«On serait fous» de se passer du transport en commun, plaide Mylène Drouin


Élizabeth Ménard
Le transport en commun est bon pour tout le monde, plaide la directrice de la Santé publique de Montréal (DRSP), Mylène Drouin, qui va jusqu’à dire qu’on «serait fous de s’en passer».
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Au moment où les villes et le gouvernement de la CAQ se déchirent sur la question du financement des sociétés de transport, la directrice de la DRSP, la Dre Mylène Drouin, rappelle les multiples bienfaits du transport en commun.
«Il y a des bienfaits sur le bruit, la qualité de l’air, les accidents de la route, les décès, autant pour les cyclistes que les piétons, c’est bon pour tous les usagers et en termes de réduction des inégalités», dit-elle, en entrevue avec 24 heures.
Une personne qui utilise le transport en commun peut facilement faire 20 minutes de marche par jour en se rendant de son domicile à son arrêt d’autobus ou d’une station de métro à l’autre. Elle s’approche ainsi de la recommandation de 30 minutes de marche quotidienne, fait valoir Mme Drouin qui s’apprête à coprésider le Sommet Climat Montréal, les 7 et 8 mai.
Il y a aussi la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre (GES), essentielle pour limiter le réchauffement climatique et ses conséquences.
Au Québec, 43% de nos émissions de GES sont dues au transport, principalement routier et de personnes.
«Donc on se doit de développer le transport en commun et le transport actif», fait valoir Dre Drouin.
Le transport en commun: un moteur économique
Gérer le transport collectif «n’est pas une mission de l’État» avait déclaré la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, la semaine dernière. Cette déclaration en a fait sursauter plus d’un, à commencer par les maires et mairesses des grandes villes.
Sans se prononcer sur qui a la responsabilité de quoi, Mylène Drouin est on ne peut plus claire sur les avantages collectifs du transport en commun.
«En plus, c’est un moteur de développement économique, renchérit-elle. Toutes les grandes villes qui se projettent le font en utilisant ce levier.»
«Les bienfaits sont tellement importants, au-delà de le réfléchir dans une optique de mobilité pure, quand on arrive à les comprendre, c’est là qu’on se dit qu’on serait fous de s’en passer», croit-elle.
Les changements climatiques: plus grande menace à l'humanité
À titre de coprésidente de l’édition 2024 du Sommet climat Montréal, Mylène Drouin veut s’assurer que l’humain reste au centre des préoccupations et des discussions.
Pour plusieurs, les liens entre la santé humaine et le climat ne sont pas clairs. «Et pourtant!» s’exclame Dre Drouin.
«L’OMS l’a dit: les changements climatiques, c’est la plus grande menace à l’humanité. On est interdépendants avec notre environnement», expose-t-elle.
La DRSP n’a pas le pouvoir de mettre en œuvre elle-même les solutions qu’elle préconise, mais elle peut influencer les politiques publiques, fait valoir sa directrice.
«Pour amener des changements aussi importants, rapidement - parce que l’urgence, elle est là - chacun doit jouer sa partition», plaide-t-elle.
Mylène Drouin ne peut pas construire elle-même les stations de métro, mais elle peut documenter et exposer les multiples bienfaits du transport en commun. C’est le rôle qu’elle a choisi.