, les vendeurs autorisés peinant à répondre à la demande. Cette hausse des ventes fut l’une des motivations de gouvernement pour devancer son interdiction, affirme Mélanie Joly. 

«Il faut empêcher que les tablettes des commerçants qui vendent des armes de poing puissent vraiment se remplir au même moment où on essaie de restreindre les armes à feu, les armes de poing dans nos communautés», déclarait la ministre lors d’un point de presse à Danforth, en banlieue de Toronto, vendredi. 

Une étude de Statistique Canada diffusée fin mai démontre que «dans la majorité des crimes violents commis à l’aide d’une arme à feu, les armes de poing étaient l’arme la plus dangereuse présente sur les lieux de l’affaire, et ce, tant de 2009 à 2014 (59 %) que de 2015 à 2020 (59 %)».

- Avec la collaboration de Félix Lacerte-Gauthier

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